/To build a home, The cinematic ochestra/
Juan
Juan n'avait aucune idée de l'heure ou même du jour qu'il était. Il était allongé sur le sol de sa cellule et dessinait mille et une choses au plafond grâce à son pouvoir. C'était un enchevêtrement de petits motifs et dessins, ne faisant pas vraiment de sens. Des visages flous, de grandes taches noires, des liens et des boucles se perdaient les uns dans les autres.
Il était totalement perdu dans ses pensées. Il avait arrêté de pleurer il y avait un moment. Il était serein et détendu, résigné à ce qui allait se passer. Isaac était allé le voir et ça l'avait un peu rassuré. Maintenant, il attendait le moment fatidique avec sérénité. Il savait qu'il n'y avait plus rien à faire.
Quelques années auparavant il aurait sans doute paniqué, mais les rebelles lui avaient énormément appris. Il leur était reconnaissant pour cela et pour d'autres choses encore. Le fait de lui avoir offert une famille par exemple. Raquel, Sarah, Alexia et maintenant Hope étaient désormais chères à son cœur, bien plus chères que ses parents pouvaient l'être.
Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, il tourna la tête. Son père venait d'entrer. Il portait comme à son habitude un uniforme militaire paré de ses plus belles médailles. Au grand désespoir de Juan, c'était son portrait craché. Il avait les mêmes cheveux noirs que lui, simplement coiffés plus sagement, le même visage, mais avec des traits plus durs. Seul leur regard était différent. Juan avait hérité des doux yeux de sa mère.
— Bonjour fils, finit par dire le militaire d'une voix rude et ferme après avoir détaillé les œuvres de Juan.
— Bonjour papa.
Pendant des années, son père l'avait terrifié. Mais cette époque était révolue. Les rebelles lui avaient appris à ne pas se laisser faire. Il ne prit pas la peine de se relever et continua de laisser son esprit divaguer et tracer de jolis dessins au plafond. Il avait toujours peur, mais il ne comptait pas lui faire le plaisir de le respecter.
— Ça fait un bout de temps. Tu ne m'as pas trop manqué. J'espère que je n'ai pas trop abîmé tes hommes, lâcha-t-il avec un sourire insolent.
Il n'avait plus rien à perdre alors autant profiter de ses derniers instants de lucidité. Il savait bien que la présence de son père signifiait que l'heure fatidique arrivait.
Le militaire soupira et laissa échapper un grognement.
— Le plaisir est partagé.
Il regarda les élans de poudre noire sur le plafond avant de soupirer.
— Tu sais quand même que je fais cela pour toi. Les rebelles sont des criminels, des monstres...
— Oh s'il te plaît, le coupa Juan, s'ils sont des monstres alors j'en suis un aussi papa.
Le visage du Lieutenant se durcit. Il se recula puis frappa sur la table d'un coup sec. Le bruit sourd de son poing résonna plusieurs secondes dans la pièce.
— Je ne te permet pas de me parler sur ce ton Juan. Je suis ton père, je te le signale. Tu verras dans quelque temps tu me remercieras !
Juan lui fit un petit sourire avant de rire.
— Vraiment papa ? On dirait un enfant de trois ans qui tape sur la table parce qu'il n'a pas ce qu'il veut assez vite. Tu penses faire quoi là ? M'impressionner en tapant sur la table ?
Il était détendu. Il n'arrivait plus à le déstabiliser comme quand il était petit. Il lui adressa un sourire en coin avant d'afficher une étoile entourée d'un cercle sur les murs : le symbole des rebelles.
VOUS LISEZ
Les enfants du soleil
Science-Fiction2067, 22 ans après l'Apocalypse, alors que l'actuelle Europe est dirigée d'une main de fer par celui qui se fait appeler le Général, ils ont choisi de résister. Pour eux, « le soleil ne se cache plus, il rayonne ». Ils sont ordinaires, eux sont par...