2- Willem-Konstantin Hansknatsche à Lübeck

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Résumé des chapitres précédents:

Javier est en Terminale en Allemand Européen à la Rochelle. Il y a les gros soucis sa grand-mère gravement malade. Il y a aussi les petits bonheurs, la recherche de l'amour, ses potes, ses vidéos, les jeux et le vélo.

Son lycée organise un voyage scolaire en Allemagne à Lübeck et Javier est déterminé à ne pas y aller.

Personnages principaux :

Javier Rouvière

Willem kostentin Hansknatsche


***

Lubeck JEUDI 10 novembre

Willem kostentin Hansknatsche

─ Willem ! Attends-moi ! où tu vas ?

─ Sofia ! Fous-moi la paix !

─ Tu es mon mec, reste avec moi ! rouspète la jolie brune sexy.

Notre lycée, une immense bâtisse de brique rouge, typique de la région, se vide doucement de ses élèves et j'aime le calme, amplifié par l'air froid.

Je lui désigne ma tenue, agacé. Il est quinze heures, nous sommes jeudi, donc c'est évident, que je vais, comme toutes les semaines, à mon entrainement de foot.

─ Où veux-tu que j'aille ? À propos ce week-end, on a un match, je ne serais pas dispo.

Elle est en mini-jupe, alors qu'il fait -5 dehors et le sol est glacé ! Même moi j'ai mis un jogging sous ma tenue de foot et je vais courir toute la soirée.

─ Tu n'es jamais libre ! À quoi ça sert d'avoir un amoureux, si on n'est jamais ensemble ? Et n'oublie pas que lundi, c'est mon anniversaire, je veux un cadeau.

On n'est pas amoureux !

─ Je n'ai pas envie de trainer au centre commercial, vas-y avec tes copines !

Je m'éloigne en direction des terrains, pour lui échapper. Je ne suis même pas sûr de l'avoir jamais aimé.

─ Très bien, souffle-t-elle, tant pis pour toi, avec les copines, on va acheter de quoi se faire belle. Avec de la chance, il y en aura peut-être un de mignon, dans le groupe des français qui vont venir.

─ Qu'est-ce que tu as dit ? je grince.

Quand on me parle de français, ça coince toujours et cette idiote le sait bien pourtant. Je les déteste et tout ce qui se rapporte à la France. Je ne le cache pas.

Günter nous rejoint, elle nous regarde victorieuse, satisfaites d'avoir notre attention.

─ Explique ! demande Günter à côté de moi qui a entendu aussi : de quoi tu parles ?

Il est le seul à savoir et il m'a toujours couvert.

Elle renifle, dédaigneuse, elle a toujours été jalouse de notre amitié qu'elle n'a jamais pu briser.

─ Tiens, voilà ton acolyte qui s'en mêle ! Pour votre information, une classe de français va nous rejoindre au printemps et j'espère que parmi eux, il y aura des garçons sympas. J'en ai marre de l'idiot qui passe son temps à faire du sport.

Günter et moi, nous grimaçons en cœur tous les deux à l'évocation du groupe qui va arriver.

Merci pour l'idiot, mais je ne me sens pas du tout visé.

─ Des Français ? je répète incrédule.

─ Des idiots qui ne font que du sport ? grogne Günter.

Elle balaie nos protestations d'un geste de la main et se recoiffe un moment en nous ignorant.

─ Nous allons accueillir une vingtaine d'élèves de La Rochelle, ils sont en dernière année et notre prof nous a demandé des volontaires pour les accueillir chez nous. J'aurais une élève française chez moi, mes parents sont d'accord. Tu es ridicule à les détester !

En plus de cette ville ! Il n'y a aucune raison pour que mon cauchemar soit dans le groupe. Aucune raison !

Je vais jouer au foot, passablement secoué par la nouvelle, qui fait ressurgir de vieux souvenirs que je croyais enfouis. Le soleil se couche déjà et le terrain est éclairé par d'énormes projecteurs illuminant le gel au sol comme des paillettes. Nous jouons en faisant de la fumée en courant et je réussis à caser trois buts contre l'équipe adverse qui se demande ce qu'il m'arrive. J'ai l'impression d'entendre les tambourinements de mon cœur. Ma colère contre lui n'est toujours pas passée donc ! Pourtant, voyons voir, trois ...quatre, ça remonte à quatre ans déjà. Ça me fout la trouille de voir combien je n'ai pas oublié. C'est excessif !

Günter me regarde inquiet. Je le fuis parce que je ne veux surtout pas en parler... il n'y a rien à dire !

Je suis un grand blond, je tiens de mon père, plutôt baraqué et assez obstiné. Je n'ai jamais eu de mal à séduire quelqu'un quand je le voulais, sauf lui !

Je me dépêche de filer après l'entrainement, je sens l'étonnement des copains. Ils chuchotent, se demandant ce qui m'a mis de mauvaise humeur. Je ne veux qu'une chose : rentrer chez moi !

Gunter m'a déposé en voiture, sans que je décroche un mot. Il n'a rien dit mon vieux copain, j'aime qu'il soit à l'écoute et comprenne que je n'ai pas envie de parler.

On se checke, il tente un clin d'œil qui m'arrache un éclat de rire.

Mon père est antiquaire à Ivendorf, à l'embouchure de la mer Baltique. Notre cour est remplie de bordel, parce qu'en théorie son magasin est dans une grange attenante mais il s'étend, c'est plus fort que lui. Ce n'est d'ailleurs pas très prudent alors que le haut portail ne ferme plus. En même temps qui irait voler une encre de bateau qui pèse une tonne ou un ancien attelage à cheval. J'aime ce bordel, ça a un côté un peu artiste. Ma mère est si différente, rigoureuse quand lui est bordélique. Elle est médecin et bosse aux urgences. Elle a transmis le virus à mon frère ainé qui est étudiant en médecine. Ma mère aimerait que je suive leurs traces, je ne sais pas, je verrai.

Je monte me doucher, fatigué de mon entrainement de foot. Le dernier et deuxième étage de la maison sous les toits, nous m'est réservé maintenant que mon frère est parti à Berlin. Une salle de bain de marbre sombre sépare nos deux antres. Nous sommes sous les toits.

Écroulé sur mon lit, j'ai encore des messages de Sofia que je ne lis pas. Cette nana est un tyran qui ne lâche jamais l'affaire !

Je repense à l'été de mes quatorze ans, à ce moment-là, je n'avais rien contre les Français. Puis il y a eu ce mec, cette petite ordure, qui s'est bien foutu de moi !

Dès que je suis rentré au pays, après ces vacances calamiteuses, je suis sortie avec des filles, décidé à l'oublier. Mes parents n'ont jamais compris pourquoi je n'ai jamais voulu retourner en France : l'Italie et l'Espagne c'est OK, mais pas la France, pas moyen !

Mes parents ne savent pas, ils n'aiment pas Sofia, sans se douter que la beauté qui m'a arraché le cœur, c'est un garçon avec une bouille d'ange et un égo démesuré. Je rigole en me baffant, je croyais pourtant l'avoir oublié et merde !

Il m'a dragué et ensuite, quand je lui ai déclaré mon amour, il m'a repoussé en me ridiculisant. Je ne lui pardonnerai jamais !

Je ne veux pas être gay !

Duel à Lübeck [BL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant