Chapitre 38 : Potion

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Je lui sautais au cou. Je l'enserrais de toutes mes forces, comme si j'avais peur qu'il ne se dissipe dans les airs. Adam saisit ma taille à son tour, enfouissant sa tête dans mon cou. Il inspira mon odeur, alors que des larmes brûlaient mes yeux. 

Je lui fis face, toute peur disparue. Mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes, avides. Tout mon corps n'était qu'une fournaise, et chaque trace de ses mains laissait une brûlure imperceptible sur ma peau. 

Je posais mes mains sur son visage, sculptant chaque trait de mes doigts. Je voulais les imprimer à jamais dans ma mémoire. La douceur de ses joues, le relief de sa petite cicatrice sur son sourcil. Ses pommettes saillantes quand un sourire étirait son visage. 

Je le regardais droit dans les yeux, en lui transmettant toute mon affection par ce regard.

– Je t'aime aussi, murmurai-je tout bas.

Je l'avais dit. Je l'avais vraiment dit. Et ce fut comme me libérer d'un poids. D'un seul coup, je pus respirer pleinement. Avant, j'avais l'impression que ma poitrine était noyée. Prononcer ces trois petits mots, ce fut comme en retirer tout l'eau. L'air pouvait enfin reprendre sa place. 

Un rire nerveux me secoua. Je baissais la tête, confuse dans mes émotions. Il la releva délicatement avec sa main.

– Je n'ai pas peur de toi. Ni maintenant, ni jamais. Et tu n'es pas un monstre. Tu es toi. L'unique personne au monde avec des pouvoirs inimaginables. Celle que j'aime de tout mon cœur. La seule capable de me faire ressentir tout ça. La plus belle, la plus talentueuse, et surtout, celle qui me donne un but. J'ai toujours cru que mon obsession envers le Livre Z, Rishi, c'était à cause de mon passé. J'aime à croire que c'était pour te rencontrer. Si je n'avais pas entamé cette quête, je n'aurais pas croisé à nouveau ta route. Et depuis que c'est le cas, je ne cesse de penser à toi. Chaque minute loin de toi, c'est douloureux. Tu as transformé ma vie terne et linéaire en quelque chose de coloré et aventureux. J'ai plus besoin de toi que d'oxygène pour vivre. Je t'aime, Papillon.

Je pris ses mains, encore émue par sa déclaration. Il avait cherché et soigneusement choisi ses mots, ce qui la rendait encore plus belle. Je caressais sa paume, traçant des formes dessus du bout des doigts.

– J'ai toujours eu ce sentiment d'insécurité, de ne pas être complète. Comme un vide béant, que je n'arrivais pas à combler. Un poids que je n'arrivais pas à enlever. Et puis tu es arrivé, et... pour la première fois de ma vie, je me suis autorisée à respirer. Tu es venue compléter ce vide, dont je pensais l'existence normale. Tu m'as retiré un poids, avec toute ta gentillesse, ta bienveillance, et tout ce qui fait toi. Tu es le seul à me faire ressentir tout ça. Je n'osais pas te le dire, avouai-je. J'avais peur que ça brise quelque chose. Je ne voulais pas quitter ce rêve dans lequel j'étais. Mais maintenant... je sais que ce n'est plus un rêve, juste la réalité. Elle est peut-être moins colorée à cause de tout ce qu'il se passe, dangereuse, parfois elle craint, mais... je ne changerais ça pour rien au monde. Parce que tu es dedans. Et c'est tout ce que je souhaite. Je t'aime, mon guerrier.

Il passa sa main derrière ma nuque, signe possessif que j'appréciais. Il m'embrassa tendrement, puis plus longuement. Comme à chaque baiser, j'avais l'impression que le monde était sur pause. Il n'y avait que nous. Rien à se soucier à part nous. 

Quand on s'écarta, on resta fronts collés un moment. Juste à profiter de la présence de l'autre, du souffle de chacun sur notre visage. Ça me suffisait. Il finit par s'éloigner, un sourire désolé au visage.

– Les autres étaient morts d'inquiétude. Mieux vaut y retourner avant que Rishi ne soit inconscient pour de bon. Que ce soit par Zéphyr après avoir parlé de Nuna, ou par Lucy pour t'avoir insulté.

Mutante - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant