Hello !
J'espère que votre semaine s'est bien passée :)
Pas grand chose à dire sinon, j'aurais seulement une question à la fin du chapitre !DISCLAIMER : cette partie du chapitre fait mention de deuil.
-----------------------------Ben a la gorge serrée. Le froid hivernal lui mord les joues comme un loup affamé, le vent lui ébouriffe un peu plus les cheveux. La neige a recouvert la pierre tombale, le nom est à peine visible. À côté de lui, Poe, grelotte, les lèvres bleues, l'écharpe couverte de petits flocons humides.
- J'espère qu'on sera pas bloqué au retour, grommelle-t-il.
- J'espère pas non plus, mais si jamais, t'en fais pas pour tes cours, Rey comprendra.
- Elle comprendra, ou tu es prêt à te prendre la tête avec elle pour la convaincre de passer l'éponge sur mon absence ?
Ben sourit, mais ne répond pas. Il sait que Rey comprendra. En regardant la pierre froide, morte, il se rappelle du visage froid de la jeune femme qui est enterrée ici. Il se rappelle ses longs cheveux noirs, de sa grande bouche, de ses yeux profonds qui s'étirent et se plissent quand elle sourit.
La bouche de Ben se renfrogne. La joie passagère qui s'est emparée de lui est aussi fanée que les fleurs en cette saison. Ça n'est ni le lieu ni le moment pour parler de Rey. Ben n'a pas fait tout ce chemin pour ça. Pourtant, quand il dirige ses yeux vers la pierre tombale, il la voit. Lila est là, assise sur la pierre. Elle le regarde en souriant, et les yeux de Ben se voilent. Il serre les dents. À côté de lui, Poe évite soigneusement de le regarder. Il sait l'état dans lequel il est. Il le sait, parce qu'il le vit lui aussi. Tous deux regardent Lila, qui les regarde tour à tour.
"Tu sais Benny, un jour il faudra que tu t'y fasses..." entend-t-il.
Le jeune homme ouvre la bouche pour rétorquer, mais sa gorge se serre. De toute façon, ça ne sert à rien. Elle peut très bien l'entendre sans qu'il ait à parler. Malheureusement. Il scrute cette fossette, ce grand nez qui se fronce quand son regard devient espiègle.
"C'est trop tôt" pense Ben, fermant ses poings pour éviter de les laisser trembler.
Poe sanglote silencieusement. Pour lui aussi, c'était vraiment trop tôt. Mais avait-il le choix ? Serait-il rentré à New-York l'esprit serein s'il n'était pas passé par ici avant de repartir ? Certainement pas. Ben le sait. Autant affronter les choses maintenant. Ça fait trois ans, et si trois ans n'est pas assez alors dix ne le sera pas plus.
Finalement, Ben reste là sans rien dire. Les mots lui manquent, alors il regarde Lila dans les yeux, et rien de plus. Le chagrin de Poe lui brise le cœur. Ses mains tremblent. Il a soif. Soif d'alcool, soif de rage. S'il était chez lui, il aurait probablement trouvé quelque chose à casser. Au lieu de ça, il inspire un grand coup, expire, et tapote l'épaule de son ami. Il est temps d'y aller. Leur travail ici n'est pas terminé.
Quelques heures plus tard, Ben est pâle. Il est assis sur un des nombreux sièges en métal de la salle d'attente, écoutant passivement la voix grésillante du haut-parleur qui annonce les vols en partance. Il rêverait de n'importe quoi qui le sorte de son mal-être. Le haut de son corps est triste, se retenant de pleurer. Ses jambes tremblent et ont envie de décocher des coups de pieds.
Une voix annonce encore un vol pour Chicago. Ben tourne la tête vers la gauche, où se trouve un siège vide. Il est surpris d'y voir Lila, assise, jambes croisées. Elle lui sourit, comme toujours. Le jeune homme cligne des yeux. Il n'est pas sûr que ce soit Lila. Il voit des traits singuliers qui ne sont pas les siens. Il voit des yeux hazel. Il voit des cheveux ondulés, bruns, indisciplinés. Il voit un sourire tendre.
Quand la femme ouvre la bouche pour lui parler, il entend deux voix :
"Tout va bien, Ben."
Il y a la voix de Lila, forcément. Mais le ton plus chaud qu'il entend est celui de Rey. Un frisson le parcourt. Que doit penser Rey ? Est-elle inquiète de ne pas avoir de nouvelles de lui ?
Oui, de toute évidence, puisque son téléphone sonne, affichant son nom. Il décroche sans plus attendre, presque heureux d'entendre sa voix.
- Ben ? appelle-t-elle. Tu es où ?
- A l'aéroport. Je... je rentre de Denver dans pas longtemps. Mon vol est dans quarante-cinq minutes.
- Oh... d'accord. J'ai été cherché l'amie scout des filles, Eve. Elle m'a assuré leur avoir donné le numéro du docteur Portner, mais ne jamais avoir su qu'il n'avait pas pu les prendre en rendez-vous. Du coup c'est une piste morte. Je ne pense pas qu'elle mente.
Un bref silence se fait. Ben n'ose rien dire. Il écoute juste la voix de Rey, ferme les yeux, et l'imagine près de lui.
- Ben, tout va bien ?
- Euh... oui, oui tout va bien.
Rey va enchainer sur une histoire liée à l'enquête. En temps normal, Ben aurait écouté attentivement, mais là, il veut juste oublier tout ça l'espace d'un instant.
- Rey, j'aurais besoin de toi tout à l'heure. Quand j'arriverai à l'aéroport. Enfin quand je serai à mon appart, plutôt. Tu seras là ?
- Bien sûr ! s'exclame-t-elle. Tu me fais un peu peur, mais je serai là.
- J'aurais besoin que tu m'accompagnes quelque part ce soir...
- D'accord.
Ben se mord les lèvres. Raccrocher lui fait peur. Poe est une compagnie, certes, mais l'état dans lequel il est depuis qu'ils ont quitté le cimetière lui donne l'impression d'être seul. S'il raccroche, il le sera vraiment.
- Ben...
- Hm ?
- Tu sais que je suis là pour toi, hein ?
Une larme lui échappe sans qu'il n'ait le temps de la retenir. Ben déglutit en ayant l'impression d'avaler un couteau enduit d'acide.
- Oui... je sais...
C'est tout ce qu'il parvient à articuler. Elle lui murmure un "à tout à l'heure" qui réchauffe son cœur et le fait sourire. Ben sombre petit à petit. Tout dérape, il se noie dans trop d'émotions à la fois. Poe lui tapote l'épaule pour le faire redescendre quand la voix dans le haut-parleur appelle pour leur embarquement.
Dans l'avion, Ben scrute un petit cahier noir à paillettes. Il pince les lèvres, le visage rouge. Il a en tête le visage ridé et flasque de son père, qui a l'air d'avoir pris cinquante ans d'un coup, les rides et les cernes violets de sa mère, qui ne doit plus dormir depuis trois ans. Le jeune homme n'ose pas ouvrir le cahier. Dedans se trouve peut-être ce qui peut l'aider à réunir sa famille, mais peut-être aussi la raison pour laquelle elle est brisé. Ben est seul. Rey lui est d'une aide précieuse, tant pour ce qu'elle fait que pour le soutien mental qu'elle lui apporte sans le savoir. Mais ses parents lui manquent. Sa sœur lui manque. Ça fait trois ans que sa famille a volé en éclat, et Ben ne le supporte plus. Noël approche et il se rappelle qu'une fois de plus, il ne le passera avec Rey que parce qu'il a été trop alcoolique pour réussir à garder ses proches près de lui. Ben a échoué sur tous les plans. Mais c'est vrai, ce que son père lui a dit. Ils n'ont pas aidé à améliorer la chose, eux non plus. Gérer le deuil de son enfant est compliqué. Finalement, Ben ne leur en veut plus trop. Aucun parent n'est parfait, après tout.
Ben retrouve Rey cinq heures plus tard. Quand il est sorti de l'avion, il lui a envoyé un message. Elle était à l'église, alors elle lui a promis de se dépêcher pour ne pas le faire attendre quand il serait de retour chez lui. Il devine qu'elle a senti, au ton de sa voix, que Ben va avoir besoin d'elle. Dans le métro, quand il ferme les yeux pour faire abstraction des gens qui braillent, des idiots racistes qui changent de fauteuil voire de wagon juste parce qu'une personne de couleur a osé s'asseoir à côté d'eux, des enfants que les parents laissent hurler, il voit le visage de Rey, qui lui sourit, qui lui susurre que tout ira bien, que tout va déjà bien. Ben n'y croit qu'à moitié, mais c'est déjà suffisant. Sans elle, il n'y croirait pas du tout.
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Tu seras bénie entre les femmes [STAR WARS - REYLO][TERMINÉE]
ФанфикRey est une jeune doctorante en psychologie, que ses problèmes de famille rendent de plus en plus célèbre. Ben Solo est un jeune homme solitaire, renfermé, et dont le travail est plus qu'illégal. Rien, absolument rien, ne les relie. Jusqu'au jour...