MICHAEL
Le père de famille était cerné de toutes parts et n'avait aucun moyen de s'échapper.
Il ne savait pas précisément où il se trouvait, mais en revanche, il savait qu'il s'y trouvait entouré de personnes n'ayant qu'un seul but, une seule et lancinante obsession : le tuer. Des proches, des moins proches. Des visages connus, d'autres non. Michael n'était envahi que par un vaste sentiment d'injustice, et les conséquences d'un sacrifice égoïste que son karma lui retournait en pleine figure, semblable à une lettre de menaces de mort non acheminée.
Ce fut un bip familier qui réveilla définitivement le quadragénaire. Poussant un hurlement vindicatif en se saisissant de l'arme de poing planquée sous son oreiller, il bondit hors de son lit, vêtu d'un simple caleçon et d'un débardeur, et brandit frénétiquement le pistolet devant lui, prêt à descendre le premier être humain que son regard rencontrerait. Toutefois, le temps qu'il réalise qu'il était seul dans la grande chambre vide de son grand manoir vide, il sentit les pulsations de son cœur atteindre un rythme dangereusement proche de l'infarctus.
Michael poussa un soupir venu du fond de la poitrine, et retomba assis sur son lit, le regard bas, les doigts resserrés autour de l'arme et l'esprit embué par un sentiment aussi vain qu'habituel de pitié à son propre égard. Ses cauchemars revenaient à la charge, plus violemment que jamais, ces derniers temps. Le père de famille était devenu sujet à une profonde anxiété dès lors qu'il fermait les yeux. Avant, la présence d'Amanda l'aidait parfois à se rassurer, à s'ancrer au présent. Maintenant qu'elle n'était plus là, les démons du passé pouvaient se donner libre cours de le torturer, nuit après nuit, le ronger de culpabilité et de haine envers lui-même.
Le quadragénaire se leva. Il prit une douche réparatrice, s'habilla de son costume topaze préféré, et revenu dans sa chambre, consulta son iFruit pour y déchiffrer le message reçu qui l'avait réveillé. En réalité, il y en avait deux. Le premier était un SMS de Haines, toujours aussi aimable, même de bon matin.
Je veux tous vous voir au terrain d'El Burro Heights, à 10h30. Soyez à l'heure.
Le braqueur haussa un sourcil avec mépris, et afficha un rictus dédaigneux. Ce pauvre roquet adorait vraiment jouer les petites brutes. Le second message était un e-mail. Venant... de Dave. Son agent de protection personnelle semblait, en dépit des obligations liées à sa fonction, décidé à tenter, à sa façon, d'arrondir les angles.
Écoute, tu es probablement très contrarié par la petite faveur que je t'ai demandée. J'aurais préféré ne pas t'impliquer, mais mon chef adore fouiller dans les vieux dossiers. Je sais qu'on avait un arrangement, mais, vois ça comme un nouvel accord.
C'est regrettable, mais comme je te l'ai dit, tu es sorti toi-même de ma protection en reprenant tes... activités. Je t'avais prévenu que ça poserait problème, mais tu ne m'as pas écouté. Je vais faire de mon mieux pour te protéger en tant que partenaire privilégié de ma "firme", mais tu vas devoir y mettre un peu du tien.
Davey
Connard, lui répondit Michael en pensées.
Toutefois, dans sa réponse écrite, il préféra à l'insulte pure quelque chose de plus délicat, plus sarcastique, plus fidèle à lui-même.
J'ignore qui vous êtes ou de quoi vous parlez. C'est du spam ?
Michael
Sur ces paroles offrant une traduction littéraire du fond de ses pensées sur le sujet, le braqueur rangea son portable et s'apprêta à descendre, pour prendre son verre de whiskey du matin avant de sortir prendre un peu l'air.
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𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑇ℎ𝑒𝑓𝑡 𝐴𝑢𝑡𝑜 𝑉
FanfictionLos Santos : une métropole tentaculaire avec ses gourous, ses starlettes et ses gloires du passé fanées, qui faisaient jadis rêver le monde entier et qui, aujourd'hui, luttent pour ne pas sombrer dans l'oubli alors que le pays est rongé par la crise...