Chapitre 1

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Constance ouvrit les yeux. Sa première réflexion se porta sur l'endroit où elle se trouvait. Elle a chaud, des gouttes de sueur perlent sur son front, mais bientôt elle se mit à frissonner. Que vient-il de se passer ? Ce n'était pas un rêve ? Non ça s'est réellement passé... Elle attrapa son téléphone pour regarder l'heure. Merde ! Plus de batterie ! Toute la soirée de hier lui revient soudain à l'esprit ; la dispute avec sa coloc' qui aurait pu être largement évitée, les insultes inutiles et les cris.

Elle n'aimait pas se prendre la tête pour des raisons aussi stupides qu'une bouteille de son vin blanc à la pêche, son préféré qu'elle avait acheté avec son argent et qu'elle avait attendu de boire seule devant une émission de télévision stupide, qu'elle n'assumait pas vraiment de regarder, mais qui finalement lui faisais le plus grand bien. Oui mais voilà, Elisa, sa coloc' en avait décidé autrement, en la buvant avec un énième mec qu'elle avait ramené tout en foutant l'appart dans un immense bordel. Alors oui, c'était peut pas grand-chose, mais c'était de trop. D'ordinaire calme, plutôt réservée et pacifiste, Constance en avait eu sa dose de se laisser marcher dessus par Elisa. Sa soirée gâchée, elle avait tout simplement craqué et dit toutes ses vérités à Elisa et l'avait prié d'aller dormir ailleurs. Elle en avait tous les droits, puisqu'elle était propriétaire de cet appart, et que de toute façon, Elisa ne payait plus son loyer depuis maintenant 4 mois, sous prétexte qu'elle n'en n'avait plus les moyens et qu'elle lui devait bien ça.

Mais le reste est assez flou... Après tous les reproches faites et le départ de Elisa, elle se souvient avoir bu, à défaut de ne pas avoir pu consommer son précieux vin blanc à la pêche, du whisky qu'elle se réservait en cas d'urgence... En était-ce une ? Probablement pas... Mais elle avait juste besoin de se saouler et d'oublier ses tracas. Une bonne douche brulante, un pyjama confortable et une bonne nuit de sommeil auraient dû l'aider à tout oublier et à se calmer, mais non. Ce matin encore la haine et la colère ne l'ont pas quitté une seconde.

Elle était perdue. Que devait-elle faire ? Appeler Elisa et s'excuser ? Sûrement pas. Constance avait trop de fierté pour ça, et dans tous les cas, même si elle s'était sans doute un peu trop emportée, cela restait de la faute de Elisa, et nullement de la sienne.

Après avoir chargé son téléphone, elle remarqua des messages qu'elle avait dus recevoir pendant la nuit.

De Elisa ,00:42:

Je peux rentrer ? Excuse-moi, j'aurais pas dû...

De Elisa, 1:33

???

De Elisa, 2:21

Constance j'ai nulle part où aller il fait froid merde !

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Mince... J'espère qu'elle va bien... Constance avait beau être énervée, elle s'en voulait de l'avoir laissée en plan, elle tenait beaucoup à Elisa, malgré son horrible caractère. Elle avait toujours été là pour elle et la connaissait mieux que personne. Seulement depuis qu'elles étaient entrées dans le monde des études supérieures, Constance en école de commerce et Elisa en faculté de droit, leurs vies avaient pris un autre tourment. Elisa fréquentait énormément de gens, passait sa vie dans les soirées étudiantes et elle s'amusait énormément. C'était tout le contraire de Constance, qui avait du mal à s'intégrer dans son école, sans doute parce qu'elle n'aimait pas aller vers les gens, du moins c'était très rarement spontané.

Elle aimait sa routine, les quelques personnes qui l'entouraient, et le simple fait de songer à changer son quotidien lui donnait des sueurs froides. En quelque sorte, elle était jalouse de l'intégration quasi parfaite de Elisa, qui semblait aller pour le mieux. Elle aurait aimé être comme elle, ne pas se poser des questions inutiles, agir sans réfléchir et être tout simplement spontanée. Malgré tout, elle était contente pour elle, elle le méritait bien après tous ses efforts fournis pour l'intégrer, cette fac ! Mais il fallait se rendre à l'évidence, elles avaient toutes les deux changées, avaient pris des chemins trop différents et elles ne se reconnaissaient plus. Accepter cette vérité déchirait le cœur de Constance un peu plus chaque jour. Les soirées passées à se raconter leurs vies futures, le désir de se marier et d'avoir beaucoup d'enfants, les après-midis à contempler les avions dans le ciel en se demandant où ils pouvaient bien aller, à glousser comme des dindes quand un garçon leur accordait un peu d'attention, tout ça... C'était bien loin derrière elles. Elle voyait leur amitié s'émietter chaque jour, comme on le ferait avec une vulgaire biscotte. Peut-être que c'était mieux comme ça ? Elle ne voulait pas y penser.

Elle reprit une douche, comme pour se laver de toutes ces pensées puis se prépara. On était samedi, jour de marché. Le marché principal, elle l'adorait. Elle aimait sentir le parfum des fraises d'un rouge éclatant, l'odeur du poulet grillé, les marchands qui se donnaient cœur et âme pour vendre leurs produits chéris et surtout, elle aimait aider M. Karl. Ce vieux fleuriste et elle s'était rencontrée alors que celle-ci était haute comme trois pommes. Elle l'avait regardé avec de grands yeux qui brillait et avait décrété : " Un jour je deviendrai comme toi et je pourrais renifler des fleurs toute la journée ! " M. Karl s'était pris d'affection pour la petite Constance, il l'avait vu grandir, changer sans jamais le laisser tomber. M. Karl était en quelque sorte son mentor. Il lui avait appris tant sur la botanique, que cela dépassait toutes ses espérances. Ainsi tous les samedis, elle l'assistait pour vendre les plus beaux bouquets de la ville, ayant le même niveau qu'une professionnelle. Elle avait dû abandonner son rêve de devenir fleuriste car ses parents étaient contre, ce qui avait causé beaucoup de peine à M. Karl, qui lui voyait le talent de sa Constance adorée. Finalement, la solution qui ait été retenue fut d'aider M.Karl quelques fois, les jours de grandes foules. C'était un travail rémunéré, bien que Constance l'aurait fait bénévolement, mais M.Karl avait insisté pour verser une part des recettes à Constance. C'était pas grand chose, mais ça lui permettait de mettre un peu de côté pour plus-tard. 

no rain, no flowers - ErenxocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant