- Faut qu'on parle.
La voix d'Eren était grave. Et pourtant, il n'y avait aucune émotion. Constance n'avait pas envie de parler. Elle n'arrivait pas à prononcer un seul mot. Sa gorge était nouée et elle sentait déjà les larmes lui monter, sans raison particulière.
- J'ai l'impression que tu m'évite depuis le week-end dernier... J'ai tort? Demanda Eren
Constance n'en revenait pas. Elle ? L'ignorer ? Elle avait plutôt l'impression que c'était tout l'inverse.
- Ah parce que maintenant c'est moi la fautive ? Se ressaisit Constance
- Répond à ma question. Tu m'ignores ? Fit fermement Eren
- Non. En revanche toi, c'est exactement ce que tu fais. Et c'est pas cool.
- Parce que tu as pris la peine de me contacter ? Moi j'ai la réponse, Constance. Pas une seule fois.
- Et bien il faut peut-être se remettre en question dans ce cas-là, lâcha froidement Constance.
Il y eut un silence. Un silence pesant. Beaucoup trop pesant. Constance avait pris un ton plus dur qu'elle aurait voulu. Mais c'était trop tard les choses étaient dites.
Eren brisa enfin ce silence.
- Ecoute... Je sais que tu as dû me détester, je te comprends. Ma-
- Te détester ? Non. T'en avoir voulu et t'en vouloir encore maintenant ? Oui, le coupa brusquement Constance.
- Laisse-moi parler s'il te plaît, implora Eren. Constance... essaye juste de me comprendre un peu... tu trouves pas que c'est insensé ce qu'on est ? Je veux dire, on se connaît quasiment pas, c'est peut-être trop précipité ?
- Alors quoi ? Tu vas me demander pardon et ensuite t'en aller pour faire comme si on ne s'était jamais connu ? Et puis tu vas aller raconter à tous tes potes ta nuit du week-end dernier avec moi pour me salir ? C'est toujours la même chose avec vous. J'ai vraiment cru que t'étais différent Eren...
Constance ne prit même pas la peine d'écouter ce qu'Eren avait à dire qu'elle raccrocha aussitôt. Elle avait honte d'elle-même. Elle se sentait bête. Elle ne voulait pas que Pieck la voie ainsi.
Constance prit son visage entre ses mains, inspira profondément, et éteignit son téléphone pour éviter tout contact avec Eren. Il n'allait pas gâcher sa journée avec sa cousine.
Comment avait-elle pu croire qu'il s'intéressait vraiment à elle ? Il avait joué avec elle. Elle avait été naïve et n'avait rien vu venir. Elle se sentait si bête de lui avoir tendu son cœur sur un beau plateau en argent, prêt à être jeté par terre et à éclater un mille morceaux. Comme d'habitude elle s'en voulait. Elle s'en voulait de toujours trop s'attacher aux gens qui lui accordaient un peu d'attention et qui finissaient toujours par la laisser tomber. Elle avait créé une fausse réalité. La vraie réalité était tout bonnement répugnante, comme à chaque fois.
Lorsque Pieck lui demanda si tout allait bien, Constance hocha la tête en affichant un sourire. Toujours le même. Un sourire forcé, qui lui faisait mal aux joues. Il était tellement bien fait que personne ne pouvait savoir qu'il était faux. Et c'est ça qui faisait le plus mal. Elle n'osait se confier à personne, parce qu'elle avait toujours peur de déranger. Mais parfois, elle aurait voulu tout dire. Balancer tout par terre. Vider son sac. Sa tête était pleine, et rien ni personne ne pouvait la vider. Alors elle avait appris à accumuler avec le temps. Ce sourire, elle le maîtrisait à la perfection. C'était simple comme bonjour et toujours efficace.
Pieck n'y vu que du feu. Encore.
Lorsqu'elles rentrèrent, épuisées par leur journée, Constance avait réussi à penser à autre chose, le temps d'un après-midi. Elle n'avait pas touché à son téléphone depuis l'appel et ne comptait pas l'utiliser avant un petit moment. Elle regarda le bouquet de marguerites qui trônait dans un vase sur la table à manger. Les fleurs étaient fanées. Elles étaient moches. Constance eut un rire nerveux. Puis prise d'un élan, elle prit les fleurs et les jetas dans la poubelle. C'était pas grand-chose mais c'était un début.
Pendant que Pieck prenait sa douche, Constance mit ses lunettes sur le bout de son nez, s'installa dans son grand lit et se mit à lire son roman préféré. Elle sortit une tablette de chocolat aux noisettes de sa table de nuit et en croqua un bout. C'était son rituel lorsqu'elle n'avait pas le moral, et ça marchait à tous les coups.
Pieck toqua à la porte.
- Je peux entrer ? Fit-elle d'une petite voix.
- Oh um oui oui, c'est bon.
Pieck apparu dans une combinaison en velours avec des oreilles de chat sur la capuche, et un masque de beauté en tissus sur le visage.
- Je me suis dit que... on pourrait faire une soirée pyjama, tu sais comme avant ? Fit Pieck en agitant des sachets colorés.
Constance sourit. Elle avait réellement besoin de ça. Sa cousine avait peut-être vu que ça n'allait pas, après tout.
Pendant que Pieck posait du vernis rose pâle sur les ongles de Constance, l'ambiance se détendait. Constance se sentait bien.
Un épisode d'une série pour adolescents déprimés passait sur la petite télévision de la chambre de Constance, les filles avait fait fondre du chocolat et trempaient des fruits frais dedans.
Après cinq tablettes de chocolat englouties et une peau parfaitement propre, les deux cousines eurent sommeil. Constance n'avait pas envie de dormir seule. Elle demanda à Pieck de rester dormir dans son lit. Pieck accepta.
A peine les lumières éteintes, Pieck commença à parler.
- Merci Constance pour cette journée. C'était vraiment cool de passer du temps ensemble.
- Oui, ça m'a fait plaisir à moi aussi. Tu n'as plus d'excuses maintenant, tu dois revenir plus souvent par ici.
Les deux rirent ensemble.
Pieck prit la main de Constance.
- Constance... tu me le dirais si ça n'allait pas ? Tu peux tout me dire tu sais ?
Constance se tue un instant. Elle hésita. Encore et encore. Devait-elle parler de ses problèmes minables et de se ridiculiser ?
- Oui, mais je t'assure que tout va bien. Je suis juste un peu fatiguée en ce moment.
Elle avait encore une fois échoué. Elle avait voulu le dire. Mais les mots étaient restés au fond de sa gorge.
- Tant mieux alors. Je t'aime, dors bien, fit Pieck en déposant un baiser sur le front de sa cousine.
- Moi aussi, je t'aime...
Constance se retourna dans le lit de sorte à être dos à Pieck. Sur ses joues , des larmes perlaient.
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no rain, no flowers - Erenxoc
FanficElle l'avait déstabilisé. Elle qui semblait si fragile, si discrète, si... Il découvrait petit à petit sa véritable nature, la personne qui se trouvait au fond d'elle. Et ça lui plaisait. ...