Mutante - Tome 3

Chapitre 10 : Contamination

Mon sang ne fit qu'un tour. Marco me fixa, nos pensées s'accordant. Un monstre, ou autrement appelé, un Mutant. Erii sembla stupéfaite.

– Peux-tu nous le décrire, ce monstre ? tenta-t-elle prudemment.

Ron se replia sur lui-même, et plongea la tête entre les genoux. J'observais à nouveau sa jambe, tentant de retirer des informations. Seulement, la mutation ne pouvait se référer à un Mutant identifiable. Ça partait dans tous les sens, et tous les types.

Je fouillais dans ma mémoire, cherchant une origine probable. En examinant de plus près, je remarquais un endroit délaissé par la mutation. Et au centre, deux petits trous rouges. Une morsure. Le reste en découlait. Ron s'était fait mordre par un Mutant, ce qui avait enclenché la « mutation ». En fait, c'était plus une contamination. 

Au moins n'était-ce pas comme mon cas. Non, c'était bien plus grave : les morsures de Mutants étaient souvent mortelles. Comme la mère d'Ella, décédée à cause d'un phénix.

J'hésitais un moment, avant de décider d'utiliser le fruit de mon entraînement. Je devais rester discrète, avec Marco à proximité. Je fermais les yeux, et laissais le fluide couler dans mes veines. Je le stoppais dans mes mains. C'était maladroit, mais concentré uniquement dans ce point.

Un petit sourire de victoire se serait dessiné sur mon visage si je n'avais pas été dans une telle situation. Je passais doucement mes doigts sur le corps de Ron, alors que Marco fronçait des sourcils, m'observant étrangement. Sous mes mitaines, il ne pouvait pas voir les veines qui ressortaient, et donc que j'utilisais le fluide.

Je pus dessiner une carte mentale de l'intérieur du corps de Ron, suivant la propagation de la « mutation ». C'était bien une contamination. Le chemin se fit doucement dans ma tête. Mais avant que je ne puisse émettre la moindre hypothèse, la porte de la chambre claqua brutalement, m'arrachant au fluide.

– Éloignez-vous de mon fils ! hurla celle que je supposais être la mère de Ron.

Erii intervint, tentant de calmer la frénésie de la femme. Cependant, le père apparut à son tour, dégageant Erii avec une force surprenante. Marco se posta en protecteur de Ron, tandis que je tentais de repousser les parents, et surtout de comprendre la situation.

– Nous sommes ici pour soigner Ron, dis-je doucement. Nous ne lui ferons aucun mal.

Je remarquais la tenue étrange des parents, des sortes de robes longes déchirées, sur lesquelles des mots en une langue morte étaient écrits. Cela accentua mon malaise vis-à-vis d'eux.

– Soigner ? Mon fils n'a pas besoin d'être soigné ! Il va bien ! me cracha la mère.

– Partez d'ici, vous n'avez aucun droit ! ordonna le père. Qui vous a fait venir ? QUI ?

Erii, vite remise, chercha la grand-mère des yeux. Elle se faisait toute petite, plus loin. Il ne fallut pas une minute pour qu'elle subisse le courroux de la mère.

– Comment oses-tu ? Nous t'avons dit de ne pas t'en mêler !

– Ron va mourir ! se lamenta la grand-mère.

La conversation qu'elle avait eu avec Jun semblait lui avoir fait ouvrir les yeux sur sa fille.

– Il va vivre surtout ! C'est ça qui va le soigner ! hurla le père.

– Non, vous faîtes fausse route ! se défendit la grand-mère, avec le plus grand mal.

Jun me fit signe, derrière, de battre en retraite. Je refusais, on ne pouvait pas laisser un enfant sans défense à ce genre de parents, il était en train de mourir ! Marco l'écouta, et me tira de force dehors.