Chapitre 8 : Alessandro cherche

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- Tout ce dont je me souviens c'est de m'être réveillé dans la bibliothèque le lendemain matin, dit Alessandro en se grattant l'oreille.

Il se trouvais dans le bureau du docteur Vehert, son psychologue depuis qu'il était revenu en France. Il était l'une des seuls personnes à qui il semblait faire confiance et vouloir parler. Le jeune homme avait d'abord commencé à le consulter forcé par son père. Ce dernier pensait que son fils était perturbé par le changement d'environnement. Mais depuis la fête de l'été, il était devenu un patient beaucoup plus assidu. Ce rendez vous avait été pris d'urgence pour faire le bilan de sa cure de désintoxication mais débouchait toujours sur leur sujet habituel.

- Et donc c'est pour ça que vous consommiez de la drogue ? Pour oublier ? Lui demanda le psychologue d'une voie impassible.

Alessandro secoua la tête. Il était couché sur une méridienne en cuir dont la mollesse sous ses fesse lui faisait savoir qu'il n'était pas le premier à l'avoir occupé. Une tasse de thé à son intention était aussi posé près de lui.

- Non...Enfin si...Je crois que c'est plutôt pour oublié le fait que j'ai oublié.

Il sentait le regard de son interlocuteur scruter chacun de ses gestes.

- Pour oublier le fais que vous avez oublié, hein. Vous pouvez préciser s'il vous plait ?

Alessandro croisa ses jambes pendant que ses doigts étaient entremêlé sur son ventre. Il entendais le bruit des voitures dans le centre ville mais cela lui paraissait si lointains. À chaque fois qu'il était sans le bureau du docteur Vehert, il avait l'impression de se trouver dans une bulle. Son regard était fixé à l'horloge en face dont le tic tac résonnait dans sa tête en rythme avec les battements de son cœur. Il était onze heure moins le quart et il n'était toujours pas retourné en cours. Il pensait y aller demain.

Enfin, peut être.

- Je veux dire que cela me frustre d'avoir perdu une partie de mes souvenirs et que prendre de la...drogue me permettais de me détendre. De ne plus y penser quoi.

Monsieur Vehert nota quelque chose sur son carnet.

- Vous savez, la perte de mémoire n'est pas quelque chose d'anodin. Si vous dite que vous ignorez la cause, c'est peut être un jeu de votre esprit. En effet, il se pourrait qu'il ai vu ou vécu quelque choses de traumatisant qu'il ne pouvait pas accepté et l'a occulté pour vous protéger.

- Pourquoi mon esprit me ferait ça ? Interroga Alessandro en fronçant ses sourcils épais. C'est définitif ?

- Non, bien sur que non. Il arrive que après un certain temps, donc après digestion de l'information vos souvenirs reviennent. Mais ce n'est pas chose aisé.

Le garçon fixait maintenant la lampe à néon au dessus de sa tête. La lumière blanche l'aveuglait. Un peu comme les conversations qu'il pouvait avoir avec le psychologue. Il avait l'impression que parfois ça l'embrouillait plus que ça ne l'aidait. Pourquoi est ce que il voudrait refouler quelque choses ? Qu'avez t'il pu voir ou vivre d'aussi perturbant ? Et pourquoi c'était tombé à la fête de l'été ?

Peut être qu'il devrait retourner dans la bibliothèque, se dit t'il.

Il essaya de garder les yeux ouvert le plus longtemps possible sous l'éclairage néon mais ce fut impossible. Il ne pouvait pas la défier comme il ne pouvait pas défier son black-out. Au bout de neuf seconde ses longs cils fourni battirent frénétiquement.

- Vous savez docteur, je fait souvent ce rêve. Je me trouve dans un long couloir éclairé. Au fond il y'a une porte dont j'ai la clé, mais à chaque fois que j'avance, les lumières derrière moi s'éteigne. Cela fait que je n'ai jamais le courage d'aller jusqu'au bout pour l'ouvrir. Vous pensez qu'il y a un rapport ?

- Pourquoi pas, répondit le psychologue sur le même ton plat habituel.

Ils restèrent tout les deux silencieux. Que pouvait t'il y avoir derrière cette porte? Le bruit de l'horloge continuait à résonner en lui pendant qu'il laissait ses pensées se balader dans son esprit.

Sa mère...Manger un grec...New York...Fumer de la marejuana...Sacha...Sacha ?

- Vous savez, on peut accélérer le processus de récupération par l'hypnose, l'informa le docteur.

Alessandro tourna ses yeux vert opale vers lui. Son regard croisa un gigantesque tableau de papillon multicolore.

- Vraiment ? Continuez s'il vous plait. Je voudrais en savoir plus.

- Hé bien grâce à l'hypnose on peut faire une régression de votre esprit et faire ressurgir des choses cachées.

Faire resurgir des choses cachées ? Hum, intéressant.

- Et il y a des risques ? Demanda t'il en buvant une gorgé de thé.

Le docteur Vehert réajusta sa cravate.

- Quelque un c'est vrai. Vous pourriez par exemple revivre des choses dont vous n'avez pas très envi. Et je serais totalement au commande de votre inconscient, ce qui peut être effrayant pour lui. Malgré tout nous pourrions découvrir ce que vous avez effacé et au passage ouvrir cette fameuse porte. Mais pour ça vous devrait me donner la clé.

Le psychologue lui adressa un sourire qui pourrait paraître inquiétant. L'adolescent se mordit sa lèvre inférieur charnu. Laisser quelqu'un s'incruster dans votre esprit ne paressait pas très net. Il ne voulait pas qu'il sache tout de lui...

Alessandro tira sur les peluches de son vieux pull. C'est vrai que par rapport à son frère il avait l'air quelque peu négligé mais il s'en fichait. Il ne voulait pas lui ressembler de toute les manières.

- Je crois que finalement je m'en passerais, décida t'il en se levant.

Il était midi et sa consultation arrivait à sa fin. Quand il s'apprêtait à enfiler son manteau le docteur l'interpella.

- Au fait, prenez vous toujours de la drogue ?

Pris au dépourvu il baissa les yeux sur le tapis à motif coquelicot.

- Non, menti t'il en sortant rapidement.

Mais bien sur.

Une fois dehors il voulu s'allumer une cigarette quand son téléphone sonna. Il décrocha son Samsung aussi tôt.

- Allo, me dit t'il de sa voix rauque.

- À propos de la fête, tu as peut être oublié mais moi je m'en rappel, ai je chantonné.

Il fit silence un instant. J'entendais son souffle haletant contre l'appareil. Il ne savait pas comment réagir et repassa sa mains dans ses cheveux. Était ce une blague ?

Non non chéri, je suis réel et ne t'inquiète pas tu vas vite t'en rendre compte.

- Vous étiez là ? Me demanda t'il d'un air intéressé.

J'ai rigolé avant raccroché en le laissant sur sa fin.

- Allo ? Racontez moi s'il vous plait ! Allo ? Insista t'il.

Je suis sorti des toilettes où je m'étais enfermé. Après avoir traversé la salle d'attente, j'ai frappé à la grande porte blanche dans la salle d'attente.

- Vous êtes pile à l'heure pour votre rendez vous, me dit le docteur Vehert en m'invitant à entrer. Comment allez vous depuis notre dernière séance ?

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