Chapitre 16

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Suite à cette discussion que j'appellerais plutôt une dispute, Joeffrey et moi nous sommes ignorés. Or je sais que je ne peux accepter cette situation, car elle me pèse trop. Je décide d'en parler à mon meilleur ami, Oli, à l'écart dans un coin tranquille.

Ces derniers temps, le coin qui se trouve près de la rivière est devenu mon coin préféré car d'ici, nous ne sommes pas vus depuis le château ce qui permet de pouvoir prendre un temps seule.

Nous nous asseyons et je raconte à Oli tout ce qu'il s'est passé avec Joeffrey, même si je sais qu'il sait déjà tout.

-Je ne sais pas ce que je dois faire ! On tourne en rond et j'ai l'impression qu'il ne veut pas entendre ce que je lui dis ! Je lui ai dit qu'il m'avait déçu en me laissant sur le toit et au lieu de simplement me demander pardon il a essayé de me faire culpabiliser en me rendant aussi coupable !

-Joeffrey a simplement cherché à te faire comprendre que vous aviez tous les deux quelque chose à vous reprocher.

-Je sais mais pour moi ça ne résout rien !

-Au contraire, tu lui as donné ton point de vue et lui le sien, maintenant vous savez ce que chacun de vous attend de l'autre !

-Mais il refuse de faire un pas si je ne fais pas le premier, c'est ce qui m'énerve avec lui ! C'est toujours à moi de commencer, de venir vers lui ! Pour une fois j'aurais aimé que ce soit le contraire ! Il a bien vu que son arrivée m'avait dérangée mais il n'a pas essayé de me prouver qu'il avait changé, j'aurais aimé qu'il le fasse, qu'il prenne les devants !

-Jaël...

-Quoi ?

-Le plus important ce n'est pas de savoir qui a le plus blessé l'autre ou qui est le plus redevable ! L'important c'est de reconnaître que vous vous êtes blessés mutuellement mais qu'aujourd'hui vous n'êtes plus ceux qui vous étiez autrefois ! Explique-t-il d'une voix douce.

-...

-Tu sais au fond qu'il n'a pas eu tort dans ces mots et qu'il t'a dit la vérité. Je sais que tu ne veux pas l'entendre pour le moment parce que tu es encore en colère après lui.

-Oui et ça m'oppresse complètement !

-Et qu'est-ce qui t'empêche de lâcher prise ?

-Parce que...C'est juste que je...J'ai peur de lui accorder ma confiance et qu'une nouvelle fois il la piétine. J'imagine que c'est une sorte de protection...

-Tu ne dois pas le regarder comme celui qu'il était lorsqu'il était au foyer mais comme une personne qui a été transformé tout comme toi !

-Mais Oli, même quand j'essaye c'est plus fort que moi ! Les souvenirs sont là ! Comment est-ce que je peux lui pardonner quand, à chaque fois que je le vois ce qu'il m'a fait remonte !

-Tu dois lâcher prise ! N'écoute pas ce que ta colère te dit mais écoute moi !

-Oui je sais que tu as raison...C'est juste qu'en plus de ça...

-...tu es en colère parce que tu te rends compte que tu n'es pas celle que tu croyais être devenue.

-Exactement...J'ai l'impression d'être de nouveau la Jaël de 14 ans, bornée, incapable d'aimer qui que ce soit avec un cœur débordant de rancune et ça...C'est pire encore...

-Tu n'es plus cette Jaël là, même si tu as parfois la sensation du contraire et tu sais pourquoi ?

-Pourquoi ?

-Parce que l'ancienne Jaël faisait le mal sans jamais sans vouloir et que celle d'aujourd'hui lutte contre son ancienne nature pour faire ce qui est juste  ! C'est là toute la différence !

-Oui c'est vrai qu'avant, la colère ne me pesait pas autant...

-Tu sais, il y aura toujours un combat entre celle que tu es deviens et celle que tu étais mais quand bien même tu pourrais être découragée lorsque tu agis comme celle que tu étais tu sais aujourd'hui qu'elle n'existe plus. Elle n'a plus de pouvoir sur toi.

-Hum...

-Je vois tes efforts mais je sais aussi que trop souvent, tu t'appuies sur tes propres forces et tu essaies de faire les choses seule parce que tu penses que si tu échoues, tu me décevras.

J'essuie une larme sur ma joue.

-Je suis de ton côté Jaël, pas contre toi, ce qui veut dire que si tu tombes, je suis un allié pour te relever et non un ennemi pour t'enfoncer. Est-ce que tu croies cela ?

-Oui...

-Alors ne te décourage pas.

Je pose ma tête sur son épaule et renifle.

-Comment tu fais pour ne pas me détester quand je tombe ?

-Je t'aime trop pour ça.

-Moi aussi je t'aime Oli.

Avec lui, tout semble plus léger. Même si auprès de lui, l'obscurité qu'il y a encore en moi est mise en lumière je ne me sens pas jugée. Je ne me sens pas rabaissée ou humiliée mais simplement...Aimée.

Et c'est le meilleur des moteurs.




Affranchie Tome 3 : TransforméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant