Chapitre 45

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Après cette visite à Severus, Hermione n'avait pas eu le courage de rentrer immédiatement au Terrier. Elle avait demandé à Harry de la laisser au cimetière, lui assurant qu'elle ne serait pas longue.

Il y avait tellement longtemps qu'elle n'était pas venue ici. Ses pas trouvèrent pourtant le chemin immédiatement, comme si sa dernière visite datait de la veille. Elle trouva bien rapidement cette tombe à la pierre noire.

Elle resta un instant immobile au pied de la pierre, comme tétanisée. A dire vrai, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait ressenti le besoin de venir ici. C'était ici que durant des années, elle était venue réfléchir, alors peut-être était-ce cela.

A l'époque, elle avait l'impression que Severus pouvait la guider. Aujourd'hui, bien sûr, elle savait que cette tombe était vide. Pourtant, elle trouvait toujours autant de réconfort à se trouver là. Même si elle l'avait vu un peu plus tôt, elle avait à peine pu le toucher. Si la voix de l'homme ne raisonnait pas encore dans son esprit, elle aurait pu croire avoir rêvé tout cela.

En regardant à nouveau la pierre face à elle, elle s'approcha pour pouvoir toucher les lettres argentées. Comme elle en avait souvent eu l'habitude, elle retraça du bout de l'index chaque lettre. Son regard tomba alors sur les dates inscrites juste en dessous.

C'était peut-être l'une des premières fois qu'elle y prêtait réellement attention. Ca n'avait jamais eu véritablement d'importance auparavant, mais aujourd'hui, son regard y avait glissé naturellement.

« 9 janvier 1960 – 20 juin 2000 »

Officiellement, il y a 9 ans, jour pour jour, Severus Snape mourrait. Elle eut un léger sourire en caressant son ventre.

« Oh non, mon amour, il n'est pas mort. Je peux te l'assurer, et tu en es la preuve formelle. Mais nous allons le dire à tout le monde.

Nous allons le réhabiliter, lui refaire une place dans ce monde. Nous allons lui redonner la place qu'il aurait toujours dû avoir.

N'écoute jamais ce qu'on pourra dire à son sujet. Ton papa est un homme exceptionnel. Tout le monde n'est pas au courant, mais tout le monde ne le vois pas comme nous, nous le voyons.

Tu as de la chance, mon amour. Tu as de la chance, parce que s'il y a bien une seule chose que je sais, avec certitude, c'est que ton papa t'aime. Il n'est pas l'homme le plus facile à vivre et j'admets facilement qu'il a des défauts. Mais tu as un papa qui t'aime et qui es prêt à tout pour toi.

Je ferai tout pour que tu le connaisses... Quoiqu'il arrive. »

Elle ne s'en était pas rendue compte, mais les larmes coulaient lentement sur ses joues. Ses joues étaient inondées, mais cette fois, elle n'y prêtait pas attention. Elle était seule, ici, alors elle avait le droit de pleurer.

Elle caressait toujours son ventre, sentant contre la paume les petits coups de son bébé. Elle sourit à nouveau, mais c'était un sourire qui était tout de même emprunt de douleurs.

Oui, pour son enfant, elle ferait en sorte que cette tombe reste vide. Mais s'ils venaient à échouer, elle ne baisserait pas les bras. Elle allait crier sur tous les toits à quel point cet homme pouvait être extraordinaire. Elle dirait à tout le monde ce que le ministère avait osé lui faire. Mais, par-dessus tout, elle ferait en sorte que cet enfant soit fier de son père.

Son retour au Terrier se fit bien plus léger et heureux. Elle avait l'impression de s'être déchargée de ses malheurs au cimetière, regagnant confiance à chaque pas.

Ce soir, personne ne parla de la rencontre avec Severus. Harry leur avait surement fait part de la décision de l'homme et personne n'avait plus abordé le sujet. Les derniers jours avaient été épuisants pour chacun, si bien que le repas préparé par Molly fut bien vite avalés et tous retrouvèrent la chaleur de leurs lits, pour une bonne nuit de sommeil.

L'ange noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant