Subversion

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TREVOR


La nuit tomba sur Los Santos, même si c'était la nuit que Los Santos semblait réellement s'éveiller à la vie. Les boîtes de nuit sonorisaient la métropole de Vinewood East à Vespucci, les bars restaient ouverts jusqu'au lever de l'aurore, les plages fourmillaient de fêtards en goguette et les rues se peuplaient de prostituées invisibles le jour.

Robyn, Lamar et Trevor ressortirent du Tequi-la-la raisonnablement éméchés et, concernant Trevor, ivre surtout d'adrénaline après avoir envoyé au tapis une poignée de fans de heavy metal, à commencer par le groupe qui était venu donner un showcase ce soir-là, Love Fist. N'ayant guère apprécié leurs chansons, le psychopathe s'en était d'abord pris au bassiste Willy, en lui hurlant de retourner apprendre à jouer au lieu d'extorquer l'argent des sourds et de ceux qui ne connaissaient rien à la musique. Willy l'avait alors bousculé pour le faire redescendre de la scène, et Trevor l'avait assommé en lui cassant sa bière sur le crâne. Le reste du groupe s'en était alors mêlé, suivis des quelques fans courageux qui ne s'étaient pas déjà enfuis en courant, suivis de la poignée de Lost accoudés dans un coin du bar qui, ayant évidemment reconnu Trevor, avaient essayé de lui faire la peau pour venger leur club de motards décimé. La règle la plus inviolable du Tequi-la-la, qui défendait formellement l'usage des armes à l'intérieur du bar, n'avait jamais semblé aussi pertinente.

Quand plus personne n'avait été capable de se relever pour affronter Trevor, ce dernier avait déclaré que c'était le meilleur bar à métaleux de tout Vinewood, s'était emparé d'un débardeur Love Fist à vendre sur la table jouxtant la scène, et avait théâtralement quitté les lieux en entraînant Lamar et Robyn – qui s'étaient tous deux mis à l'abri des dommages collatéraux derrière le rideau ramené à côté de la scène – à sa suite.

« Meuf, ce type, c'est... maugréa Lamar, les yeux encore écarquillés au souvenir du chaos qu'avait répandu à lui seul le quadragénaire dans son bar préféré. Je pourrais même pas dire ce que c'est exactement. Moi qui croyais être taré dans mon genre, je peux dire que je me sens tout à coup comme un jeune Jedi qui beaucoup à apprendre, a encore. Où t'as déniché ce vieux clébard, sœurette ?...

- C'est... mon partenaire en affaires, répondit la cambrioleuse dans un haussement d'épaules accompagné d'un rictus, les yeux posés sur Trevor qui venait de dérober sans vergogne le tacos d'un passant, de le renifler puis, vraisemblablement peu convaincu, de le jeter sur le malheureux qui avait déjà pris ses jambes à son cou.

- Hey, moi, j'ai été ton putain de partenaire en affaires ! protesta Lamar, éberlué. Mais ça, c'est... c'est... »

Lamar, qui avait désigné Trevor d'un grand geste désœuvré du bras, en voyant le psychopathe imiter un chien enroué hurlant à la lune avant d'éclater d'un rire gras, renonça à finir sa phrase.

Robyn releva le regard vers son ancien acolyte, et hocha la tête de côté avec conciliance.

« Il y a de bons moments.

- Oh, les potes ! s'écria Trevor en se retournant soudainement vers ses amis. Je viens de penser à un truc. Lamar, faut que je parle à Robyn. Je te rappelle, j'ai ton numéro. Robyn, viens par-là. On a fort à faire devant nous !

- Ok, mec, comme tu le sens, mon grand. Je vais faire le point sur l'état de mon relationnel en attendant... » répliqua Lamar en faisant mine de vouloir s'éloigner lentement d'un prédateur.

Robyn leva un sourcil avec interdiction. Si Trevor avait bel et bien réussi à traumatiser jusqu'à Lamar, l'individu avait sans doute atteint les sommets de son art. Même si l'on n'était jamais sûr, concernant Trevor, que des limites quelles qu'elles soient puissent un jour être atteintes.

𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑇ℎ𝑒𝑓𝑡 𝐴𝑢𝑡𝑜 𝑉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant