Chapitre 4

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L'été était passé à une vitesse affolante.

Si pour le reste du mois de mai et la première moitié du mois de juin, il avait su se faire discret, il était passé à l'action les semaines suivantes.

A la mi-juin, il s'était confronté à Augustus Rookwood. Il se souvenait encore de son regard quand son ancien comparse l'avait vu. Il avait balbutié, comme un enfant qui tente vainement de dire ses premiers mots.

Evidemment, Rookwood ne s'était pas laissé faire, comprenant parfaitement ce que son ancien compagnon était venu faire chez lui. Il se cachait dans le monde Moldu, c'était déjà assez humiliant. Il ne se ferait pas vulgairement tuer par un homme qui est sensé lui-même être déjà mort.

Ils s'étaient battu et, excédé, Severus avait fini par empoigner un couteau sur le plan de travail et lui trancher la gorge.

Il n'aimait pas travailler comme ça, c'était sale et indigne d'un sorcier, mais il n'avait pas eu le choix. Son corps a été découvert quelques jours plus tard, les voisins étant certainement dérangés par l'odeur nauséabonde.

Rookwood n'avait pas de famille connue dans le monde Moldu, personne n'était venu réclamé son corps, les enquêteurs n'avaient trouvé aucune empreinte. Ils avaient rapidement classé l'affaire, étant débordé de travail.

Le sous-effectif des policiers Moldus était clairement un élément qu'il avait su tourner à son avantage. Ces hommes sont de ceux de la pire espèce. Ils lui ont pris son premier amour, son existence et ont tenté de lui prendre la vie. Il avait maintenant sa vengeance.

Parfois, il repensait à Lily, mais il chérissait moins ce souvenir qu'avant. Cette vengeance, il la menait un peu pour elle, mais principalement pour lui-même.

Il voulait pouvoir enfin être apaisé, retrouver un sommeil calme et ininterrompu, vide de ces cauchemars abominables qui le réveillaient sans cesse depuis trente longues années. Cette paix, il ne pourrait la trouver que quand ils seraient tous hors d'état de nuire. Il aurait aimé qu'il puissent tous être morts, tous sans aucune exception et lui, pour finir, peut-être, mais c'était un peu trop à espérer. Il se contentait d'apprécier le fait que certains soient enfermés ou le soient bientôt.

Son travail à lui était de s'occuper de ceux qui avaient fuis dans le monde Moldu. Bien sûr, il savaient pertinemment qu'il ne se retrouverait jamais face à certains d'entre eux : Lucius, Rodolphus ou Amycus, par exemple. Ils avaient bien trop d'égo que pour quitter le monde Sorcier.

Il avait entendu dire qu'ils s'étaient reclus dans un ancien manoir de famille, un lieu secret et à distance. Il se persuadait alors que c'était le meilleur pour eux, mais que tôt ou tard, ils feraient une erreur qui les ferait tous arrêter.

Les Malefoy et les Lestrange sont faits du même sang : une haine profonde du Moldu, un sentiment de supériorité et de puissance absolue. A les entendre parler parfois, on croirait être face à des dieux.

Quoiqu'il en soit, au moins de juillet, il avait croisé le chemin de Selwyn, un autre ancien serviteur du Lord. Cet idiot n'avait, comme Rookwood, même pas pris la peine de changer de nom.

Ce travail était parfois d'une facilité déconcertante.

Après s'en est suivi son rituel : les recherches, la traque et l'action. Comme toujours il préparait tout avec minutie, prenant son temps et laissant presque sa victime venir à lui.

Avec Selwyn, le travail avait été beaucoup plus propre et plus rapide. Il n'avait pas réagit, pas même un peu. Se laissant complètement faire, il n'y avait presque pas ce sentiment de travail accompli. Cet homme était vraisemblablement déjà mort mentalement pour accepter de mourir physiquement avec une telle aisance.

L'ange noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant