Le professeur

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Prisca la regarda sans comprendre. Elle avait autorisé une femme qu'elle ne connaissait pas à l'appeler Mama alors qu'elle-même ne pouvait pas le faire. Elle enleva sa main de celle de la Señora.

- Qu'y a-t-il ?

- Rien.

- Tu ne vas pas m'obliger à te frapper devant tout le monde quand même ? Je le vois quand tu me mens, tu le sais pourtant ?

- Je suis désolée.

- Qu'est-ce que tu as ?

Prisca baissa les yeux et la Señora releva son visage.

- Est-ce qu'il y a un problème ? lui demanda Annalisa.

C'est en voyant le regard que Prisca lui jeta qu'Athénaïs comprit.

- Nous en parlerons à la maison.

- Si... Señora.

- Ne fais pas la tête.

Prisca se dégagea de son emprise et elle baissa les yeux.

- Anna, tu permets que je t'appelle Anna ?

- Bien sûr, Mama.

- Tu seras devant ma porte demain dès 9 heures.

- Si Mama.

- Très bien. Il est temps pour moi de rentrer. Je vous souhaite une bonne après-midi, Señoritas.

- Bonne après-midi, Mama.

De retour à la maison, Athénaïs s'installa dans son bureau. Prisca s'assit en face d'elle, la tête baissée : elle savait qu'elle allait se faire réprimander.

- Qu'est-ce que tu m'as fait, tout à l'heure ?

- C'était rien.

- Ça t'arrive souvent de faire rien ?

- Non, Señora. C'est la réponse la plus facile que j'ai trouvé à vous donner.

- C'est idiot, parce que je ne vais pas me contenter de ça.

- Je sais.

- Alors je t'écoute. Parles moi.

Prisca prit une grande inspiration et elle assena :

- Je suis jalouse qu'elle puisse vous appeler Mama et pas moi.

Athénaïs l'observa avec curiosité et Prisca continua :

- Je vous connais depuis plus longtemps qu'elle et vous ne m'avez toujours pas autorisé à vous appeler Mama. Je suis jalouse qu'elle ait ce privilège et pas moi.

- Tu vois, quand tu t'expliques, je suis moins énervée.

- J'aurais pas dû vous mentir.

- Ça nous le savons toutes les deux. Ce que nous ne savons pas c'est si je vais t'autoriser à m'appeler Mama ou pas.

- Ce n'était pas prévu ?

- Je n'aime pas prévoir ce genre de choses à l'avance. On ne sait jamais ce qui pourrait se passer.

Prisca n'ajouta rien. Elle se contenta de faire son travail.

Le lendemain après-midi, le professeur que la Señora avait appelé sonna à la porte. C'est Prisca qui lui ouvrit et elle la conduisit jusqu'au bureau. Athénaïs se leva, un grand sourire aux lèvres.

La MamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant