MICHAEL
Michael dévalait Heritage Way en direction des studios Richards Majestic à plein régime, avec ce qui lui semblait s'être transformé en une bombe à retardement pulsant au creux de la poitrine.
Il s'était paré de son costume deux pièces le plus élégant, l'anthracite, agrémenté d'une chemise bleu clair. S'était parfumé à l'eau de Cologne, était allé chez le coiffeur. Il lui semblait que la dernière fois qu'il s'était fait beau de la sorte, c'était à l'occasion d'un dîner aux chandelles avec Amanda – la dernière fois qu'ils avaient fêté leur anniversaire de mariage... c'est-à-dire, pas moins de deux ans plus tôt. Et il lui fallait bien avouer que le rendez-vous qu'il s'apprêtait à avoir, il y tenait au moins autant qu'à un anniversaire de mariage réussi.
« Je peux voir votre badge ? » lui demanda le planton, dans sa cabine à l'entrée des studios.
Le quadragénaire pencha la tête par la fenêtre ouverte.
« Je suis Michael De Santa. J'ai rendez-vous avec Mr Richards. Il doit déjà m'attendre. »
Le garde opina du chef et se détourna une seconde.
« Un instant, je vous prie. »
Le temps qu'il décroche son téléphone fixe, probablement pour prévenir le bureau du producteur, Michael étudia du regard les hauts bâtiments factices, les loges et les cabines parsemant les lieux. Ici et là, des comédiens, des maquilleuses et des ingénieurs son bataillaient de vives voix dans un fouillis d'organisation. Michael laissa planer son regard sur eux, le cœur en pleine symphonie ; il lui tardait de se joindre à ceux qui créaient toute la magie du cinéma Vinewoodien.
« Monsieur ? » L'apostrophe du planton, qui lui ouvrit la barrière, le tira de ses rêveries. « Tout est en règle. Vous pouvez entrer. »
Le père de famille le remercia, et, ne tenant plus en place tant il était fébrile, pénétra en voiture dans le sanctum sanctorum de Rockford Hills.
« Le bureau de Mr Richards est dans ce bâtiment. » lui indiqua le planton.
Michael se gara pressement sur les places adjacentes, coupa la radio et sortit de sa Premier. Il lissa soigneusement sa veste de costume, réajusta le col de sa chemise, joua doucement des épaules et souffla un bon coup pour évacuer le stress. Lui qui était toujours calme comme un marin chevronné en pleine tempête lorsqu'il se trouvait au beau milieu d'un braquage, voilà qu'il se trouvait, sur le point de rencontrer son idole, l'homme qui le faisait rêver depuis tant d'années et l'un de ceux qui avaient cimenté son amour pour le cinéma, aussi nerveux qu'un jeune homme avant un premier rendez-vous. Le père de famille se reprit, et adoptant une démarche svelte dotée d'une touche de décontraction, il franchit la distance qui le séparait du bâtiment – décoré d'une plaque "Sam Austin Memorial Building" – en gravit les quelques marches, et pénétra à l'intérieur, retenant son souffle.
C'est le producteur en personne qui lui ouvrit la porte de son bureau du troisième étage. Michael eut un moment le souffle coupé, lorsqu'il aperçut devant lui l'homme qui rendait sa vie plus belle sans même le savoir. Solomon Richards était devenu un homme grisonnant, mais ses yeux bruns vifs brillaient toujours de l'étincelle de la passion ; il répandait autour de lui une aura extraordinaire, d'une classe incontestable dans son costume noir et sa chemise blanche auxquels se joignait une cravate beige rayée. Ce ne fut qu'à cet instant, à le voir en face de lui l'accueillir dans son propre bureau des studios de Vinewood, que le père de famille réalisa pleinement que sa vie était en train de prendre le tournant qu'il avait désespéré de voir un jour.
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𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑇ℎ𝑒𝑓𝑡 𝐴𝑢𝑡𝑜 𝑉
FanfictionLos Santos : une métropole tentaculaire avec ses gourous, ses starlettes et ses gloires du passé fanées, qui faisaient jadis rêver le monde entier et qui, aujourd'hui, luttent pour ne pas sombrer dans l'oubli alors que le pays est rongé par la crise...