chapitre 13

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P.d.v. de Salif

"Mon objectif était de t'oublier.

Le mec pas bien en moi devait juste refaire surface et te zapper comme il le faisait avec toutes les filles qui ne l'intéressaient plus.

Il devait juste se dire que t'allais crever de toutes façons, que tu n'allais plus du tout exister alors il fallait juste anticiper.

Surtout que sa plus grande peur était d'être abandonné et par conséquent, il évitait de s'attacher.

Mais il ne l'a pas pu.

Il n'a pas pu se débarrasser de toi comme ça.

Chaque jour il se disait qu'il allait partir en cours et t'ignorer comme si vous n'aviez jamais été proches.

Il avait même pensé à profiter de cette situation pour officialiser sa liaison avec Élisa.

Il avait prévu de montrer des gestes d'affections à son égard pour que les rumeurs ne portent plus sur vous deux. Que tous oublie que vous avez été amis.

Il voulait simplement faire comme si tu n'existais plus, Matel.

Mais il ne le pouvait pas.

Parce que malheureusement pour lui, tu existais.

Tu existais Matel.

Tu étais certes mourante mais assez vivante pour ne pas qu'il soit capable de t'abandonner de la sorte.

Tu n'exprimais certes jamais tes sentiments mais je savais qu'en suivant mes plans, j'allais te détruire.

Hors je ne voulais pas ça , Matel.

Tu ne méritais pas ça.

J'étais certes un enfoiré de première mais bousiller le peu de temps qu'il te restait à vivre était bien au dessus de mes forces.

Alors ces deux semaines d'absence ont été un véritable combat entre le gars que j'étais et mon cœur.

Ce cœur qui te portait déjà en lui et qui n'était pas du tout résolu à t'abandonner.

Ce cœur qui s'était déjà brisé rien qu'en apprenant l'éventualité de ton départ mais qui s'était tout de même obstiné à te garder en lui.

Ce cœur m'avait dicté de te voir et te parler, te rassurer et te soutenir.

Parce qu'après que des amis, Élisa y compris m'avaient rapporté les propos du surveillant général concernant les absences non justifiées, j'étais obligé de me rendre en cours.

Bien-sûr il m'avait convoqué dans son bureau et avait réitéré les menaces de ne pas faire les évaluations et l'impact que ça aurait sur mon orientation si jamais j'avais le bac.

Ainsi je n'avais plus droit de m'absenter m'avait il dit et j'y réfléchissais quand je suis entré dans la classe.

Comme toujours je t'avais cherché du regard et voyant que tu n'étais pas présente, mon cœur avait raté un battement d'inquiétude.

Je n'avais pas hésité à demander après toi à Daba qui m'a rassuré que tu n'étais pas malade.

Elle m'avait ensuite confié que tu demandais après moi quand tu venais en cours, chose que mes amis m'avaient répété.

J'avais deviné ton désarroi alors javaus décidé de me rendre chez toi après les cours.

J'avais trouvé chez vous une femme qui te ressemblait beaucoup: ta mère qui a vite deviné mon prénom voulant dire que tu lui parlais de moi.

Elle m'avait confié que tu serais contente de me voir même si de mon côté j'étais convaincu que tu allais me rejeter.

Heureusement que non puisque contre toute attente, tu avais sauté dans mes bras.

Tu étais tellement contente de me voir que mon cœur s'en est serré de remords.

Je réalisais à cet instant à quel point j'étais mauvais.

Tu allais bientôt partir et au lieu de me comporter comme l'ami dont je me suis autoproclamé être pour toi, j'étais plus occupé à te pourrir le peu de temps qu'il te restait.

Et j'en avais honte.

Alors je n'avais rien dit.

J'avais juste profité de ce calin qui avait duré quelques minutes et que ta petite sœur avait interrompu parce qu'elle voulait savoir qui j'étais.

Cette gamine de dix ans te ressemblait déjà en caractère et son regard méfiant à mon égard montrait qu'elle cherchait à te protéger de moi.

Etait-elle au courant de ta maladie?

En tout cas, ta mère elle l'était.

Et sa tristesse se sentait dans le regard ému et mélancolique qu'elle te lançait à chaque fois qu'elle s'adressait à toi.

Parce que ce jour là, je suis resté jusqu'à l'heure du dîner dans votre maison.

On avait longuement parlé de tout et de rien puisqu'on voulait au maximum éviter le sujet. Juste que tu m'avais reproché de t'avoir lâché et que j'avais exprès changé de sujet.

Après on a un peu révisé parce que je t'ai expliqué ce que tu ne comprenais pas sur les nombres complexes et suite au délicieux dîner que nous avait servi ta mère; je suis rentré, le cœur beaucoup plus léger, quoique encore lourd.

Parce que si toi tu ne laissais rien transparaître, la tension chez toi te trahissait.

La tristesse constante sur le regard de ta génitrice et cet amour et complicité incroyable qu'il y'a entre toi et ta sœur suffisaient à briser un cœur.

Tu étais au centre de cette famille Matel, l'amour qu'ils te portaient était si immense qu'il se sentait à des kilomètres.

Tu étais leur rayon de soleil et imaginer l'éclipse que ta mort causerait à son sein m'avait mis la boule à la gorge."

Comme L'éclairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant