L'ange noir

Chapitre 42

Quand il avait vu Bellatrix si proche d'Hermione, il avait véritablement perdu tout sens du raisonnement. Comme un appel divin, il avait alors senti son stylet dans la poche intérieur de sa cape. A l'époque, c'était une arme dont il se séparait rarement. Avec sa fine lame triangulaire de 20 centimètres, c'était une arme parfaite pour faire de nombreux dégâts à ses victimes.

C'était une arme de famille et de ce fait, ça avait longtemps été sa signature. Depuis qu'il était sensé être mort, il n'avait plus posé les mains dessus. Mais aujourd'hui, il l'avait prise avec lui, sachant pertinemment pourquoi il sortait de l'ombre.

Il l'avait littéralement transpercée de cette lame, les yeux emplis de rage. Si plus tôt dans la bataille, il lui était arrivé d'entendre la voix d'Hermione le raisonner, ce n'était plus le cas à cet instant. Il voulait tuer cette femme qui la menaçait. Une seule pensée l'obsédait alors : si seulement il avait pu la tuer plus tôt.

Alors que la Mangemort s'effondrait sur le sol, tombant lourdement sur ses genoux noueux, il entendit plusieurs personnes intervenir. Les renforts étaient là ... A ce stade, il aurait presque pu rire de cette intervention à la limite du ridicule. Tout le travail avait presque été fait.

Ces hommes et femmes arrivaient triomphant alors que la bataille était pratiquement terminée. C'était décidément bien facile d'être un employé du Ministère.

Comme il s'en était douté, à peine l'avait-on aperçut qu'on lui avait sommé de se mettre à genoux. Tout le monde criait et s'agitait autour de lui, mais il n'avait aucune envie de résister. Il avait fait son choix plus tôt dans la journée, en connaissant parfaitement les risque . Pourtant, alors qu'on lui maintenait les mains dans le dos à l'aide de liens magiques, il vit Hermione tomber lentement sur le sol, perdant connaissance.

Il avait essayé d'aller vers elle, de la retenir, mais on lui avait interdit d'approcher, resserrant ses liens et l'éloignant progressivement d'elle. Il s'était débattu, férocement, mais rien n'y avait fait. Il était emmené loin d'elle, sans savoir où exactement.

Il avait tout d'abord pensé à Azkaban, mais avait découvert avec surprise que l'on descendait encore plus profond dans les entrailles du Ministère. Il ne connaissait absolument pas cet endroit mais d'après les manipulations faites par le sorcier dans l'ascenseur, ce n'était pas n'importe qui, qui pouvait y avoir accès.

On l'avait placé dans une cellule qui semblait avoir été taillée à même la roche. De l'eau coulait lentement sur les murs par endroit, donnant à l'air une odeur rance d'humidité. On l'avait poussé dans cet endroit sans ménagement, le défaisant de ses liens une fois la porte refermée.

Et voilà donc Severus Snape derrière les barreaux.

Il avait envie d'éprouver des regrets. Il avait envie de se dire que s'il n'était pas intervenu, il serait encore libre à l'heure qu'il est. Il serait certainement chez Narcissa, en train de prendre un thé ou de travailler sur une potion. Il aurait également pu être chez lui, profitant du parc du manoir.

En repensant à cet endroit, il ne put s'empêcher de le revoir décoré pour Noël. Après tout, il n'y avait pas vraiment remis les pieds depuis. Si au départ, il n'avait pas voulu enlever les décorations, il n'en avait après plus eu l'occasion.

Cette si douce Hermione Granger était entrée dans sa vie et avait véritablement tout fait basculer. Il avait envie de lui en vouloir. Il aurait voulu pouvoir la détester de s'être ainsi mêlée de ce qui ne la regardait pas. Pourquoi avait-elle fait irruption dans sa vie ? Mais il ne pouvait décemment pas faire ça.

Oui, elle avait tout bousculé. Cette Gryffondor était une tornade qui avait tout envoyé valser sur son passage, transformant sa vie. Mais il ne pouvait pas la blâmer pour ça. Il savait qu'il avait vécu de formidables instants auprès d'elle, même s'il ne pourrait peut-être jamais le dire à haute voix.