Chapitre 12

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Elle avait été surprise par sa proposition, elle ne pouvait pas le nier. Elle aurait voulu objecter qu'elle ne pourrait pas l'oublier en 1 mois si elle ne l'avait pas pu en 10 ans. Pourtant, une petite voix dans la tête lui souffla d'essayer.

Si elle n'avait pas compris tout de suite pourquoi il lui avait fait cette proposition, elle s'était rapidement rendue compte qu'il s'agissait un compromis. Il lui laissait une chance de choisir ce qu'elle préférait, ou alors il lui laissait une chance de s'éloigner définitivement ?

Mais comment pourrait-elle faire ça ?

Certes, elle avait vécu sans lui, mais depuis la guerre, son souvenir ne l'avait jamais vraiment quitté.

Quand elle avait dû trouver un nom pour sa librairie, elle avait pensé à lui. Quand elle traversait des journées compliquées, elle pensait à lui. Elle l'imaginait dans son esprit en train de la rabrouer, et elle reprenait tout de suite contenance.

Elle avait passé les premiers jours à se remémorer chaque détail de leur rencontre. Comment il était habillé, ses regards, ses moindres mots et le ton employé. Puis, les jours suivants, elle avait voulu essayer sincèrement d'oublier ces évènements.

Elle avait repris ses habitudes, était allée au travail, s'était investie comme à chaque fois. Elle avait même profité de son temps libre pour rendre visite à Harry et Ginny. Elle avait passé du temps avec son filleul et avait pu découvrir le ravissant petit visage de la nouvelle venue dans la famille.

Cette petite fille était d'une beauté époustouflante. Elle avait toujours adoré les enfants, si bien que c'est tout naturellement qu'elle avait accepté de prendre le bébé dans ses bras. Doucement, elle la berça jusqu'à ce qu'elle se mette à somnoler.

La maternité l'avait toujours attiré. Depuis de nombreuses années, elle voulait un enfant, mais elle n'avait jamais trouvé cette personne idéale avec qui elle pourrait fonder une famille.

Son cœur était-il déjà pris ? Peut-être ...

Elle ne savait pas si ce qu'elle ressentait pouvait être de l'amour. Après tout, qu'est-ce que cela signifie : « aimer » ?

En regardant cette petite fille presque endormie dans ses bras, elle laissa ses pensées voguer bien plus loin que d'ordinaire. Si elle n'avait pas pu oublier cet homme après toutes ces années, était-ce parce qu'elle en était amoureuse ?

Quand elle sortait avec des hommes, elle recherchait avant tout un homme intelligent et cultivé. Un homme sincère et qui pourrait la faire vibrer. Elle cherchait une personne avec qui un simple contact serait électrisant, avec qui en un regard, ils se comprendraient. Était-ce trop fleur bleu que de penser de la sorte ? C'était en tout cas ce qu'elle se disait après chaque échec.

Mais ce jour-là, quand elle l'avait vu de l'autre côté de la rue, au-delà du choc, elle avait ressenti un millier de papillon au creux de son ventre, elle s'était sentie à la fois forte et timide sous son regard, fragile et puissance quand il avait pris sa main dans la sienne.

La conversation n'avait pas duré longtemps et ils avaient principalement partagé des moments de silence ou des banalités, mais elle avait eu ce sentiment de temps qui s'était suspendu. Les minutes avaient cessé de s'écouler à leur rythme habituel, comme si elles voulaient pouvoir leur offrir plus de temps ensemble, plus de temps pour se retrouver.

« Je peux savoir à qui tu penses avec de tels yeux ? »

C'était Ginny qui l'avait sortie de ses pensées et la laissait maintenant rougissante et ne sachant quoi répondre.

Les deux jeunes femmes étaient toujours très proches, même si leurs vies respectives les avaient quelques peu séparées. Elles se voyaient moins souvent, moins longtemps et partageaient moins de choses, mais ce n'était pas dû à une quelconque animosité entre elles.

Ginny passait beaucoup de temps chez elle, prenant très à cœur son rôle de maman. Elle avait véritablement été transformée par la maternité, devenant à la fois très douce et très exigeante envers ses enfants. Ils étaient des enfants Potter, mais cela ne leur donnait pas le droit à des privilèges. Elle tenait plus que tout à leur inculquer des valeurs d'humilité, de travail et de respect.

