Oublier

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Esméralda quitta la maison et Prisca s'enferma dans sa chambre. Elle y resta jusqu'au diner et elle refusa de sortir quand Maria vint la chercher pour manger. Maria, mortifiée s'approcha d'Athénaïs qui était déjà attablée.

- Mama... Elle ne veut pas venir. Elle dit qu'elle n'a pas faim.

Athénaïs se leva et s'arrêta devant la porte de la chambre. Elle fouilla dans sa poche et en sortit la clé.

- Ce n'est pas dans ton intérêt de m'obliger à ouvrir cette porte moi-même.

- J'ai pas faim, gémit-elle.

- Peu m'importe. Je veux que tu te mettes à table avec moi.

Prisca sortit de la chambre. Athénaïs leva son visage vers elle.

- Tu as pleuré ?

- Si...

- Pourquoi ?

- Vous avez fait violer une jeune fille et vous m'avez obligé à regarder. Vous m'avez maintenue contre vous et vous avez relevé mon visage pour que je la regarde hurler de douleur. Et vous me demandez pourquoi j'ai pleuré ?

- C'est ainsi Prisca. Je devais le faire. Elles devaient payer.

- Lessie n'y était pour rien. Elle n'avait rien fait de mal.

Prisca prit une grande inspiration et elle se mit en colère.

- C'était seulement votre égo qui en a pris un coup parce que votre compagne a choisi une copine plus jeune que vous !

La gifle qui rougit sa joue la jeta à terre. Elle fondit en larmes aux pieds d'Athénaïs. La maitresse de maison l'empoigna par le bras pour la lever. Elle l'assit sur une chaise de la salle à manger et saisit son visage.

- Est-ce qu'il faut que je t'attache à la table ?

Prisca secoua la tête en retenant ses larmes.

- Je te donne la béquée aussi ou ça ira ?

- J'ai pas faim...

Athénaïs se rassit et elle entama son diner. Prisca ne mangea pas. Elle se contenta de regarder fixement son assiette.

- Mange au moins un peu de pain, ça te remplira l'estomac.

- Vous allez me tuer.

- Tu sais très bien que non.

- Vous m'avez battue.

- Si je t'avais battue, tu aurais mis trois jours à te relever. Je t'ai giflée, c'est tout.

- Vous avez aimé faire ça ?

- C'est quoi cette question ? Bien sûr que non, je n'ai pas aimé te frapper.

- Et vous avez aimé regarder Francesca violer Lessie.

Athénaïs mit quelques secondes avant de répondre : ce genre de spectacle ne lui était pas inconnu et ça ne la dérangeait pas d'habitude.

- Non. Ce n'était qu'une enfant.

Après le diner, les frères d'Athénaïs les emmenèrent au Madison, le bar le plus luxueux qu'Esméralda possédait. Prisca observa l'imposante entrée, il y avait un comptoir sur la droite, où l'on déposait sa veste. Il y avait quelques fauteuils aussi et une petite table ronde où était posé un bouquet de lys blancs. Pour entrer dans la pièce principale, il fallait écarter un lourd rideau de velours pourpre. Les lumières étaient tamisées, les tables rondes étaient entourées de banquettes qui formaient des alcôves intimistes.

La MamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant