𝐺𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑇ℎ𝑒𝑓𝑡 𝐴𝑢𝑡𝑜 𝑉

Mort aux vaches

FRANKLIN

Merde... Putain, ça, c'est la grande vie, songeait Franklin alors qu'il savourait le confort de sa piscine à débordement s'ouvrant sur Vinewood Hills, accoudé sur le rebord, le panorama du Downtown LS s'ouvrant devant ses yeux lui conférant un sentiment gratifiant de pure réussite.

Que de chemin parcouru depuis les Forum Gangsters et ses coups foireux avec Lamar. Parfois, il avait encore du mal à réaliser que grâce au seul casse de Vangelico – puisque leurs boulots suivants ne leur avaient toujours pas été rémunérés – il avait pu remplir son compte en banque comme jamais auparavant. Cette magnifique propriété sur Vinewood Hills, nette d'impôts, offerte pour avoir seulement exécuté une ordure. Franklin s'était montré suffisamment sérieux pour ne pas tout dépenser d'un coup, même en ayant été prodigieusement tenté de remplir son garage d'au moins autant de supersportives que Robyn. Il avait conscience de la valeur de l'argent, après en avoir manqué quasiment toute son existence, et avait donc soigneusement épargné ses gains. Il commençait même à se demander s'il ne devrait pas investir, jouer un peu en Bourse. Lester avait l'air de connaître son sujet, il pourrait toujours demander quelques conseils au hacker en la matière.

Néanmoins, en voyant la tournure que prenait la situation, Franklin ne pouvait s'empêcher d'être inquiet. Cela rongeait ses pensées comme une mite ronge la laine ; insidieusement, sournoisement, ces préoccupations – bien que minimes – donnaient l'air de prendre de plus en plus de place dans son esprit au quotidien. Le jeune homme posa la tête sur ses coudes croisés contre le rebord de sa piscine, et s'y égara pendant quelques secondes. S'il était parfaitement honnête avec lui-même, il pouvait dire que tout ce micmac ne lui disait rien qui vaille. Son instinct lui hurlait de mettre un frein brutal à son implication dans les histoires de Michael avec le FIB, mais autre chose lui disait que, plongé jusqu'au cou qu'il y était à présent, tirer à ce stade son épingle du jeu serait impossible, que cela ne le sauverait pas. En outre, il ne voulait pas abandonner son mentor au moment où ce dernier avait le plus besoin d'aide. Il lui devait bien cela.

Mais, de temps à autre, le jeune homme avait la nette impression que tout cela allait bien au-delà de ce qu'il pouvait comprendre ; et qu'un jour où l'autre, le FIB retournerait sa veste, ou bien Trevor commettrait un génocide de trop, et le retour de flamme serait alors effroyable pour le reste de l'équipe. Robyn, Michael, Trevor... Ils avaient tous un lourd passif, un passif dont Franklin ne savait que des bribes – et c'était bien mieux ainsi... Du quatuor, le jeune gangster de rue était le seul auquel le FIB ne s'intéressait pas, concrètement. Il n'était là qu'en tant que bras armé, pour donner un coup de main, et quitte à jouer avec le feu, apprendre au passage et devenir riche, un jour. Il pouvait encore s'en sortir, pour le moment... mais combien de temps parviendrait-il à tenir, avant de franchir le point de non-retour ?

Une senteur bien caractéristique lui chatouilla les narines, et le tira de ses sombres réflexions ; tournant le dos à la ville dans un grognement agacé, il darda sur le coupable un regard pétri d'impatience en maugréant à son intention.

« Encore une belle merde sur la terrasse ? Putain, Chop, faut vraiment que je t'apprenne à chier chez les voisins ! »

Le rottweiler, dont les yeux luisant témoignaient du peu de cas qu'il faisait des remontrances de Franklin, leva la patte arrière pour se gratter vigoureusement la nuque avant de se diriger, langue pendante, vers le pied de l'escalier pour s'y coucher. Le gangster se força à sortir de la piscine pour aller nettoyer ça, en se disant que de toute façon, il n'avait plus le temps de flemmarder. Il était dix heures et demie, et il avait rendez-vous avec Devin pour ce fameux boulot à onze heures trente. L'information avait même été jointe d'un SMS cordial de la part d'une certaine Molly Schultz, que Franklin devinait associée au milliardaire.