Chapitre 31

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Dans la pièce, l'ambiance était plus qu'électrique. Severus, debout derrière l'un des sofas dévisageait Narcissa, toujours assise dans le divan en face. Ils ne disaient rien mais ne se quittaient pas des yeux. Ceux de l'homme auraient pu dissuader n'importe qui de lui tenir tête, mais la femme face à lui n'était pas n'importe qui et elle le regardait avec détermination.

« Tu ne peux pas faire ça. »

Il était catégorique, le ton employé était froid et tranchant, la défiant seulement de s'y opposer. Mais il savait pertinemment qu'elle n'était pas du genre à s'écraser, pas devant lui.

« Severus, aurais-tu déjà oublié qu'il s'agit de ton enfant ?

-Non, bien sûr que je n'ai pas oublié et tu le sais, alors je t'interdis d'avancer cela ! Mais c'est bien parce qu'il s'agit aussi de mon enfant que tu ne peux pas l'inviter. Tu as lu la lettre de Lucius, tu sais ce qu'ils projettent de faire et tu veux la jeter dans la gueule du loup.

-Au contraire ! Je te protège depuis le début et je compte bien les protéger, eux aussi.

-Ce n'est pas ton rôle d'intervenir pour eux !

-Et ce n'est pas le tien non plus ! Tu y as renoncé, d'ailleurs. »

Non, bien sûr. Elle avait raison et il ne le savait que trop bien.

Il n'avait que des souvenirs brumeux et approximatifs de ce qu'il s'était passé alors que sa marque le faisait souffrir, mais il savait qu'il avait renoncé à elle. Il faisait son maximum pour se persuader qu'il avait pris la bonne décision. N'était-ce pas le cas, d'ailleurs ? Il la mettait en danger, d'autant plus qu'elle ne l'était déjà. Il les mettait en danger tous les deux.

Il savait qu'il ne devait plus penser à elle. Elle était du passé, il devait la sortir de son esprit. Parfois, il y arrivait, bien-sûr ! Il pouvait passer des jours entiers, l'esprit occupé, sans penser une seconde à elle. Puis, Narcissa recevait une lettre qu'elle décachetait toujours d'une main un peu tremblante. A cet instant, il ne pouvait s'empêcher de sentir l'inquiétude monter en lui.

Que Lucius allait-il leur annoncer ? Une avancée dans leur plan ? Une attaque lancée ? Des captures ? Des morts ?

La nuit qui suivait la réception d'une missive était constamment accompagnée de cauchemars. Depuis qu'il avait appris pour cet enfant, ils avaient reçu une lettre. La nuit qui avait suivi n'avait pas été différente des autres. Le seule changement notable est que, cette fois, cet enfant avait rejoint ses mauvais rêves également.

Il voyait ce nourrisson auquel on apposait la terrible marque sombre avant de s'en servir pour lui infliger une douleur insoutenable. Les cris de cet enfant étaient déchirants mais il ne parvenait pas à bouger pour intervenir. Il ne pouvait qu'écouter ces pleurs mêlés à ceux de sa mère.

Ce matin, en voyant Narcissa déjà installée dans le salon, des papiers mélangés sur la table face à elle, il eut l'impression qu'une conversation désagréable aurait lieu. Et ils y étaient.

« Severus, je ne vais pas te forcer à te joindre à nous. D'ailleurs, je ne te mentionnerai pas auprès d'elle... Mais elle ne peut pas rester là-bas.

-Tu oublies de qui tu parles. Même enceinte, elle ne laissera ni Potter, ni Weasley.

-Depuis quand t'intéresses-tu à eux ?

-Je ne m'y intéresse pas mais je peux facilement dire qu'elle ne partira pas en les laissant derrière elle, surtout en cas de problème avec d'anciens Mangemorts.

-Qui a parlé de lui dire ? Je l'invite pour un dîner.

-Tu envisages, toi Narcissa Malefoy, d'envoyer une invitation à dîner à Hermione Granger ? Tu espères qu'elle viendra ici : au manoir Malefoy, seule ?

L'ange noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant