32/ La formidable famille Suarez

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Sara Bareilles - She Used To Be Mine

Juan

L'air était glacial, malgré tout, les cibles de tir étaient installées dehors. Une détonation trancha l'air et la cible tomba. Une odeur de poudre imprégna la cour. Juan se recula et poussa un soupir. Il y était déjà depuis sept heures ce matin. Il jeta un œil à son père, posté à côté de lui. Celui-ci eut un bref hochement de tête et lui fit signe de continuer. Il s'exécuta mais au fond de lui, il priait pour qu'il lui accorde une pause au chaud.

Son pouvoir le fatiguait. Il s'obligeait à le rendre le moins présent possible durant la journée, à presque le faire disparaître, au point que la nuit, il devenait incontrôlable. Il avait beau savoir qu'il fallait qu'il contrôle ses émotions pour pouvoir contrôler son pouvoir, celles-ci le contrôlaient plus qu'il ne les contrôlait. En plus de cela, ses parents ne cessaient de se disputer depuis son retour. Il ne savait pas réellement pourquoi, mais parfois ça devenait assez violent.

Alors que Juan s'entraînait sous le regard attentif de son père, sa mère arriva près d'eux. À en juger son visage crispé, elle était agacée. En effet, elle ne resta pas et entraîna son mari un peu plus loin. Juan les regarda partir avant de reprendre machinalement ses mouvements sur son arme.

Il se retourna quelques secondes après en entendant que le ton montait de plus en plus entre ses deux parents derrière lui.

— Tu ne lui expliques rien du tout. Sinon c'est toi qui vas vite avoir des ennuis. Juan n'est pas seulement ton fils. C'est un ennemi. Si tu veux qu'il reste et si tu veux continuer à le voir, alors laisse-moi faire. J'en ferai un bon petit soldat, disait son père sans que Juan ne comprenne vraiment le sens de ses paroles.

Il regarda amèrement son fils avant de dire d'une voix ferme et dure, tout en attrapant le bras de sa femme. Celle-ci se mit à trembler et ses yeux se posèrent sur la poigne de son mari, avant qu'elle n'ose remonter le regard vers lui.

— Juan est aussi mon fils. Je ne te laisserai pas décider pour nous deux, trancha-t-elle. L'entraînement est terminé pour aujourd'hui, conclut-elle avant de lancer. Juan ! On rentre à la maison. Parfois il vaut mieux se reposer.

Juan fixa ses parents un court instant, puis la main de son père sur le bras de sa mère.

— D'accord... Mais je peux savoir pourquoi tu as l'air prêt à mettre une claque à maman ? demanda-t-il à son père. C'est bon je t'avais dit que je voulais rentrer. C'est pas trois coups de pistolet en plus qui vont changer grand-chose à mon entraînement. En plus je sais tirer. Tu ferais mieux de m'apprendre à gérer mon putain de pouvoir !

Le Lieutenant lâcha le bras de sa femme puis s'approcha de Juan.

— Demain, entraînement à huit heures. Et ton « putain de pouvoir » comme tu dis, sera géré si toi-même tu arrives à te gérer. Maintenant rentre avant que je ne change d'avis et que tu continues à faire du tir.

Juan lui jeta un simple regard avant de lâcher son pistolet sur le sol et de suivre sa mère. Il lui attrapa la main et se rapprocha un peu d'elle pour lui parler.

— Tu veux bien m'aider avec mon pouvoir maman ? S'il te plait... Même si ça implique des électrochocs ou je ne sais quoi.

Il enleva alors ses gants. Ses mains et ses avants bras étaient noirs.

— Il est en train de me submerger totalement et papa n'en a rien à faire. Il trouve ça plus important que je sache utiliser n'importe quel type d'arme à feu. Je ne vais pas tenir indéfiniment. Isaac aussi est de mon côté en plus. Il veut bien m'aider mais il ne veut pas se mettre en travers de ta décision avec papa. Il a trop peur de l'avoir sur le dos et qu'il ralentisse son nouveau projet de centre en disant à son père de lui donner moins de budget.

Les enfants du soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant