Peine de cœur

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Letizia se retira en refermant son chemisier. Prisca regarda timidement Athénaïs et murmura, cachée dans sa carte.

- Elle n'en a pas envie.

- Articule quand tu parles et répète-moi ça plus fort.

- Elle n'en a pas envie, déclara-t-elle plus fort. Elle ne veut pas venir à la maison après la fermeture de son restaurant. Elle n'a pas envie de vous voir ouvrir son chemisier ni de sentir votre main se poser sur ses fesses. Il y a un problème.

- Comment peux-tu savoir ça ? Tu ne connais pas Letizia, tu ne nous as jamais vu ensemble. Comment peux-tu déduire ça de son langage corporel ?

- J'ai toujours été comme ça, murmura-t-elle apeurée. Je vois les choses, je les comprends et je ne peux pas expliquer comment je fais.

- Je suis impressionnée. Tu vas m'être un atout très précieux. Choisis ce que tu veux manger.

- A quoi j'ai le droit ?

- Choisis ce qui te plait. Tout ce que nous mangeons ici nous est offert.

Prisca choisit donc un plat de lasagnes et Athénaïs un risotto aux asperges. Letizia revint prendre leur commande avec un sourire crispé. Elle s'approcha d'abord d'Athénaïs qui regarda son chemisier. Letizia s'empressa de le rouvrir, les mains tremblantes mais Athénaïs l'arrêta et elle l'interrogea.

- C'est la vérité, tu n'as pas envie de moi ?

Letizia cessa de respirer quelques secondes et elle fit un pas en arrière. Ses yeux allaient de Prisca à la Señora sans parvenir à fixer une émotion précise.

- Regardes moi et réponds, ordonna la Señora.

- Je... j'ai... je ferais ce qu'il faudra que vous n'ayez pas besoin de me remplacer.

- Ce n'est pas la question, Leti. Je veux savoir si tu as encore envie de moi ou pas.

- Oui...

Athénaïs regarda Prisca pour avoir son avis. La jeune fille regarda la restauratrice puis Athénaïs. Elle secoua la tête sans oser parler.

- Je t'écoute.

- Elle ment, souffla-t-elle. Je... je crois qu'elle ment. Elle tremble et elle transpire. Je crois qu'elle ment. Je suis désolée...

- Prends nos commandes et viens t'asseoir avec nous.

Lorsqu'elle eut envoyé les commandes en cuisine, Letizia vint s'asseoir avec les deux femmes. Elle garda les yeux baissés et les mains sur son chemisier.

- Prisca a un don pour comprendre le langage silencieux des gens. Si elle me dit que tu as menti, c'est que tu as menti. Je ne t'en veux pas, pas encore en tout cas. En revanche si tu ne me réponds pas rapidement, ça ne va pas s'arranger.

- J'ai plus envie de vous, Mama. J'ai plus envie...

- Depuis quand ?

- Cinq mois.

Athénaïs regarda Prisca pour avoir son avis. La jeune fille acquiesça.

- Pourquoi ce soudain changement ?

- J'ai rencontré quelqu'un.

- Homme ou femme ?

- Femme.

- Vas-tu me la présenter ?

- C'est une gamine... elle a rien demandé, elle mérite pas de mourir...

La MamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant