chapitre 10

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P.d.v. de Matel

8h 54mn et madame Thiam torturait déjà nos neurones avec les nombres dérivés: chapitre auquel je ne comprenais strictement rien mais que je suivais tout de même juste pour ne pas perdre plus de temps dans mes révisions.

La classe était calme, concentrée mais surtout bondée.

Il faut savoir qu'il s'agissait d'une classe plutôt sérieuse et travailleuse. Les rares élèves qui ne respectaient pas l'horaire des cours c'étaient nous Salif, toi, moi, Malik, Ndeye Sarr et Édouard.

Les cinq brebis galeuses nous appelait le surveillant général, tu t'en rappelles?

Même si moi je n'étais pas d'accord avec ce surnom. Parce qu'on avait peut-être la réputation de faire l'école buissonnière, on avait toujours de bonnes notes, enfin la plupart du temps.

Nous au moins on ne s'habillait pas comme des frivoles à l'instar de Leina, Élisa ou Yahara.

On ne perturbait pas les cours comme Paul, Inty et Aliou ou Kiné et Astou avec leurs commérages.

Nous n'étalions pas non plus notre richesse comme la princesse Sokhna qui faisait sa star avec son groupe de lèches-bottes les Mamy et consorts.

D'accord, nous n'étions pas des élèves modèles comme Mamadou, Binetou Vincent et Aicha, toutefois je ne nous considérait pas comme les pires non plus.

Je fixais les chiffres sur le tableau, étiquettant nos camarades au lieu de me concentrer quand j'ai reçu une antiseche portant un mot d'Elisa.

Ton Elisa!

Tu sais Salif, avant de te connaître, je me serais dit que vous faisiez la paire: une bimbo vulgaire et un play boy écervelé.

Mais en ayant appris à te connaître, j'ai découvert que vous ne colliez pas.

Salif, tu étais un garçon intelligent, tu avais de la profondeur, un esprit critique sur tout: le typique artiste qu'était le photographe qui sommeille en toi.

Alors que faisais-tu avec Elisa, sérieusement?

De quoi pouviez-vous discuter?

Que dis-je! Bien-sûr que l'ado que tu étais ne cherchais pas une copine avec qui discuter de la vie et ses mystères, non.

Pour presque tous les garçons de ton âge, comme tous ceux de la classe ou du lycée en général, elle était la fille parfaite.

La typique fille décrite dans les chroniques pour ados: belle avec un joli visage, de longs cheveux et de jolies formes contrastant avec sa taille fine: une vraie beauté.

Oui, elle était très jolie et le pire c'est qu'elle le savait.

Elle se prenait pour sa propre poupée, s'habillant parfois de manière effrontée et provocante, mettant indéniablement ses atouts en exergue, un tas de maquillage pour embellir son visage qui n'en n'avait même pas besoin en fait.

J'avais appris que vous aviez commencé à sortir ensemble quand vous étiez en seconde.

Que vous aviez même une fois été au sujet des potins du lycée par ce que lors d'une sortie de votre groupe, une vidéo de vous deux vous embrassant dans une chambre d'hôtel avait fuité et plusieurs élèves se l'étaient partagés sur les réseaux.

Mais les deux effrontés que vous étiez n'en aviez cure, j'ai même cru que vous aviez aimé ce bad buzz et que vous nous en avez par la suite servi des tas d'autres vidéos et photos de ce genre.

J'avais également appris que vous aviez cassé en première par ce qu'elle était sorti avec le plus jeune prof de l'époque et qu'après que ça s'est ébruité, ce dernier avait été viré et le couple Élisa Salif s'en est vu détruit.

Mais comme vous sembliez vous aimer, vous vous êtes remis ensemble en début d'année et tu avais tenu à ce que la relation reste secrète, peut-être parce que tu avais honte qu'on dise que tu étais retourné avec la fille qui t'avais fais cocu.
Ce que tu ne savais pas par contre; c'est qu'on était tous au courant Salif, lol.

Ainsi, suite au mot de ta copine, je me demandais ce dont elle voulait bien me parler.

Parce que tu m'avais déjà rapporté sa jalousie à l'égard de notre relation alors je me demandais si réellement elle comptait me faire des menaces comme dans les films pour me demander de te laisser tranquille.

Et alors que mon regard croisait ses grands yeux maquillés, un " bonjour" interrompu le cours.

C'était toi.

Tu étais en retard et madame Thiam t'avais savonné pour ça malgré que tu lui avais présenté ton billet d'entrer.

Elle t'avait par la suite demandé de joindre ta place et j'avais remarqué que tu me cherchais du regard vu que j'avais changé de place pour m'approcher de la fenêtre.

Je t'avais fais un discret signe de la main avec un sourire, heureuse de te voir.

Et c'est justement au moment où ton retard s'est posé sur moi, quand j'ai lu cette expression que je ne connaissais que trop bien sur ton visage, que j'ai su que tu étais au courant...

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