Les enfants du soleil

4/ Batailler côte à côte

I'll be good, Jaymes Young

Juan

Les coups de feu résonnaient comme une mélodie familière aux oreilles de Juan. Une goutte de sueur dévala son dos. À chaque inspiration, il sentait son pouvoir prendre le dessus un peu plus. Mais il n'avait pas peur. Seule importait la survie des membres du refuge. Ils étaient sa famille, ses amis, et il était leur chef. Tant qu'il serait debout, personne ne toucherait à eux. Il savourait les hurlements des militaires qui perdaient leurs moyens face à l'intraitable fumée noire qui sortait de ses mains. Incapables de tirer, ils s'effondraient, achevés par ses tirs. Est-ce que c'était moral ? Est-ce qu'il aurait des regrets ? Est-ce que c'était vraiment ça, l'esprit de liberté des rebelles ? Il n'en savait rien et rien n'avait d'importance pour le moment.

Mais un détail le déconcentra un instant. Un mouvement à sa droite. Des mèches de cheveux bruns et un visage familier à travers la fumée.

Hope. Quelle idiote.

Le coup de feu arriva plus vite qu'il ne l'imaginait et il n'eut pas le temps de lui crier de se mettre au sol. Une brève détonation résonna et la jeune rebelle s'écroula telle une poupée de chiffon.

Du sang dégoulinait de son mollet, tachant son pantalon et laissant quelques gouttes d'un rouge foncé s'écraser sur le sol. Heureusement pour elle, le soldat n'avait pas touché une partie vitale. Mais ce fut assez pour déconcentrer Juan qui se plaça devant elle pour la protéger.

— Presse la plaie avec ce que tu trouves et tire-toi de là !

La dernière chose qu'il voulait serait qu'elle se prenne une deuxième balle, qui pourrait lui coûter la vie cette fois. Il se remit à tirer avec précision, concentré sur une seule chose désormais, la sauver elle.

— JUAN À TA DROITE ! hurla alors la jeune fille.

Le Lieutenant se décala et se jeta au sol au-dessus de sa recrue pour éviter le coup et aussi la protéger. Mais il ne fut pas assez rapide. Une balle érafla son bras et le fit grimacer de douleur. Les militaires étaient plus résistants que prévu et il allait devoir sortir le grand jeu. Il poussa Hope le plus loin possible puis s'approcha de leurs ennemis. Il laissa son arme sur le sol. Elle ne ferait que l'encombrer pour ce qu'il s'apprêtait à faire.

Ses yeux se fermèrent et il laissa son pouvoir monter en lui entièrement cette fois. Il manipulait la peur. Son pouvoir déclenchait des visions horrifiques, et dévoilait souvent à ses victimes leur plus grand cauchemar. Cette fois-ci, il ne les lâcherait pas tant que leur cœur battrait. Il les voulait morts.

Un souffle glacé envahit la pièce. Une immense masse sombre et noire se dirigea tout droit vers le couloir, entraînant avec elle les soldats. L'atmosphère était presque irrespirable.

Juan fit un pas en arrière, puis deux, et s'effondra sur le sol, vidé par l'immense puissance maléfique qu'il venait de produire.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, Hope était à côté et lui donnait de légères tapes sur la joue.

— Tu n'aurais pas dû voir ça... marmonna le Lieutenant en direction de Hope en essayant de se tenir debout et de marcher pour fuir d'ici avant que d'autres soldats n'arrivent.

Tous les soldats présents avec eux dans la pièce étaient au sol, recroquevillés en pleurs, ou bien inconscients. Son pouvoir avait fait des ravages. Une atmosphère angoissante planait encore dans la pièce. Il n'en pouvait plus, il avait mal partout et se sentait vide. Il était un monstre. Il faisait peur aux gens. Il se servait de leurs plus grandes peurs. C'était évident pour lui. Il se détestait.