Chapitre 40 : Batailles

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Un bruit métallique me tira de ma torpeur. Puis une mauvaise odeur. Faiblement, je repoussais le plateau du bout du pied. Mon estomac protesta, mais le simple goût de cette fausse nourriture me donnait envie de vomir.

– Si tu ne manges pas, on va devoir te forcer. Et ça sera bien plus désagréable, me menaça mon geôlier.

Je lui lançais un regard noir. Il n'en fut pas affecté, et commença à secouer les clés de la grille. En même temps que son arme. Prise de panique, je ramenais vers moi le plateau métallique. Il resta immobile, jusqu'à ce que je prenne la première bouchée.

– Et bien voilà, tu peux être docile quand tu veux.

– Peut-être qu'avec de la vraie nourriture, je mangerais volontiers ! lui crachai-je avec amertume.

Le gardien frappa la grille, faisant vibrer toute ma cellule. Dents à découvert, il semblait fou à lier. La première fois que je l'avais vu, je comptais le mettre dans ma poche. Plaider ma cause, trouver un moyen de sortir. Mais il était en fait complètement taré, et je me l'étais vite mis à dos.

– Les gens comme toi ne méritent pas un tel traitement. Ils auraient dû te disséquer depuis longtemps.

Je voulus lui lancer une remarque acerbe, mais je n'avais pas envie de recevoir des coups. A chaque occasion, il sortait son arme. Un genre de bâton électrique qui brûlait la chair. 

Quand il s'était rendu compte que ma peau se régénérait rapidement, il s'était donné un malin plaisir à tester ma résistance. Après tout, puisque ça se soignait, personne ne verrait mes blessures. Qui s'en souciait, de toute manière ? 

Ma cellule était composée d'une simple cavité, avec un sol en pierre. Je devais me trouver dans un genre de sous-sol, creusé à même la roche. Une vieille couverture à terre pour dormir, et des repas immondes trois fois par jour. Un sceau pour les besoins, et c'était tout. 

La seule lumière provenait du couloir, ma cellule étant aussi sombre qu'une nuit sans lune sans cela. J'essayais de compter les jours autant que je pouvais. De mes ongles, je traçais un trait dans la roche à chaque repas. J'en étais à douze. Je devais être là depuis quatre jours. 

J'aurais dû devenir folle, à force de rester enfermée. J'avais l'impossibilité de bouger correctement, à cause des grosses chaînes à mes pieds. Mes mains étaient reliées entre elle, par un lien assez long pour juste me laisser manger et faire mes besoins. Le reste du temps, j'étais dans les vapes. 

Toutes les quelques heures – à moins que ce fut plus espacé, je ne savais pas – on m'injectait quelque chose. A chaque fois, je me débattais, à chaque fois ils gagnaient. Je ne comprenais pas comment cela pouvait avoir des effets sur mon corps si résistant. 

Au début, leurs piqûres ne m'affectaient pas. Puis d'une injection à l'autre, j'avais perdu conscience. Je crois avoir failli mourir, sauf si c'était un rêve. Le temps qu'ils ajustent la dose, je supposais. 

J'avais vite compris comment ils me droguaient. La morphine classique faisait à peine effet sur mon organisme. Par contre, les élixirs destinés aux Mutants devaient bien fonctionner. Voilà comment tout le monde me considérait désormais – une Mutante, et rien d'autre. Je ne méritais donc aucun traitement humain. 

Je pouvais m'estimer heureuse de ne pas être complètement clouée à la paroi. J'étais en permanence dans un état de semi-conscience, oscillant entre un rêve et une réalité surréaliste. Mes pires cauchemars prenaient vie. Le traitement sur Ewa était le paradis, à côté. Ils voulaient sûrement m'affaiblir. Nul doute que la nourriture infâme y était pour quelque chose. 

Mutante - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant