#Flashback 2
Évidemment que cet imbécile s’est fait choper ! Thierry et José semblent toujours occupés mais ils sont très vigilants. Impossible de tenter de se défendre, José l’a pris la main dans le sac. Et cet idiot qui, au lieu de se la jouer tranquille, fanfaronne. Résultat, il a deux jours pour plier bagages.
— Tu pouvais pas leur dire que tu ne recommencerais plus ? m'enervé-je.
— Cela aurait pu fonctionner avec Thierry. As-tu vu comment mes yeux étaient explosés, mec ? José connaît les signes, il ne m'aurait pas cru. Et de toute façon, j’en ai ma claque. Je reprends la route. Tu viens avec moi ?
La question que j’attends, espère même. Notre chambre n’est pas grande et nous ne sommes plus des adolescents. Même si Eric est beaucoup plus jeune que moi, il est largement plus déluré.
Nous avons passé un certain nombre de soirées à la belle étoile. Pas spécialement dans l'optique de regarder le ciel et les étoiles, mais de cette manière, Éric peut fumer dans une relative tranquillité. Dans ces moments-là, ses mots coulent sans qu'il les retiennent. Tous les sujets y passent, de façon aléatoire et sans que je sache si c’est la vérité ou des délires dus au shit.
Contrairement à moi, il n’a ni fui ni été mis dehors. Après son bac, il a simplement décidé de profiter de la vie avant d'intégrer ce qu'il nomme avec dédain le monde des adultes. Le plus incroyable étant que, d’après ses dires, ses parents ont accepté. Mon père m’aurait remis les idées en place avec deux paires de claques voire son poing. Sa virée dure depuis plus d'un an maintenant et il n’a plus du tout envie de rentrer.
Il ne me propose pas de l’accompagner uniquement pour être aimable avec moi. Il sait que je meurs d’envie de le suivre, il a manoeuvré en ce sens depuis le début.
Je sais qu'il n’est pas sincère dans sa façon d’agir avec moi. Je crois qu'une part de moi l’a toujours su. Malgré cela, lorsqu'il m'a délicatement embrassé quelques jours seulement après mon installation, j'ai compris que j'allais très vite être accro à ses lèvres. Clovis, ma seule expérience amoureuse, m'embrassait peu. A sa décharge, les quelques fois où nous arrivions à nous voir, ma peur d’être surpris par mon père ou quelqu'un qui pourrait l'avertir, limitait les effusions trop visibles. Pas trop étonnant qu'il m’ait fait faux bond !
Éric utilise ses atouts pour obtenir ce qu'il désire. Il en joue avec tout le monde. Cela a dû fonctionner un temps avec les deux frères mais ceux-ci sont expérimentés et décryptent assez vite les caractères des uns et des autres. Avec lui, nous sommes les deux seuls jeunes de la communauté. J’ai donc comblé ce qu'il redoute le plus, la solitude.
[....]
Il est une fois de plus déchiré. L'odeur de vomi me monte au nez et je contrôle difficilement mes hauts le cœur. Je le tire vers moi, et le porte jusqu'à la douche. Je le déshabille machinalement et le lave. Ce geste n’a plus rien de comparable à nos danses sensuelles des premiers mois. Son corps est à la limite de la maigreur. Ses absences répétées dans les différents boulots que je lui ai trouvés aboutissent quasi constamment à un renvoi. Cela m'oblige à travailler plus pour compenser. Mon salaire suffit à peine à payer les frais. Je dissimule ce que je gagne en liquide dans des lieux improbables mais il retourne la maison pour mettre la main dessus. Les cadavres de plusieurs bouteilles d'alcool traînent près du canapé. La crise de manque a dû le pousser à sortir et sans argent, je suppose qu'il a dû se prostituer en échange d'un cachet quelconque. Aucune trace de piqûre mais je sais pertinemment que cela ne durera pas. Je ne travaille pas aujourd'hui, nous devons discuter.
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À la coque ( le goût de la vie)
RomanceLorsqu'un matin, Brice débarque chez son oncle Stéphane dans une petite commune du Sud-Ouest, c'est un événement. En effet , le jeune homme a disparu depuis plus de trois ans sans aucune explication. La parenté mais surtout une relation amicale, d...