Héda s'assit sur le siège du Rover dans lequel elle était transportée. Elle sentait les menottes dans son dos la mettre dans une position inconfortable mais ne s'en plaignait pas. Elle serait sans doute morte dans deux jours, comme Roan. Elle sentait le regard du soldat en face posé sur elle mais elle resta immobile, les yeux perdus dans le vide. Enora l'avait prévenue. Cela n'avait servi à rien de voler les médicaments. Déjà car aucun plan n'aurait pu permettre à Roan de garder la vie. Il serait mort du Poison, ou de la main d'un soldat. Et de plus, les soldats se sont vite rendus compte que la seule boîte manquante du seul médicament capable de ralentir la propagation du virus avait disparu juste après le passage d'Héda, qui n'avait pas d'ordinaire était prévue sur la liste de celle qui devait apporter le dîner du général. Donc désormais, elle allait également mourir. Aurait-elle été amenée à Mistletoe qu'elle aurait eut une chance, mais à la Gorge, jamais. C'était probablement la pire prison pour quelqu'un venant de la Zone 5, et ceux qui y rentraient, en ressortaient morts au bout de seulement quelques jours. Le trajet était long, mais ça ne serait pas pire que le séjour dans la Gorge. Le nom de cette prison était simple. Le premier à avoir été tué dedans a eu la gorge tranchée. C'était un peu devenu la façon la plus utilisée de tuer les gens de nos jours. Lorsque le Rover s'arrêta, Héda releva la tête. On la sortit sans ménagement du véhicule et elle jeta un coup d'œil grimaçant à la bâtisse peu rassurante de l'extérieur. Le groupe de soldats qui l'accompagnait furent contrôlés à l'entrée, puis ils passèrent de multiples portiques et de multiples couloirs avant d'arriver aux cellules. En passant devant les autres, Héda se sentit épiée et avait presque l'impression d'avoir «Zone 5» tatoué sur le front. Elle se sentait comme du gibier. Une fois arrivée dans la cellule qu'elle occuperait, ils fermèrent la grille et Héda passa ses mains à travers les barreaux. Il lui retirèrent les menottes et elle se frotta pensivement les poignets. Elle se pencha, observa les cellules en face d'elle et plissa les yeux. La luminosité ici était terriblement faible, et la seule chose qui éclairait sa propre cellule était la fenêtre sur le mur derrière elle, qui éclairait d'une lumière grisâtre l'intérieur.
-Toi, tu viens de la Zone 5.
Héda sursauta en entendant une voix rocailleuse derrière elle et se rendit compte seulement maintenant de la présence d'un deuxième «lit» dans la cellule, et d'une personne allongée dessus. Elle se retourna vers la silhouette qu'elle ne distinguait pas et entendit le lit grincer. Elle vit la silhouette de la personne, qu'elle devinait facilement être un homme, se découper dans la lumière filtrant à travers la fenêtre et elle plissa les yeux. L'homme s'approcha d'elle de quelques pas puis fut suffisamment proche pour qu'elle puisse distinguer son visage. Il ne semblait pas bien vieux. Une quarantaine d'année tout au plus, et en voyant son visage ridé et marqué par la fatigue Héda se demanda un instant depuis combien de temps il était ici. Il avait une barbe de quelques jours et un regard pétillant. L'un de ses yeux était bleu, l'autre blanc et traversé d'une cicatrice. Héda reconnaissait que son allure était peu commune, mais pourtant elle avait la sensation qu'il ne serait pas dangereux pour elle, enfin pour le moment. Il la fixa pendant quelques secondes puis lâcha un rire.
-Ouais. Ça se voit, souffla-t-il finalement.
Après sa contemplation, il repartit en direction de son lit et s'allongea de nouveau dessus. Héda fut intriguée par ses paroles et fronça les sourcils. Malgré elle, elle s'approcha, s'assit sur le lit libre et fixa sa silhouette immobile, son seul œil valide fixé au plafond.
-Comment vous le savez ?
Un demi-sourire étira ses lèvres.
-Tu as le regard brisé. Comme tous ceux de la Zone 5.
Héda leva un sourcil mais resta silencieuse.
-T'as fait quoi pour arriver ici ?
-J'ai volé des médicaments aux soldats. Mon frère avait le Poison.
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Héda
General FictionDans sa Zone, Héda va se battre pour l'égalité de son peuple. Jusqu'au bout.