Chapitre 17

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Il avançait dans cette rue qui était presque méconnaissable lorsqu'elle était déserte. Il avait beau être à plusieurs centaines de mètres de la boutique, une odeur de fumée imprégnait l'air, le rendant désagréable.

En arrivant devant la librairie, il vit les bris de verre qui jonchaient le sol. A l'intérieur, il faisait noir et aucun son n'était perceptible. Il s'avança prudemment, ne voulant pas se faire entendre et risquer d'alerter les possibles personnes aux alentours.

Certaines étagères avaient été noircies par les flammes ou trempées par l'eau. Les livres jonchaient le sol par dizaines, certains brûlés, déchirés ou piétinés. Lui qui chérissait tant chaque ouvrage, les traitant avec grand soin, cette vue n'était pas des plus agréables.

Soudainement, il entendit des pas juste derrière lui et eut juste le temps de se retourner pour esquiver un tabouret.

Surpris, il dévisagea cet agresseur et remarqua bien vite qui s'agissait de la jeune femme.

Elle avait les joues rouges mais il ne savait pas si c'était dû au chagrin ou à la rage. Ses cheveux étaient beaucoup moins disciplinés que d'habitude, ses vêtements tâchés de suie ou mouillés par endroit.

Lorsqu'elle le reconnut, elle se mit à se confondre en excuses, s'approchant pour s'assurer qu'il n'avait rien.

« Je suis vraiment désolée.

-Ce n'est rien.

-Je ne m'attendais pas à te voir ... Je croyais qu'ils étaient revenus.

-Ils ?

-Oui mais ne t'inquiète pas, tout va bien. »

Elle s'éloigna aussi vite qu'elle s'était approchée, retournant dans les entrailles de la librairie, là où les flammes avaient été les plus ravageuses. Il la suivit, essayant de comprendre ce qu'il s'était passé et ce qu'elle faisait maintenant.

« De qui tu parles ?

-Je n'en sais rien. »

Elle était très agitée, bougeant les mains tout autour d'elle, déplaçant des choses dans de grands mouvements frénétiques. Dans ses yeux, un mélange de peur, de désolation et de folie étaient discernables.

S'approchant à nouveau d'elle, il la saisit par les poignet, la forçant à s'arrêter de bouger et à lui faire face. Il sondait son visage d'un regard perçant, à la cherche de réponses. Elle avait pleuré, c'était indéniable et surtout, c'était compréhensible. Mais elle avait peur, c'était tout aussi évident.

« Hermione, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Quelqu'un était dehors et a verrouillé la porte de devant alors je suis allée derrière pour voir si la porte était ouverte et c'était bien le cas mais quand je suis revenue pour dire à tout le monde de sortir par derrière il y a eu de la fumée et je ne sais pas comment il y avait le feu à l'arrière et on était coincés à l'intérieur et puis quand j'ai regardé vers la rue j'ai vu qu'ils étaient cinq et qu'ils nous regardaient alors que le feu n'arrêtait pas d'avancer et que tout le monde suffoquait et finalement je ne sais pas pourquoi mais ils sont partis et on a cassé la vitrine pour faire sortir tout le monde et après on a essayé d'éteindre le feu mais ...

-Calme-toi, calme-toi ! »

Dans un élan incontrôlable, il l'attira contre lui, la tenant contre son torse. Tout en parlant, elle avait eu à nouveau les larmes aux yeux et n'avait pas pu s'empêcher de pleurer à nouveau. On ressentait la peur dans sa voix comme si elle revivait la scène. Son souffle était rapide et anarchique, comme si elle venait de terminer une course.

L'ange noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant