Chapitre 27

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Il n'avait eu conscience des jours qui passaient, ni même des semaines. Il s'était complètement refermé sur lui-même, s'isolant du monde. Même Narcissa, chez qui il était pourtant resté, ne le voyait pas tous les jours.

Il mangeait peu et ne dormait pas plus d'ailleurs et ce traitement n'avait pas été bénéfique pour son corps. Il avait beaucoup maigri, les traits de son visage se creusant et ses muscles fondant quelque peu. Son visage était marqué à tel point qu'on aurait pu lui donner dix ans de plus.

Il n'aurait pas su dire quand mais la douleur avait fini par cesser. Il l'avait souvent sentie faiblir ou au contraire, s'intensifier, mais elle avait fini par complètement disparaître.

Un matin, il s'était réveillé alors que le soleil était déjà haut dans le ciel. Il avait alors finalement réalisé que sa marque avait cessé de se mouvoir sur son bras. Ce dernier était toujours très rouge et marqué, ayant mal supporté ce douloureux traitement au fil des semaines.

Ce matin-là, il avait eu l'impression d'émerger d'une autre dimension, comme s'il quittait une forme de transe assez particulière. Il prit conscience de son état physique en passant devant le miroir. Lui qui n'avait jamais particulièrement prêté attention à son apparence, cette fois, il se reconnaissait à peine. Auparavant, il avait toujours fait attention à se maintenir en forme, à entretenir un minimum sa musculature. Si avec les années, il n'avait pas totalement délaissé cette habitude, aujourd'hui, il en était très loin.

En descendant les escaliers pour se rendre la salle à manger, il essayait de se remémorer ces derniers jours mais tout restait très flou dans son esprit. Narcissa était dans le petit salon juste à côté, lisant le journal avec attention. Au moment où elle l'avait entendu entrer, elle avait baissé le journal sur ses genoux, le regardant avec un brin de surprise.

« Severus ? Tout va bien ?

-Je ne sais pas vraiment, pour être honnête.

-Ca fait plusieurs jours qu'on ne te voyait pas. Comment va ton bras ?

-La marque ne bouge plus. Il n'y a plus de douleur plus rien. »

Dans les yeux de son interlocutrice, il put clairement distinguer le soulagement et l'inquiétude. Lui aussi était inquiet d'ailleurs. Si la marque avait cessé de bouger, c'était certainement un signe que les Mangemorts s'étaient tous réunis, ou du moins en assez grand nombre que pour espérer lancer une attaque.

Il remarqua une pile de livres sur la petit table face à Narcissa. Les ouvrages semblaient neufs et relativement imposants. A en croire par la couverture du premier livre et s'ils parlaient tous du même sujet, il s'agissait de livres sur les potions. C'était assez étrange qu'elle puisse avoir acheté des livres sur ce sujet, sachant que c'était loin d'être son domaine de prédilection.

Voyant qu'il fixait la pile de livres, trop heureuse d'avoir un sujet de discussion qui lui permettrait de cacher sa peur, elle profita de l'occasion.

« J'ai été faire quelques achats pour toi.

-Où as-tu trouver de pareils livres ? On ne les trouve pas à tous les coins de rues.

-Oh mais j'ai trouvé une librairie formidable. Je suis certaine qu'elle te plairait énormément. »

Evidemment, il avait senti les choses venir. Quand elle lui avait dit le nom de la librairie, ça n'avait fait que confirmer ses soupçons. Il n'avait pas pu contrôler sa réaction et avait soudainement blêmi.

C'était tout ce qu'elle avait espéré et il le savait. Elle n'avait pas été dans cette librairie par hasard et surtout, elle ne lui en avait pas parlé de manière complètement innocente et désintéressée. Il savait qu'il devait changer de sujet. Il n'était pas en état pour garder son habituel masque d'impassibilité.

L'ange noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant