Après avoir fait le chemin du retour dans un silence presque total, les filles arrivèrent devant l'appartement que Constance affectionnait tant. Cet appartement elle avait travaillé dur pour l'avoir, elle avait enchainé les petits boulots, les heures supplémentaires et les vieux patrons ingrats. Mais elle l'avait fait. Elle a eu ce qu'elle désirait le plus au monde. Un petit chez soi, qui reflèterait tout son travail. Elle avait mis de côté, elle évitait les dépenses inutiles, sauvait chaque centime qu'elle pouvait. Oui, elle avait fait des sacrifices mais tout ça en valait la peine.
C'était un appartement plutôt petit, deux petites chambres, une salle de bain et un salon cuisine. Mais Constance affectionnait chaque pièce, chaque recoin, elle en était juste fière. Cet appartement était au dernier étage d'une maison à colombage, c'était étroit mais étrangement lumineux. Il était évidemment envahi de plantes et de fleurs, ce qui embaumait la pièce d'un parfum frais et délicat. Constance l'avait façonné à son image : couleurs claires, douces et très cosy. La fenêtre de la chambre de Constance donnait sur une ruelle adorable, remplie d'autres maisons à colombage. Le soir, elle aimait contempler les gens dans la ruelle, un couple, une famille, des gens seuls, qui étaient beaux à regarder. Elle s'imaginait leurs vies, leurs rêves, leurs peurs. Ça l'amusait. C'est ça qu'elle aimait ici, elle se sentait bien, à sa place, comme si le destin l'avait amené là.
Après être devenue propriétaire de son appartement, Constance était quelque peu ruinée. Heureuse mais sans un sou en poche. Il était hors de question qu'elle reprenne un de ces sales boulots à être à peine payée, d'autant plus qu'elle devait se concentrer sur ses études qui au passage, ne lui plaisaient pas du tout. Elle pensa alors à la deuxième chambre qui ne lui servait pas. C'est ainsi qu'elle proposa à son amie Elisa de venir cohabiter. Au début tout se passait comme dans un rêve. Elisa payait son loyer, elles s'amusaient, le ménage était fait dans la bonne humeur. Elle avait tout pour être heureuse. Seulement les choses avaient changé et Elisa n'était plus celle que Constance pensait connaître. Sans ressources venant du loyer de Elisa, Constance avait dû casser sa tirelire pour espérer survivre, mais elle s'était toujours tue face à Elisa, essayant de compatir avec ses soucis financiers. Mais à présent les soucis financiers de Elisa étaient aussi les siens. Constance devait se rendre à l'évidence : Elisa n'était pas fiable. Elle avait beau être une amie, elle n'était pas sérieuse et cela dérangeait Constance.
Enfonçant la clé dans la serrure, Constance hésita avant d'ouvrir la porte. Elle se stoppa et se retourna vers Elisa, la regardant droit dans les yeux.
- Ne me fais pas regretter Elisa. Je compte sur toi
-Ou..oui.. Tu peux Constance
Constance n'en n'était pas si sûre et répondit par un haussement d'épaules.
Une brise parfumée chatouilla les narines de Constance quand elle ouvrit enfin la porte. Qu'il est bon d'être chez soi ! Elle eut à peine le temps de reprendre sa respiration qu'elle se fit bousculer par Elisa ; visiblement pressée de prendre une douche. Constance se rappela que cette dernière avait un truc de prévu ; tant mieux, pensa -t-elle je n'ai pas envie de passer la soirée avec elle.
Cela faisait plus de dix bonnes minutes que Constance entendait l'eau couler. Décidément Elisa n'en n'avait rien à faire. Constance se leva du canapé rose dragée et tambourina à la porte de la salle de bain
- Oui rooh c'est bon Constance ça va quoi j'ai pas le droit de me détendre cinq minutes ?
- Si, tu as le droit, mais le problème c'est que ça fait pas cinq minutes Elisa ! Sors de la douche ou je coupe l'eau !
- Putain mais t'es relou !
Constance l'entendit pester mais n'entendit plus le bruit de l'eau. Très bien pensa-t-elle.
Après vingt longues minutes, Elisa ressortie de la salle de bain dans une mini robe, dévoilant ses immenses jambes de mannequin. C'est vrai qu'elle était jolie avec ses cheveux noirs qui brillaient. Constance enviait beaucoup le physique de Elisa, elle avait une certaine classe, une assurance qui la rendait irrésistible. Même fâchée contre elle, elle ne put s'empêcher de la complimenter sur son allure.
Elisa la remercia en vitesse avant d'attraper son sac à main et son téléphone qui ne la quittait jamais. Elle avait mis son parfum sucré, fort, que Constance ne pouvait pas supporter. Il lui donnait mal à la tête. C'était l'opposé de tout ce qu'elle aimait. Une fois partie, l'odeur était encore là et Constance se décida à ouvrir la fenêtre, histoire d'enlever cette odeur insupportable. Alors qu'elle allait s'assoir mollement sur le canapé, son téléphone sonna. C'était Sasha.
-Salut Constance je te dérange pas ?
- Oh Sasha ça me fait plaisir de t'entendre ! Non au contraire !
Elles avaient beau s'être vues dans la journée, Constance appréciait chaque moment passé avec Sasha.
- Ecoute je t'appelais parce que, bien que ce n'était pas volontaire, j'ai entendu ta conversation avec Elisa tout à l'heure... je voulais savoir si ça allait...?
Oh Sasha...elle se souciait de tout le monde. Cette fille était tout simplement adorable.
- Oh... ça... Oui en effet haha désolé que tu aies tout vu, Avoua Constance, honteuse. Je... Oui ça peut aller... Je crois, merci de demander, c'est vraiment gentil !
Sasha avait dû remarquer que Constance n'était pas sincère.
-Bon écoute, il y a une soirée plutôt posée chez mes amis ce soir, ils sont vraiment cools et je me disais que ça pouvait peut-être te changer les idées...ça te dirait de venir ?
Constance hésita avant de prendre la parole. Une soirée avec des gens qu'elle ne connaissait pas ? Hors de question, elle connaissait le refrain, elle se sentirait mal à l'aise et partirait dès que l'occasion se présenterais, ne savant pas comment gérer la situation... Mais en même temps... Ça fait tellement longtemps qu'elle n'était pas sortie de son monde, elle passait son temps derrière Ella qui elle, s'amusait et tu l'enviais si fort !
- Constance tu es là ? -Fit la voix douce de Sasha.
- Oui. Donne-moi quinze minutes et on se retrouve en bas de chez moi.
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no rain, no flowers - Erenxoc
Hayran KurguElle l'avait déstabilisé. Elle qui semblait si fragile, si discrète, si... Il découvrait petit à petit sa véritable nature, la personne qui se trouvait au fond d'elle. Et ça lui plaisait. ...