Trompe-la-mort

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MICHAEL


« Bien, vous êtes venu, en fin de compte. » déclara le Dr Friedlander, son sourire complaisant accroché aux lèvres, quand il ouvrit la porte de son bureau à Michael.

Le père de famille entra sans daigner lui répondre. Il était bien trop préoccupé pour relever ses commentaires. Tout ce dont il avait besoin, en cet instant, était de pouvoir parler sans avoir le sentiment d'exaspérer celui qui l'écoutait.

« Je vous en prie, prenez un siège, l'invita le psychiatre.

- Ça vous dérange si je reste debout, doc ?

- Non, faites comme vous le sentez. »

Michael se mit à tergiverser nerveusement, faisant les cent pas à travers le bureau. À présent qu'il était devant son psychiatre, les mots lui manquaient. Comment réussir à mettre les mots, sur un tel revirement de situation...

« Ouais, merci. Oh, putain... Putain... Putain ! » Il eut beau faire tous les efforts possibles, il s'en trouva incapable, se sentant plus stressé que jamais au fur et à mesure qu'il réalisait toute la teneur de ce qui l'attendait désormais. « Vous savez quoi ? Je... Je vais m'en aller, en fait. Je suis pas d'humeur pour ces histoires. Ces histoires de merde...

- Comme vous voulez, Michael. » répondit simplement Friedlander, comme si la chose lui était parfaitement égale, inexorablement assis sur son fauteuil.

Michael se dirigea vers la porte, l'ouvrit, mit un pied au dehors du bureau... et, après une seconde, il clôt les paupières et se ravisa. Il fit un effort de concentration pour parvenir à se relaxer. C'était bien l'occasion de faire sortir tout ce qu'il avait sur le cœur, non ? Il en avait plus besoin que jamais.

Il se retourna vers Friedlander, qui fixait tel un penseur en pleine quête de sens un point vide devant lui, et partit d'un ton extrêmement sérieux.

« Je peux vous demander quelque chose, doc ? Je veux dire, vous êtes, euh... le genre de type... sage, obligeant, érudit... »

Le psychiatre pouffa de rire.

« Poursuivez, le pria-t-il.

- Croyez-vous au Mal ? »

Michael se rapprocha lentement, pour observer sa réaction. Friedlander haussa doucement les épaules d'un air incertain.

« Non. Non, je n'y crois pas, répondit-il. Je suis un homme de science. Le Mal est un concept érigé par les personnes qui veulent... se livrer à des fantasmes enfantins, ou... par celles qui veulent juger les autres. Tout cela en revient au syndrome parental, sur lequel nous avons passé l'année dernière à discuter.

- Ouais, eh bien, vous n'avez de toute évidence jamais rencontré mon vieux pote... souligna Michael, avant de se gratter le menton pour réfléchir une seconde. Appelons-le Tony...

- Je pensais qu'il s'appelait Trevor... » le reprit Friedlander.

Et merde... lâcha Michael, toujours plus désabusé de lui-même.

« C'est vrai, j'avais oublié que je vous avais parlé de lui, maugréa-t-il en s'asseyant pesamment sur le sofa, se sentant comme si le poids du monde reposait sur ses frêles épaules. Seigneur...

- Non, ne vous inquiétez pas, tout ce que vous me dites est de l'ordre de la stricte confidence. » le rassura son psychiatre.

Michael soupira et le toisa longuement, le cerveau en feu avec tout ce à quoi il avait à penser dorénavant. Visualiser les quelques bonnes choses de sa vie, tout comme le Mal incarné qui était en train de le rattraper...

𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑇ℎ𝑒𝑓𝑡 𝐴𝑢𝑡𝑜 𝑉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant