CHAPITRE 3

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Elle a débarqué chez lui en pleine nuit, comme ça, sur un coup de tête.

Victoria s'est blottie tout contre lui, s'est frayée une place dans son lit ; dans son cœur depuis plus longtemps encore. Peau contre peau, son soutien-gorge pour seule barrière face à son torse nu. Va savoir lequel de leurs deux cœurs bat le plus fort en cet instant.

Il n'ose rien dire, pas bouger. Ne veut rien faire qui puisse être mal interprété. Le rythme de la jeune femme sera le sien. Alors il attend, attend qu'elle se décide à dévoiler le fond de sa pensée. Ce qu'elle finit par faire.

— Mes parents sont en voyage d'affaire. Elle articule lentement, contrairement à d'ordinaire. Ils ne m'ont même pas appelé pour savoir si j'étais bien arrivée. La maison est vide et j'aime plus ça. Le groupe me manque...

Il acquiesce d'un mouvement de tête.

— Tu aurais dû me le dire avant de rentrer, histoire que tu restes pour la soirée.
— Je voulais te laisser profiter de ta famille...

Silence.

— Ils n'ont rien dit finalement, pour le baiser avec Damiano, hier.
— Ah bah tu vois! Je te l'avais dit!

Ethan hausse les épaules. Comme si de rien n'était. A vrai dire, ce n'était pas leur premier baiser; il se gardera bien de l'avouer maintenant. Il n'a pas eu à expliquer à ses parents l'ambivalence de leurs relations avec le chanteur. Leur façon si particulière et personnelle de se montrer leur amour. Dérangeante pour certains, naturelle pour eux.

Victoria rit. Un rire doux qui illumine la pièce un peu plus fortement que la veilleuse en action. Elle est vraiment belle quand elle est elle-même; elle n'en rajoute pas trop. Son cœur bat à la chamade dans son torse. Il ne veut partager ce moment avec quiconque d'autre qu'elle. Veut garder ça pour lui. Pour eux. Enfin si elle le désire.

— Et si c'est moi à la place de Damiano, ce soir ?

Ethan tourne la tête vers la porte fermée de sa chambre, un sourire complice étirant ses lèvres.

— Désolée, il n'y a aucune caméra ici pour te satisfaire.
— J'aime bien la discrétion.
— Dit la personne la moins discrète du groupe!
— Bien sûr que je suis discrète. Timide non, mais discrète oui!

Elle lève les yeux au plafond lorsqu'il laisse échapper un petit rire. Vite arrêté lorsqu'elle s'approche de lui au point où leurs bouches n'ont d'autre choix que de se rencontrer.

Il n'y a plus de journalistes ni de projecteurs braqués sur eux et pourtant la sensation est toute aussi intense, si ce n'est plus.

Les mains de la jeune femme sont baladeuses, un peu plus que d'ordinaire lorsqu'il s'agit de maquiller ses amis avant un concert ou arranger un noeud de cravate avant une session photo. Il se décolle lentement d'elle, la regarde dans les yeux un instant. Malaise de débutant. Elle ne parle pas, le laisse faire le premier pas. Ses yeux se baissent.

— Je n'ai jamais fait ça.

Un murmure puis le silence.

— Ne me dis pas que tu as honte de ne pas avoir fait l'amour, Ethan. Aucune honte à avoir. C'est beau!
— Tu trouves?

Lorsqu'il relève la tête, la bassiste note que ses joues ont pris quelques couleurs. Elle est très sérieuse subitement.

— Je... je peux te montrer si tu veux mais, il ne faut pas te brusquer, d'accord? On ne fera rien dont tu n'as pas vraiment envie, ok?

***

Il a tout juste vingt ans. Six mois de moins qu'elle. Une différence insignifiante qui prend tout son sens ce soir là. En pleine nuit, dans cette chambre.

Il a tout juste vingt ans. Ses cheveux longs et noirs lui tombent sur le torse, nu pour l'occasion, et chatouillent le bas de son dos. Peu importe. Sa concentration est ailleurs. Sa peau parfaitement dorée se reflète dans la lumière diffusée par la lampe de chevet et forme des perles de sueur entre leurs deux corps.

Il a tout juste vingt ans. Elle ne le pensait pas doté d'autant d'élégance et de raffinement qu'en cet instant. Ses traits, d'ordinaire si fins et harmonieux au possible, se sont crispés lorsqu'elle a passé le bout de ses doigts sur les muscles saillants de ses abdominaux. Traçant une longue ligne depuis son cou jusqu'à ses hanches.

Il aurait pu être mannequin, s'il n'avait pas été musicien. Un charisme si intense qu'il porte à bout de bras ce moment de volupté. Sens propre comme figuré.

Il a tout juste vingt ans. Un respect monumental pour elle, sur ses genoux, qui lui fait face. Elle le guide doucement vers un autre monde. Un monde qu'il n'a jamais connu avant elle, avant ce soir.

Ses yeux brillent, ses cheveux tombent sur ses seins tandis qu'elle se cambre un peu plus. Si proche, si proche. Son corps contre le sien. Imbriqués. Un mouvement du bassin lorsqu'elle sent une vague de plaisir la submerger; un baiser lorsqu'il ne peut retenir un gémissement rauque. Leurs souffles se mêlent. Elle est sur le point de perdre pied.

Il a tout juste vingt ans. Une timidité telle qu'il n'ose pas vraiment la toucher, ni placer ses mains sur son corps de femme. Accompagner leurs actions avec douceur. Ses joues prennent quelques couleurs lorsqu'il la regarde dans les yeux, la bouche entrouverte. Elle lui sourit. Un sourire à son image. Authentique.

Il a tout juste vingt ans et mon dieu qu'il est beau ce soir, ainsi. Pale euphémisme pour qualifier sa véritable beauté. Ses poings se ferment, son souffle se coupe lorsqu'elle change de rythme. Impose sa cadence, intensifiant sa propre respiration. Bien sûr qu'elle a plus d'expérience que lui, il n'en doute pas mais laisse ce fait dériver au loin. Ils sont au bord de l'implosion.

Il a tout juste vingt ans. L'hypnotise à sa façon. Sa tête bascule en arrière, ses yeux se ferment. Sueur, désir, intensité. Un cri étouffé par la main de la jeune femme sur ses lèvres avant qu'elle-même ne puisse retenir les tremblements de son corps.

Il a tout juste vingt ans. La fait vriller en un coup de rein peu contrôlé. Ses paupières tournent, sa frange blonde colle à son front, trempé par les efforts fournis. Elle crie, encore et encore. Dans cette chambre. Elle a juste le temps de le voir perdre le contrôle avant de se laisser bercer par un monde de plaisir. Elle est la première à le rendre homme. La première à l'observer et le toucher ainsi.

Il a tout juste vingt ans. Lui, en elle pendant tout ce temps, c'est magnifique. C'est tout à la fois. Lorsqu'elle plante ses grands yeux bleus dans les siens, il lui adresse un sourire inquiet.

— Ça va?

Elle rit, se redresse pour s'installer à ses côtés dans le lit. Dévoilant un piercing au nombril à la lumière pendant quelques secondes. Elle hoche la tête.

— C'était incroyable, Ethan. Vraiment incroyable.

Juste un baiserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant