Epilogue

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Rey a la gorge serrée. À côté d'elle, Ben ne dit rien. Il garde les yeux rivés sur le hublot de l'avion, et elle sur la tablette relevée du siège de devant. Aucun des deux ne parle. Il n'y a pas besoin.

À peine une heure plus tard, les deux jeunes mariés se séparent. Ben emprunte le couloir de gauche, et Rey est escortée par un policier dans un couloir de béton gris insipide. Elle défile devant une multitude de cellules vides, jusqu'à arriver devant l'une d'entre elle.

James Portner lève deux yeux fatigués vers elle. La psychologue s'attendait à le trouvé affolé, malade. Au lieu de ça, bien qu'au vu du profil de cet homme elle s'y attendait, elle le trouve souriant, apaisé. Rasé de près, fringuant, il se lève pour la regarder dans les yeux. Rey déglutit et se force à soutenir ce regard fou.

- Vous êtes venue, dit-il d'une voix douce. Je vous remercie, mademoiselle Palpatine.
- J'aurais été mal avisée de refuser votre dernière volonté, répond Rey d'un ton calme mais cassant.
- Vous êtes surprise que je n'ai pas peur, n'est-ce pas ?
- Non. Vue votre mégalomanie, je me doutais qu'elle vous suivrait dans la tombe.
- Mais vous, ça vous fait peur.

Rey hoche la tête.

- Même dans le couloir de la mort, vous êtes encore convaincu que vous avez fait le bien, dit Rey en appuyant chacun de ses mots.

Le sourire de James Portner s'agrandit. Si ces barreaux ne la séparaient pas de lui, la jeune femme lui aurait probablement collé son poing dans la figure. Mais elle se rappelle aussi de ce qui s'est passé la dernière fois qu'il n'y a rien eu entre elle et lui. Elle a failli y laisser sa peau.

- Mais je vais vous dire ce qu'il en est réellement, coupe-t-elle avant que le condamné n'ait pu ouvrir la bouche. Le père Carter n'était rien de plus qu'un fanatique qui n'a pas su interpréter correctement la parole de Dieu, et qui a profité de votre faiblesse pour vous pourrir de l'intérieur. Vous avez été le pire de Ses serviteurs.

Le sourire de James fond comme neige au Soleil. Enfin, elle a l'ascendant sur lui. La peur s'est évaporée, les images de l'arrière-salle de l'église qui s'étaient imprimées sur sa rétine alors qu'elle marchait dans le couloir se dissipent, et elle le voit clairement à présent. Le condamné ouvre la bouche pour parler, mais Rey ne lui laisse pas le temps de répondre.

- En fait, vous n'avez même pas été Son serviteur, renchérit la psychologue. Vous n'êtes qu'un pauvre agneau qui s'est cru assez important pour décider à Sa place qui devait vivre et qui devait mourir. Il n'y a que Dieu qui peut juger, et vous n'aviez aucun droit de parler en Son nom. Voilà pourquoi vous êtes ici.

Un bref silence se fait, puis le sourire de James se réimprime sur son visage.

- Je Lui demanderai quand je le verrai.
- Très honnêtement, je ne pense pas que vous en apercevrait un dixième de Lui. En revanche, Satan... j'espère que vous vous entendrez bien tous les deux. Vous êtes partis pour une très longue cohabitation.

Rey n'attend aucune réponse. Elle rompt le contact visuel, jette un regard vers le gardien qui l'a accompagné, et fait demi-tour pour rejoindre Ben.

Elle le trouve livide, assis dans les gradins. Quand elle s'assoit à côté de lui, Ben glisse ses doigts dans les siens, et serre.

- Tout le monde va venir s'agglutiner ici comme si c'était un putain de match de football, grogne-t-il.
- Je sais, c'est irréel.
- Il n'y a qu'aux États-Unis qu'on peut voir quelque chose d'aussi décalé que ça.
- Ben, si tu ne veux pas faire ça, je comprends totalement...

Les doigts de son mari se pressent un peu plus dans sa main.

- Non. Ce type m'a arraché ma sœur, celles d'autres personnes. Il a tué des filles, des étudiantes qui n'avaient rien demandé. Il a failli te prendre toi. Je ne dormirais bien que quand j'aurais la certitude qu'il ne pourra plus jamais faire de mal à qui que ce soit.

Rey comprend. Elle aussi, depuis qu'on l'a sorti nue de cette pièce sordide, elle en fait des cauchemars. Il est temps qu'elle et Ben vivent en paix.

Une heure plus tard, les gradins sont à moitié remplis. Rey reconnaît le juge, l'avocat de James, les policiers qui l'ont sortis du bloc, le procureur de la République. À la dernière seconde, juste avant l'entrée de James dans la pièce vitrée, elle remarque Poe qui se glisse à côté de Ben et qui s'assoit en silence.

Rey, tout comme Ben, prête à peine attention aux dernières paroles de James, alors que celui-ci et sanglé à la table d'exécution. Elle ne regarde pas non plus le médecin en charge d'injecter le cocktail létal lui brancher sa perfusion. La jeune femme ne lèvera les yeux que pour regarder le moniteur, à côté des pousses-seringues. Elle voit le cœur de James Portner battre, les seringues se pousser une à une lorsqu'il est endormi.

Quand enfin la courbe s'amoindrit pour s'aplatir, Rey ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. Ses doigts se serrent dans la main de Ben, et elle s'entend penser :

"Tant mieux, tu l'as bien mérité."

Tu seras bénie entre les femmes [STAR WARS - REYLO][TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant