Mutante - Tome 3

Chapitre 28 : Euphorie

– Reste concentrée. Toutes tes pensées doivent être tournées vers tes sensations, murmura Jun comme une incantation.

Ma peau devint plus chaude.

– Bien. Maintenant, colle tes mains.

J'obéis, guidée par sa seule voix.

– Tu sens les énergies qui parcourent ton corps. Maintenant, je veux que tu sentes celles autour de toi. Écarte légèrement tes mains. Sens ce qui les relie. Invisible pour nous, mais tangible pour toi.

Je décollais légèrement mes paumes. Yeux fermés, je ne cherchais à percevoir que l'espace entre mes mains.

– Ta respiration, Amy. Je sais qu'elle s'accélère. Tu dois la conserver calme, et la garder comme ancre. Que ressens-tu entre tes mains ?

Je pris une profonde inspiration.

– Comme un aimant. Mes paumes essaient de se rapprocher, murmurai-je.

Je n'activais pas le fluide, et pourtant, je sentais Jun tourner autour de moi. Bras croisés dans le dos, je savais qu'il m'observait.

– Cette force que tu sens, c'est un prolongement des tes mains. Écarte-les, mais garde cette sensation d'aimant.

J'éloignais mes paumes, alors qu'une force antagoniste essayait de les rapprocher. Je dus forcer pour les séparer un peu plus.

– Ne lutte pas. Reste focus. Forcer n'est pas la clé. La clé c'est...

– Mon ancre, je sais, grognai-je.

– Alors pense à ta respiration, aux sensations. Vide ton esprit de toute autre pensée.

Je contractais mes muscles, cherchant à tirer sur cette corde invisible qui reliait mes mains. Brusquement, elle cassa, et je perdis l'équilibre. J'ouvris les yeux, essoufflée. Jun soupira, et se gratta l'arrière de la tête.

– Tu m'as demandé mon aide, ça ne sert à rien si tu n'écoutes pas !

– J'écoute ! protestai-je. C'est juste que... je n'arrive pas à rester concentrée sur ma respiration. C'est tellement naturel, je finis par ne plus y penser !

– La respiration est une ancre naturelle souvent utilisée en méditation. Je pensais que ça fonctionnerait avec toi, expliqua Jun.

Je secouais la tête. Il s'accroupit près de moi, et fronça les sourcils.

– A quoi pensais-tu ? En Norvège, quand tu as agis sur les énergies extérieures ?

Je fouillais ma mémoire. Contre les Mutants, je m'étais rapidement sentie acculée. Je savais que nous ne ferions pas le poids.

– Je voulais protéger mes amis, murmurai-je.

– Alors essaie avec ça. Pense à tes amis comme ancre. Pense au rôle de protectrice que tu t'es attribué.

– Que je me suis attribuée ? répétai-je, perplexe.

Jun sourit à moitié.

– Zéphyr et Lucy savent se défendre. Tu n'as pas obligation de les protéger, mais c'est quand même ton souhait. C'est un rôle que tu t'es donné, sans qu'on ne t'en demande tant.

Cela me fit penser au rôle de gardien mentionné dans la notice. Et si c'était à cause de mon hérédité ? Je me frottais le visage, dépassée.

– Ce n'est pas une mauvaise chose, Amy. Protéger tes proches est louable. Seulement, c'est un peu exacerbé chez toi.

– Que veux-tu dire ?

– Comment te sens-tu quand quelqu'un t'écarte du champ de bataille ? Te fait reculer pour se battre à ta place ?