Chapitre 8 : Retrouvailles

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Le téléphone sonna. Je bondis dessus, abandonnant le dessin sur lequel je tentais de me concentrer. Trois jours que Jun, Zéphyr et Lucy n'étaient pas revenus. Miller guettait, et raccrochait dès que je lui posais des questions pendant nos rares appels. C'était un simple SMS. « On arrive ».

Un soulagement immense s'empara de ma poitrine, et je m'allongeais sur le lit, paisible. Elizabeth, sortant de la salle de bain, s'enquit de la situation. Quand je lui annonçais la nouvelle, elle se précipita vers les sacs.

– Que t'arrive-t-il ? m'inquiétai-je.

– Ils reviennent du marché noir, idiote. Dans quel état tu crois qu'ils vont revenir ?

Je compris ce qu'elle voulait dire, et m'attelais aussitôt à la tâche. Elizabeth prépara les quelques élixirs médicaux qu'elle avait concocté, et le reste des bandages. Elle était bien mieux qualifiée que moi. Je fis ce que je pouvais, et partis les attendre sur le parking.

On ne savait pas si un avis de recherche avait été lancé pour ma cousine, donc elle était restée dans la chambre tout le reste du temps. Dans mon simple jogging, je guettais pendant un moment l'entrée du parking. Quand enfin la vieille voiture de location pénétra et se gara, j'accourus vers elle.

Miller sortit, et me retint immédiatement. Jun l'accompagnait, mais il avait l'air de tenir difficilement sur ses jambes

– Ils sont en vie, calme-toi, murmura-t-il en parlant de Zéphyr et Lucy. Ils dorment.

– Ils sont blessés ? m'enquerrai-je, inquiète.

– Ils ont passé trois jours dans le marché noir, répondit-il simplement.

Calmant mes ardeurs, j'ouvris une portière. Je tombais sur Lucy, le visage sale et couturé d'égratignures. Aucune blessure ne semblait grave, mais je restais précautionneuse.

– Tu peux porter Lucy ? me demanda Miller.

J'acquiesçais, passant mes bras sous les jambes et le dos de ma meilleure amie. Miller portait Zéphyr, et aidait Jun à marcher. Lucy ne se réveilla pas, profondément endormie. L'homme de l'accueil poussa un cri d'exclamation, inquiet.

– Soirée très arrosée, insinuai-je avec un air faussement désespéré. Ils sont soûls.

Jun adressa un sourire qu'il voulait d'homme bourré, pour tenter de convaincre l'homme.

– Faut-il que j'appelle une ambulance ? s'inquiéta-t-il.

– Pas la peine, déclara Miller avec fermeté. Je pense qu'ils vont juste bien profiter des toilettes. Si jamais on a le moindre doute, on les appellera, ne vous en faîtes pas.

Il restait méfiant, mais quand Lucy s'accrocha naturellement à mon cou, il sembla convaincu que nous ne les enlevions pas. Elle dormait presque comme un bébé, un sourire aux lèvres. Mais elle grimaça en bougeant, signe qu'elle avait mal quelque part. Miller toqua à la porte, Elizabeth prête à ouvrir.

– Faut inciser d'urgence ? demanda-t-elle, scalpel à la main.

– Euh... non, répondit Miller, interloqué.

Elizabeth rangea sa lame, presque déçue. J'en aurais ri, dans une autre situation. Jun s'assit sur la chaise en plastique, l'air dans les vapes. Nous déposâmes les amoureux sur le lit double.

J'entrepris de faire l'état des lieux du corps de ma meilleure amie, et Miller s'enquerrait de l'état de Jun. Elizabeth examinait Zéphyr, d'un œil expert. Puis elle jeta aussi un œil à Lucy.

– Ce garçon a la peau vraiment solide, remarqua ma cousine. Par contre, Lucy semble bien plus amochée au niveau de sa jambe.

– Je les ai à peine vu qu'ils se sont endormis dans la voiture, expliqua Miller. Ils sont restés éveillés tout le temps dans le marché noir. Et ils se sont fait attaquer plus d'une fois, pour tenter de dérober leurs armes.

Mutante - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant