chapitre 1

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" Je sais qui tu es, je me souviens de toi.

Je ne t'ai pas oublié et ne pense pas que je pourrais le faire un jour.

Tu t'appelles Salif et au moment de notre rencontre, tu devais avoir entre 18 et 19 ans.

Je me souviens de comment tu t'étais habillé ce jour là: c'était notre deuxième jour de classe en terminale et on avait cours de physique chimie.

Je me souviens m'être tellement ennuyé à ce cours que j'avais décidé de sécher le suivant.

Je portais mon sac et m'apprêtais à sortir de la classe quand Daba m'a interpelé pour me charier sur ma réputation d'école buissonnière.

J'en rigolais avec elle quand je t'ai aperçu car contrairement à moi, tu avais séché le premier cours et venait d'arriver pour le second.

C'était la première fois que je te remarquais.

Tu étais habillé d'un jean délavé, d'un tee-shirt noir marqué d'écriteaux gris des plus simples avec des sandales et avais la tête mal coiffé.

Et pourtant malgré cet accoutrement, on pouvait encore déceler une grande beauté en toi.

Tu avais déjà ta barbe de trois jours et j'aimais ce côté négligé qui reflétait un certain rébellion de ta part et...force est d'admettre que tu étais extrêmement beau, Salif.

Ton accoutrement ne pouvait cacher la beauté de tes grands yeux, ton teint marron clair et tes lèvres exagérément rosées.

M'étais-je attardé à te regarder? Je ne sais pas. Je me souviens juste que nos regards se sont accrochés pendant quelques secondes avant que je ne me décide à jouer la carte de l'ignorance, toujours égale à moi-même...lol.

Tu t'es levé suite à ce petit échange pour me dépasser en empruntant la sortie et à ce moment là, je me suis rendu compte que je n'étais pas la seule à être conquise par toi: mes interlocutrices l'étaient toutes.

Et alors que je me suis battu pour enfouir cet étincelle de jalousie absurde qui venait de pointer en moi, je me suis tout de même ressaisi pour leur poser la question de savoir:

-Il est dans la classe, celui-là?

Elles m'avaient toutes regardés bizarrement avant que Inty ne me demande comme si j'étais une extraterrestre:

-Attends...tu ne connais pas Salif Beye toi?

- Euh...je devrais?

Avais-je demandé et Daba m'avait répondu:

- Mais il est hyper connu dans tout le lycée! Il traînait avec le groupe de Babacar, même qu'il l'y remplace vu que Bab's a décroché son bac l'an dernier...

-Lui, par contre il a redoublé...quelle chance qu'il soit dans notre classe!

-Ah!

Avais-je sorti sans pour autant m'attarder sur tout ce qui se disait sur toi.

Car personnellement, à cet instant j'étais déçue.

Je n'ai pas aimé le fait que tu aies été si célèbre, si convoité...

Alors je m'étais efforcé de ne plus penser à toi.

Après tout je n'en avais même pas le temps.

Mon esprit était encore tourmenté par tout ce que je traversais moi, j'avais bien d'autres chats à fouetter.

Et en plus de ça, il y'avait le bac qui m'en prenait déjà assez.

Alors normal que je t'aie presque oublié le reste de cette semaine surtout que tu n'es plus venu en cours.

                          *****

Le lundi suivant, j'étais en retard.

J'avais quitté chez moi plutard que d'habitude car j'avais dormi assez tard la veille.

J'avais quasiment supplié le gardien de me laisser entrer dans le bâtiment et une fois en classe, j'étais soulagé de voir que le prof n'était pas encore arrivé.

Et donc une fois en classe, je discutais avec Daba, qui se mettait toujours devant, pour lui demander de me passer ses notes de la semaine passée tout en cherchant du regard une place de libre.

Mes yeux s'étaient à nouveau posé sur toi: tu me regardais et pour cette fois, pour une raison qui m'échappais, j'avais fui ton regard pour placer le mien vers la place que j'avais repéré tout au fond de la salle.

Bien sur après ça, j'avais promené mes yeux de ton côté mais tu t'étais déjà mis à parler à Bigué et Leina: deux filles que...je n'aimais pas tant que ça.

Je me rappelle que tu me demandais souvent ce pourquoi je n'appréciais pas ces filles : en fait ça remonte à ma première. On a eu à nous disputer en fin d'année et malgré que l'on se soit réconciliée, je n'arrivais plus à parfaitement m'entendre avec elles.

Je les ai vu se rapprocher de toi, normal elles ont tout fait pour t'adresser la parole et toi, ça se voyais que leurs numéros de charme ne te laissait pas indifférent.

Quand je les voyais à la pause se mettre autour de toi, à t'écouter religieusement leur raconter des anecdotes, mon petit cœur en brûlait de rage: rien à voir avec de la jalousie, je t'assure.

C'est juste que je ne supportais pas ce que tu représentait: les garçons qui étaient dans le voyeurisme et qui étalaient leur succès devant les autres.

Laisse-moi t'avouer qu'avec Idy et Charles, on a une fois fait cette remarque sur toi en ton absence, Salif: tu m'énervais.

Et tu as dû t'en rendre compte le vendredi même de cette semaine de cours.

Comme toujours, je quittais la classe avant tout le monde en séchant le cours d'anglais et au moment où je discutais avec le responsable du devoir déjà prévu la fin du mois, mon regard est tombé sur le tien.

Je t'avais encore surpris en train de m'observer.

Et pour cette fois, je n'avais pas baissé le regard.

Au contraire, je l'avais soutenu et tu m'as sûrement vu te regarder mal et à cet instant, tu avais souris.

Etais-tu amusé par ma réaction ou bien ce sourire c'était juste pour te moquer de moi, Salif?

Quoiqu'il en soit; je n'ai pu te supporter davantage alors je suis sorti de la salle sans plus t'adresser une quelconque importance.

Comme L'éclairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant