no rain, no flowers - Erenxoc

Chapitre 19

Constance regarda l'heure sur l'écran de son téléphone. 10 h 32 s'affichait en gras. 2 minutes de retard, pensa-t-elle. Constance était assez fière d'être une personne toujours à l'heure, mais parfois, elle aurait aimé que les autres le soient tout autant. Elle avait l'impression de passer sa vie à attendre les gens, mais que personne ne l'attendait, elle.

Il faisait froid ce matin, sur la terrasse du café Ertas, mais l'air frais lui faisait le plus grand bien. Le week-end passé avec tous ces amis, les nuits dans les bras d'Eren... Constance y pensait constamment.

Elle avait l'impression d'avoir assisté à un épisode de sa vie, comme si ce n'était pas elle qui avait vécu les évènements. Elle ne réalisait pas tout ce qui lui arrivait. Ça allait vite. Peut-être trop vite. Elle n'avait pas le temps de comprendre, tout se bousculait dans sa tête.

Une sonnette de vélo la replongea dans la vie réelle. Pieck venait d'arriver, sur un magnifique vélo vert menthe. Elle était resplendissante, avec ses cheveux noirs épais et soyeux que Constance enviait tant.

- Coucou poulette, désolé je suis un peu en retard, mais regarde, c'est parce que j'étais trop occupée à louer ce magnifique vélo ! Fit Pieck, en descendant de la selle.

- Un vélo ? Mais pourquoi ?

- Ben je me suis dit que on pourrait faire un petit tour, tu sais juste toi et moi, comme avant, j'ai vraiment besoin de visiter à nouveau la ville, l'humanitaire c'est bien beau mais ça fait pas voir beaucoup d'urbanisation, crois -moi !

- Oh... oui... Bon, oui ! Après tout pourquoi pas, je crois que mon vieux vélo est dans le local de l'immeuble, faudrait juste que je vérifie qu'il est en état. T'as tellement de choses à voir, ça a tellement changé depuis la dernière fois que t'es venue !

- Je me suis perdue tellement fois avant d'arriver ici, le café a été rénové, à ce que je vois !

- Oui, les parents de Sash' on réussit à rassembler les fonds nécessaires pour redonner une beauté au café, et je trouve qu'ils ont fait un boulot formidable !

- Ah la petite Sasha, je me souviens bien d'elle ! Elle était marrante comme fille, elle va bien ?

-Oh non tu ne peux pas la connaître, tu dois confondre avec Elisa, fit Constance avec un goût amer dans la bouche.

- Oh oui maintenant que tu le dis, c'était plus Elisa que Sasha ! Comment va la petite Elisa ?

- C'est terminé, j'ai pas envie d'en parler, disons juste que j'ai plus rien à voir avec elle.

- Oh... je vois... pardon

- Tu pouvais pas savoir, et puis au pire, qu'est-ce que j'en ai à foutre, c'est elle qui m'a perdue, c'est à elle d'être triste.

- Ah ! Voici un état d'esprit que j'aime !

Au même moment, Sasha sorti du café et accourra vers les deux jeunes femmes.

- Ah ben alors ! Ça pour une surprise ! Constance ! Préviens- moi quand tu passes !

- Sasha ! Je savais pas que tu étais là aujourd'hui !

- J'aide mes parents, c'est une semaine chargée, y a pleins de clients qui viennent grâce à la fête de la ville, et comme on n'a pas assez d'employés, on a fait appel à moi on va dire !

Sasha regarda Constance de haut en bas.

-Euh... Tu me présente pas ,Constance ? Fit Sasha en désignant Pieck avec le regard.

- Oh oui, Sasha, je te présente Pieck, ma cousine. Pieck voici Sasha, un ventre sur patte.

- HEIN ? C'EST TOUT CE QUE JE SUIS ? Hurla Sasha

Constance explosa de rire/

-Oh c'est bon je rigole. Pieck, je te présente Sasha, c'est une très bonne amie.

- Enchanté Sasha, fit Pieck avec un petit signe de la main.

- De même, répondit Sasha. Bon, moi je file, j'ai tout un tas de truc à faire. Profitez de votre journée les filles !

- Elle est mignonne ta copine, je trouve qu'elle a une bonne bouille, remarqua Pieck lorsque Sasha quitta la table.

- Je me tue à lui dire ! Elle est à croquer mais elle veut rien entendre !

- Y'a pas qu'elle qui est belle comme tout ! Regarde-toi ! T'es devenue tellement... femme en si peu de temps ! Tu dois en faire craquer plus d'un !

- Pfff arrête de parler comme mamie, j'ai pas changé du tout, c'est toi qui louches de plus en plus, fit Constance en rougissant.

- Tu vois ? T'es comme Sasha, tu veux rien entendre non plus!

Après un thé earl grey avec deux sucres et un peu de miel, les cousines partirent faire le tour de la ville à vélo.

Chaque recoin de la cité était décoré de banderoles aux couleurs vives et de fleurs de saison. C'était la période préférée de Constance. Le soleil était tous les ans au rendez-vous, comme s'il savait exactement que sa présence était nécessaire pour le bon déroulement de la fête. Elle avait passé tous les printemps de sa vie à savourer cette fête, à admirer le défilé des chars de fleurs, à danser sur la place publique.

Constance pédalait bien loin derrière Pieck, qui semblait pourtant prendre son temps.

- Pieck ! Haleta Constance. Pieck ! Ralentis un peu et attends-moi ! C'est presque humiliant !

- Mes mollets sacrés te demandent pardons votre altesse ! Nan mais sérieux Constance, je vais même pas vite, fais un effort un peu, non ?

- Oui ben excuse-moi d'avoir une vie chargée et de ne pas avoir le temps de faire du vélo tous les jours ! On peut faire une pause ? Je vais m'effondrer si je continue !

Pieck leva les yeux au ciel avant de descendre de son vélo. Constance fit de même avant de farfouiller dans son sac pour chercher son téléphone. Lorsqu'elle déverrouilla son portable, elle fit une grimace.

7 appels manqués d'Eren Jaëger

-Oh merde ! Laissa échapper Constance

En effet, elle ne l'avait pas contacté depuis le week-end sur la côte. Il n'avait pas répondu à son je t'aime. Elle avait été blessée. Elle pensait, repensait, sur-pensait à cette situation. Elle ne comprenait plus rien, elle se sentait vide et trahie.

Alors pourquoi Eren voulait lui parler ? Pour s'excuser ? Lui dire je t'aime ? Ou bien pour mettre un terme à leur (courte) relation ? Constance avait peur de savoir. Elle avait envie d'entendre sa voix, de toucher son visage, de l'embrasser sans s'arrêter. Mais elle avait aussi envie de lui tourner le dos, de ne plus jamais le revoir.

Pieck n'avait pas osé ouvrir sa bouche. Elle se contenta simplement de lever un sourcil. Elle regardait Constance, qui était devenue toute blanche.

- Hum... Pieck, j'ai un appel urgent à passer, ça te dérange pas ?

- Non, c'est bon fait ce que tu as à faire, je vais prendre quelques photos en attendant !

Constance appuya sur l'icône du téléphone les mains moites. Elle respirait mal. Elle était stressée.

- Constance ? Fit la voix grave d'Eren au bout du fil.

- Eren. Répondit simplement Constance.