Mutante - Tome 3

Chapitre 35 : Colère

Lucy en venait presque à regretter de ne pas être venue. Elle aurait aimé cuisiner Arrano sur ce qu'il avait découvert sur Rishi, persuadée qu'il retenait d'autres informations. Je lui avais aussi décrit mes impressions étranges envers M. Martin, mais elle s'était contentée de rire.

– C'est un vieux monsieur gentil, rien de plus, avait-elle gloussé. Arrano je veux bien, mais que pourrait savoir un employé ? Il fait son intéressant avec des phrases mystérieuses. S'il voulait te mettre en garde, pourquoi ne pas parler clairement ?

– La prophétie mets en garde, et n'est qu'obscure, objectai-je.

Lucy fit la moue, refusant d'accepter sa défaite. Elle me demanda de lui passer un ingrédient, plutôt. Cela faisait plusieurs semaines que nous avions l'identité de Rishi. Je l'avais transmise à Adam, et il avait lancé les recherches comme pour Gale. 

En attendant, nous accomplissions des missions tout-à-fait ordinaires pour des Lumen Warrior en herbe. A l'exception près que deux Ombres nous rejoignaient régulièrement sur le terrain. Ainsi que deux Mutants, Eden et Rubis. 

L'ababil était heureux de trouver un copain de jeu, et le managarm semblait l'apprécier. Au début, avec Law, nous étions effrayés qu'ils se mangent pendant notre sommeil. Puis au fur et à mesure, ils combattirent même côte à côte. 

Quant à Gale, Lucy avait du mal à le quitter. Elle l'aidait à rattraper le temps perdu, surtout au vu des dernières avancées technologiques. Il était un peu confus avec l'essor qu'avait connu Internet. Zéphyr en devenait presque jaloux, mais laissait Lucy tranquille. Il comprenait ce qu'elle ressentait, il aurait fait la même chose s'il avait retrouvé Nuna subitement. 

Gale était toujours aussi méfiant et mal à l'aise avec les autres, comme s'il n'était pas dans la même dimension. Malgré son vécu, il acceptait avec joie de fabriquer des élixirs avec sa sœur. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais eu l'occasion de partager, alors ils complotaient souvent tous les deux, et ressortaient avec des potions plus ou moins fumantes. 

Gale redécouvrait une autre manière de concocter des élixirs, sans menace et torture. Ils essayaient presque de composer un élixir de vérité, pour faire cracher à Rishi son savoir. Ça me semblait irréalisable, mais Lucy ne démordait pas de son idée. Elle avait comme crédo que l'impossible n'était qu'une barrière que l'on se dressait nous même. 

Elle instilla le liquide rose, qui blanchit à vue d'œil. Puis d'un seul coup, il se mit à bouillir. Je compris à la réaction de mon amie que ce n'était pas normal. Elle se dépêcha de prendre un torchon et d'absorber ce qui sortait de l'erlenmeyer. 

Je ris sous cape, car c'était bien le dixième échec. Lucy m'ignora, se contentant d'éponger la solution répartie sur le sol. Puis elle versa le peu de reste dans un tube à essai. Elle l'agita une minute, concentrée dessus. Un sourire dessina lentement ses lèvres.

– C'est minuscule, mais je crois que c'est réussi cette fois ! s'enthousiasma-t-elle.

Je fronçais les sourcils, peu convaincue. Quand le tube à essai perdit la blancheur de sa paroi, Lucy fit glisser son contenu dans un verre de montre. Du bout d'une pince, elle me le mit sous le nez. Un minuscule cristal s'était formé. Cela ressemblait à du sucre humidifié.

– Et c'est sensé faire cracher la vérité ? fis-je, sceptique.

Lucy haussa les épaules.

– Au moins embrumer pour empiéter ses défenses. On verra bien, ce sera l'occasion de tester !

– J'espère que ce n'est pas dangereux. On a trop d'interrogations pour que ça le tue.

Elle roula des yeux.