L'ange noir

Chapitre 18

En entrant, elle fut soulagée de constater que rien n'avait bougé depuis qu'elle était partie. Personne n'était venue chez elle mais elle ne savait pas si c'était quelque chose qu'elle devait continuer de craindre. Elle s'avança dans le hall et l'invita à la suivre.

Alors qu'elle montait les escaliers pour aller dans sa chambre, elle le laissa attendre dans le salon. Même si elle savait que rien n'avait bougé, l'atmosphère lui semblait pesante. Comment pouvait-elle se sentir aussi mal ici alors qu'il s'agissait de son propre domicile ?

Sa maison avait toujours été un refuge pour elle et elle ne s'y sentait plus en sécurité. Certainement parce que sa librairie avait toujours eu le rôle de refuge également et que ce sanctuaire venait d'être profané.

Dans la précipitation, elle prit un sac, y jetant presque les vêtements. Elle ne regardait même pas ce qu'elle prenait ou à peine : pantalon, blouse, pyjama, robe. Tout ce qui lui passait sous la main était fourré dans son sac sans plus de réflexion. Une seule chose comptait : pouvoir rapidement partir d'ici.

Elle redescendit les escaliers rapidement, les larmes lui montant aux yeux. Elle avait horreur de ça : d'être faible, de pleurer, de craquer. Mais ce soir, elle avait l'impression de ne pas pouvoir s'en empêcher. C'était un flot de larmes qui semblaient s'entêter à vouloir couler.

Remarquant aisément qu'elle était à cran et à fleur de peau, il prit son sac, en profitant pour effleurer délicatement sa main. Comme s'il n'avait pas remarqué sa détresse, il ajouta :

« Est-ce que tu veux prendre quelque chose d'autre ?

-Non, partons ... S'il te plait, partons. »

Elle avait à peine séché ses larmes qu'elle sentait à nouveau qu'elle pourrait craquer et ça, ça l'exaspérait au plus haut point.

Exceptionnellement, ils transplanèrent jusqu'à chez lui, arrivant juste devant les hautes grilles derrières lesquelles le manoir était caché. Elle était étonnée d'être toujours dans le monde Sorcier, pensant qu'il avait trouvé refuge dans le monde Moldu. Dire qu'il avait été si près ... Enfin, la proximité était ici toute relative puisqu'elle avait l'impression que le lieu était tout de même reculé, bien loin de toute agitation superflue.

Elle trouva immédiatement beaucoup de charme à cette demeure, la trouvant impressionnante de par sa taille. C'était vraiment une immense maison pour quelqu'un de seul.

L'intérieur était semblable à l'extérieur : très sobre mais également très chic et noble. Le mobilier, la décoration et l'aspect des pièces en elles-mêmes traduisaient un certain luxe sans qu'il ne soit pourtant trop ostentatoire.

Elle repensa immédiatement à ses années à Poudlard, où par moments, certain essayaient d'imaginer le lieu de vie du terrible professeur de Potions. Bien des idées avaient un jour été avancées, mais jamais personne n'aurait pu imaginer un tel endroit.

« C'est magnifique.

-Officiellement, ce manoir appartient toujours à Eileen Prince, mais j'ai pu m'y installer. »

Elle tiqua mentalement après avoir entendu ce nom mais préféra garder ces réflexions pour elle. Prince était le nom qu'il avait utilisé durant de nombreuses années alors se pourrait-il qu'Eileen Prince soit sa mère ? Ce manoir lui appartenant, était-elle ici ?

Il l'invita à le suivre, la conduisant jusqu'à une porte qui se trouvait dans un couloir du rez-de-chaussée. Il ouvrit la porte et il découvrit une chambre assez spacieuse et déjà préparée.

« Tu peux t'installer ici. Si tu as besoin, je serai dans le salon. Derrière cette porte, tu trouveras une salle de bain. »

Elle lui sourit doucement pour acquiescer avant d'entrer. Il se retira très rapidement, revenant sur ses pas et la laissant prendre ses marques seule.