Mutante - Tome 3

Chapitre 27 : Incertitudes

Revoir l'auberge me mina le moral. Parce que ça signifiait la fin. Je déglutis difficilement, et sans le vouloir, ma main se crispa dans celle d'Adam. Il remarqua mon mal-être, et me lança un regard interrogateur.

Je détournais les yeux, parce que je considérais mon inquiétude comme idiote. Nous entrâmes dans le bâtiment, et reprîmes des chambres pour la nuit. Le transport était prévu pour le lendemain, chacun retournant dans son Clan. Après la réservation, j'interpellais Adam.

– On peut parler, s'il te plaît ?

Il accepta, et nous nous enfermâmes dans l'une des chambres. Je restais les yeux rivés sur la fenêtre, obstinée et agacée par mon ressentiment. Adam se rapprocha et me prit par la taille pour m'obliger à me retourner. Il caressa ma joue du bout des doigts, tandis que je gardais les bras croisés.

Mes poings étaient serrés, mes ongles enfoncés dans ma peau. Parce que réaliser que j'allais être loin de lui, ça me foutait une peur monstre. C'était le grand 8 dans mes émotions, j'étais passée du très haut, au très bas.

Je gardais les yeux rivés sur son torse, ne sachant pas comment aborder la suite. Adam s'abaissa, pour soutenir mon regard.

– Dis moi ce qu'il se passe, me demanda-t-il doucement.

J'ouvris la bouche, sans qu'un son n'en sorte. Au lieu de ça, mes yeux dérivèrent sur ses lèvres. Comme poussée par une impulsion, je me tins sur la pointe des pieds et l'embrassai. Il fut surpris, mais répondit à mon baiser.

Ses lèvres étaient douces, délicates. Mes bras se décroisèrent tout seuls, pour les passer autour de son cou. Adam resserra les siens autour de moi, et approfondit le baiser. Puis il recula d'un seul coup, son souffle caressant mes lèvres.

– Dis moi ce qu'il ne va pas.

Je poussais un soupir, et retombais sur mes pieds. Mes bras tombèrent contre mes flancs.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? finis-je par questionner, gorge nouée. La suite ? Tu l'as dit toi-même, on n'est pas du même Clan.

J'étais en train de paniquer. Parce que je me rendais compte à quel point, en quelques jours, sa présence m'était devenue vitale. Il me faisait sentir vivante, confiante, aimée. Comme jamais auparavant. Adam attrapa mes mains, un geste rassurant.

– Je ne vais pas te laisser partir comme ça, si c'est ce que tu penses. On a encore du pain sur la planche. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça, asséna-t-il avec une pointe d'humour.

Je souris légèrement, avant de retrouver mon sérieux. Comment lui dire ce que je ressentais ? J'avais peur de lui avouer que j'avais besoin de lui. Parce que j'avais peur que ce ne soit pas réciproque.

L'angoisse m'envahit brusquement. Et si c'était juste passager pour lui ? Une conquête parmi une autre ? Je ne savais rien de ce qu'il avait vécu de ce côté là. On avait déjà pas mal parlé, mais jamais d'amour.

Je gardais le silence, alors il m'emmena sur l'un des vieux fauteuils. Je me laissais faire, parce que tout de suite, je n'avais aucune foutue idée de comment j'étais sensée agir. Il me guida sur ses genoux, ma tête nichée au creux de son cou.

Il était aussi en travers du fauteuil, au plus près pour me regarder. Il prit ma main, et l'embrassa. Ce geste fit grimper ma température, j'avais soudainement très chaud.

– Tu peux tout me dire, tu sais, affirma-t-il avec sincérité. Je déteste quand on retient ses émotions, ça ne fait qu'empirer les choses.

Bon sang, pouvait-il être plus parfait que ça ? Il était à l'écoute en plus du reste ! Alors que moi... je chassais ces pensées, me flageller ne ferait rien avancer. Je pris une grande inspiration, et trouvais comment aborder le sujet.