Tu seras bénie entre les femmes [STAR WARS - REYLO][TERMINÉE]

Chapitre 28

Hello !
Pour une fois, le chapitre est à l'heure :)
Tout ça va commencer à s'accélerer un petit peu à partir de là...
Bonne lecture !
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Rey a passé la journée à lire chaque page, chaque mot de ce fichu carnet. Au fur et à mesure, elle a cessé de lutter contre les larmes, cessé tout combat contre sa peur assourdissante qui tente de s'emparer d'elle chaque jour que Dieu a fait depuis la mort de Madeleine. Elle a lu les mots de Lila, et s'est reconnue en tout point. Pas une seule chose de ce que Rey a pu ressentir depuis sa naissance est différent d'elle. Le seul point qu'elles n'ont pas en commun, c'est la vie.

Rey a alors tourné en rond comme un requin en cage, ravalant ses larmes, essayant de se protéger derrière une logique inexistante. Peut-être que Ben avait une raison de lui cacher ça. Peut-être qu'il a fait ça pour la protéger, pour l'aider à aller le mieux possible en sachant qu'elle était vierge et avait peur d'être une victime de ce fou. Il est tard, Rey s'est rassise, les larmes aux yeux, la rage au ventre. La conclusion de cette réflexion a été très simple : Ben n'a aucune excuse.

Quand il a passé la porte, sourire aux lèvres, Rey a explosé. Si elle en avait eu la force, elle lui aurait cassé la gueule. Mais, en le voyant aussi désemparé et aussi craintif face à sa colère, la jeune femme n'a même pas daigné lever la main. Ben ne mérite pas tant d'effort, il l'a prouvé par sa négligence et par les informations qu'il lui a caché. Il est là, devant elle, et il ne sait pas quoi dire. C'est tant mieux.

- Le compte-rendu de l'autopsie, il dit quoi ? demande-t-elle à demi voix, respirant profondément, tentant de calmer sa colère.

- Pas de suture, mais même nettoyage à la Bétadine gynécologique. Comme les autres, en moins bien.

- Le journal raconte qu'elle était partie se confesser peu de temps avant sa mort.

Ben ouvre la bouche pour répondre, mais s'abstient. Rey renifle, chasse une larme avec la paume de sa main.

- Donc tu savais, depuis tout ce temps, et à aucun moment tu n'as osé me le dire. Je sais que ça peut être difficile de faire face au deuil, que beaucoup choisissent l'évitement. Mais bordel Ben, il ne s'agit pas que de ta sœur ici.

Le jeune homme ne répond pas. La désolation qui marque son visage disparait peu à peu. Rey ne s'en rend pas compte. La colère l'aveugle, et elle se fiche bien de ce que Ben peut ressentir.

- Tu t'es bien foutu de ma gueule, grogne-t-elle. Tout ça c'était calculé depuis le début, et comme une idiote, je suis tombée dans le panneau. Tu m'as caché l'histoire de ta sœur pour quoi au juste ? Que j'aie pas peur ? 

- Non, répond Ben sur un ton posé, calme.

- Quoi alors ? T'étais amoureux d'elle et tu veux pas qu'on le sache ?

Sous le coup de la colère, Rey ne s'est pas rendue compte du ridicule de sa phrase. Après tout, dans un monde de dingue où Dieu n'est jamais présent quand on a besoin de lui, qui n'est pas capable de faire en sorte que ses plus fervents croyants ne soient pas des salopards finis, elle peut s'attendre à tout.

Ben, resté calme jusqu'ici, rit aux éclats. Quand il cesse, après une trentaine de secondes, c'est une colère similaire à celle de la jeune femme qui déforme ses traits.

- Rey, tu es pathétique, soupire-t-il.

- Ça ne répond pas à ma question.

- Parce qu'elle était sérieuse en plus ? Non, je ne suis pas amoureux de ma sœur. Nous étions juste très proches.

- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé alors ? s'écrie Rey.

Ben soupire. Son visage se tend de plus en plus. Ses lèvres charnues se pincent à en blanchir, son regard abyssal donne l'impression de pouvoir tout engloutir.

- Vraiment Rey Palpatine, tu es la pire psychologue que je connaisse.

Rey ouvre la bouche pour répondre, mais le jeune homme ne lui laisse pas le temps d'en placer une.

- La confiance, tu connais ? C'est quelque chose qui s'acquiert avec le temps. Tu pars du principe que les gens qui s'adressent à toi vont pouvoir tout te raconter immédiatement. Tu crois être investie d'une mission divine, ou que sais-je, mais tu n'as rien de plus que les autres. Je ne t'ai pas raconté l'histoire de ma sœur parce que je ne te connaissais pas assez pour ça. Et maintenant que je vois ta réaction, je me rends compte que j'ai eu tort de faire ça.

La psychologue s'arrête net. Elle se rend compte que la tirade de Ben l'a empêché de respirer, que chaque mot qu'il a prononcé lui a fait l'effet d'un coup de couteau en plein cœur.

Toues les remarques cinglantes qu'elle a eu envie de lui balancer au visage ne sont plus que poussière. Les bras ballants, elle se retourne, et balaye la pièce du regard. Sans un mot pour Ben, elle range sa pile de papier, son ordinateur, et les quelques vêtements qu'elle a laissés dans la chambre. Quand elle a fini de tout ranger dans son sac de voyage, elle revient se poster devant Ben. Elle le toise, impassible, tandis que lui serre les poings.

- Laisse-moi passer, gronde-t-elle. Je rentre chez moi.

Ben pouffe.

- T'es ridicule. C'est pathétique d'avoir peur pour sa virginité. Pathétique d'avoir peur d'un tueur, tu lui donnes raison.

- Ben, pousse-toi avant que je m'énerve pour de bon.

Celui-ci pince les lèvres, la toise. Quelque chose dans son regard est désolé, mais ça n'adoucit pas Rey. Ce qui a été dit ne s'oublie pas, et elle ne peut pas faire semblant de ne pas avoir été touchée.

- En attendant, reprend Rey, vu que tu sais si bien pirater les gens, essaye de chercher la liste des gynéco des centres de soins. Le genre de personne vers qui se tournerait une jeune fille très catho qui n'ose pas demander de l'aide à ses parents et qui a peur de se faire juger sur ses pulsions.

Ben ne répond pas. Il fait un pas de côté, lui laisse l'accès à la porte. Rey l'ouvre, la franchit. Ses doigts tremblent sur la poignée, une boule se forme dans sa gorge. Elle la referme, inspire un grand coup, et traverse le couloir sans se retourner, les larmes aux yeux.

Au loin, elle entend un bruit de verre cassé, et des fracas.