Néanmoins, malgré leur proximité, elle n'avait pas parlé avec elle de ce qu'elle aurait pu ressentir. Était-ce par pudeur ou par peur ? Elle ne le savait pas. Après tout, même à Georges elle n'avait pas parlé clairement de ce qu'elle pouvait ressentir. Bien sûr, elle n'était pas dupe : il avait certainement très bien compris seul. Mais elle n'avait jamais eu besoin de mettre des mots à haute voix sur ce qu'elle pouvait éprouver quand elle pensait à cet homme.

Si les jours étaient au début passé assez rapidement, la rendant quelque peu nerveuse, les deux dernières semaines semblaient durer une éternité.

Elle n'avait pas vraiment trouvé de réponse précise à ses questions. Quelle était la solution miracle, la seule et unique bonne solution ? Qu'allait-il arriver ensuite ? Devait-elle se présenter au cimetière ? Devait-elle, pour son bien, lui faire croire qu'elle l'avait oublié ?

Cette dernière question revenait souvent dans ses songes, principalement sous la forme de cauchemars. Durant ceux-ci, ils étaient tous les deux, tantôt discutant dans un fauteuil, ou mangeant autour d'une table. Puis, soudainement, des gens entraient et l'emmenaient. Elle ne pouvait pas bouger, elle criait à pleins poumons mais rien ne changeait, il s'éloignait toujours plus d'elle. Si elle ne s'était pas réveillée, le cauchemars continuait et elle était alors plongée dans le noir, entendant les cris de l'homme qu'on torturait. Elle avait beau crier, frapper tout autour d'elle, jamais elle ne le trouvait. Il avait disparu et tout ce qu'elle pouvait faire, c'était pleurer en essayant d'occulter le son des cris de douleurs.

Que lui arriverait-il si elle venait et s'ils se voyaient plus souvent ? Et au contraire, comme réagirait-il si elle ne se présentait jamais ? Serait-il content de constater son absence, ou ressentirait-il une pointe de déception ou de tristesse ?

Les questions semblaient s'amasser dans son esprit et aucune réponse ne venait à elle.

Le 25 octobre au soir, elle s'était couchée tôt, n'ayant toujours rien décidé pour le lendemain. Elle allait très certainement se laisser porter par son instinct. Elle avait essayé de l'oublier pendant un mois mais systématique et d'autant plus qu'avant, la moindre de ses pensées la ramenait vers lui. Elle avait essayé de réfléchir à cette situation de manière rationnelle, ça ne lui avait pas apporté plus de réponses. Alors, elle en avait marre de réfléchir. Demain, elle se laisserait guider.

Et le lendemain, c'est exactement ce qu'elle fit. Elle se leva vers 8h du matin, et partit pour son habituelle journée de travail. La journée était semblable à toutes celles qui s'étaient déjà écoulée depuis l'ouverture.

Elle était passée chez le fleuriste et avait choisis soigneusement son bouquet, comme toujours. Elle ne savait pas encore si elle le garderait ou si elle allait aller le déposer.

En rentrant chez elle, elle avait pris une douche, prenant un peu plus de temps que d'habitude. L'eau chaude sur sa peau lui apportait un certain réconfort et elle n'avait pas envie de quitter cette chaleur.

Un essui autour du corps, elle avança jusqu'à sa garde robe sans vraiment regarder. Elle ferma les yeux avant d'ouvrir les portes. Laissant sa main se balader devant les vêtements sans les toucher, elle s'arrêta sur un ceintre et s'en saisit.

En ouvrant les yeux, elle découvrit une jupe plissée verte. Elle sourit et conclut que c'était un signe plutôt clair. Elle enfila un t-shirt noir un peu ample et des escarpins noir. Rapidement, elle redescendit les escaliers, enfilant un long manteau noir et prenant avec elle son sac et le bouquet.

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Et bien voilà, nous terminerons donc le week-end sur une note un peu mystérieuse sans pour autant pouvoir parler de suspens.

A votre avis, quel bouquet Hermione a-t-elle choisi ? Que va-t-elle faire et que pourrait-il se passer pour la suite de cette histoire ? N'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour me faire part de vos pistes et idées.

Comme annoncé en ce début de semaine, je pars à l'étranger et je ne pourrai donc pas posté durant 2 semaines. Nous nous retrouvons le lundi 26 juillet, à 18h !

Je vous embrasse !

L'ange noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant