L'ange noir

Chapitre 26

Complètement abasourdie, elle n'aurait pas véritablement pu raconter ce qu'il s'était passé après cette révélation. Elle était rentrée chez elle, s'enfermant dans ce cocon si apaisant et protecteur.

Elle ne devait pas retourner à la librairie avant plusieurs semaines d'après le courrier qu'elle avait reçu par le Ministère. Elle n'était donc tenue à aucune obligation et honnêtement, elle ne se serait pas sentie capable d'aller travailler.

Elle voulait être seule, elle voulait se couper de tout.

Elle avait pris la décision de se séparer de lui, mais définitivement, il y avait un monde entre se séparer et découvrir sa vraie nature. Comment avait-il pu faire cela ? Comment avait-il pu tuer toutes ces personnes sans le moindre remord ?

Il la dégouttait, mais elle se dégouttait elle-même également. Elle n'avait rien vu de tout cela. Elle avait été aveuglée par ses sentiments, par ce qu'elle avait pu ressentir pour lui et elle avait occulté tout ce qui ne collait pas avec l'image qu'elle s'était faite de cet homme.

S'était-il jouer d'elle tout ce temps ? Avait-elle représenté une sorte de couverture pour lui ? C'était ridicule : tout le monde le croyait mort. Il n'avait pas besoin qu'on le couvre, il n'avait pas besoin d'elle. Pourquoi donc avait-il passé tout ce temps à ses côtés ? Était-ce possible qu'il ait véritablement éprouvé quelque chose en sa compagnie ?

Même si cette idée l'adoucissait quelque peu, cela n'enlevait rien à ce qu'il était et à ce qu'il avait fait. Il avait tué un homme ... Enfin, un homme ... A en croire les dossiers qu'elle avait découverts, pas qu'un seul homme.

Cela correspondait si peu à l'image qu'elle avait de lui. C'était-elle à ce point trompée sur lui ?

Et s'il n'avait pas eu le choix ? Non, c'était grotesque de penser cela. Une fois, pourquoi pas, deux fois, à la limite, mais dans cette boîte, il y avait peut-être des dizaines de dossiers.

Il les avait cherchés, il les avait certainement même traqués. Mais pourquoi ? Pourquoi risquer autant de se compromettre ? Était-il à ce point assoiffé de sang ?

Sa tête tournait et elle avait la nausée presque continuellement. A peine pensait-elle à lui qu'elle avait envie de vomir. Non, elle ne voulait voir personne, elle ne supportait la présence de personne. Une sorte de brouillard l'entourait et elle n'avait aucune envie d'en sortir.

Malgré les multiples demandes de ses amis, c'est donc seule qu'elle avait accueilli l'année 2009.

Elle était à peine mis le pied en dehors de chez elle, se laissant simplement portée par la vie. Elle mangeait uniquement quand elle sentait son estomac la tirailler et elle dormait à chaque fois que la fatigue se faisait sentir.

C'était une période très étrange pour elle. Elle avait à la fois l'impression de déambuler comme un fantôme, et l'impression de se réapproprier son corps. Plus les jours passaient, plus elle avait l'impression de remonter une sorte de pente au pied de laquelle elle ne s'était même pas sentie tomber.

Chaque jour, elle reprenait un peu plus de plaisir à faire certaines choses simples : faire un soin pour ses cheveux ou son corps, lire un livre sous son plaid, boire un thé à la menthe, se maquiller, sortir quelques instants, réfléchir aux rénovations de la librairie.

Hermione Granger reprenait vie, encore plus magnifique et puissante qu'auparavant.

Avait-il fallut qu'elle soit confrontée à la face sombre de Severus Snape pour l'oublier ? Pas exactement. Elle ne pouvait pas affirmer qu'elle l'avait oublié. Des sentiments aussi purs que ceux qu'elle avait pu éprouver pour lui ne s'oubliaient pas aussi facilement. Mais elle avait réussi à l'isoler dans un coin de son esprit pour ne plus y repenser autant.