P.D.V. de Matel
On s'était rendu à ton appartement et au lieu de bosser tu m'avais dit avoir faim et que tu peinais donc à te concentrer.
Je me souviens que tu t'étais rendu dans la cuisine d'où tu étais revenu avec deux bols, une boîte de céréale du lait et deux paquets de chips sous prétexte que c'était tout ce qui restait comme nourriture et que tu devais penser à faire les courses juste après.
Ça avait suscité une certaine curiosité en moi Salif parce que je ne comprenais pas.
Je ne comprenais pas comment ça se faisait qu'un ado vive seul dans un appart sans ses parents.
Où étaient-ils? Que faisaient-ils comme boulot et pourquoi te donnaient-ils cette liberté?
Tu étais trop jeune pour vivre seul, même que je me demandais encore si ça se faisait qu'on accorde un contrat de location à un mineur...
D'accord, tu étais déjà majeur, mais tu devais l'être à peine et à voir comment tu étais à l'aise, je devinais que tu étais un habitué...
- Je ne savais pas que Tom et Jerry pouvait être si intéressant!
Avais-tu remarqué pensant que je regardais le dessin animé alors que j'étais plus perdue dans mes pensées que concentrée dans ce qui se déroulait sur le grand écran.
Je m'étais tourné vers toi pour te regarder très impliqué dans ton bol de céréale pour te répondre:
-J'aime beaucoup ce dessin animé mais j'avoue que j'étais un peu dans mes pensées.
- Hum...et tu pensais à quoi?
- Un tas de truc.
-Comme?
-D'accord! Je...ce n'est pas pour paraître indiscrète mais...je me demandais comment ça se faisait que tu vives seul ici.
Tu avais souris suite à ma question et avait continué à manger.
Et je commençais à cet instant à regretter mon interrogation quand tu m'as sorti, le regard toujours dans ce que tu mangeais:
-J'ai une proposition à te faire.
-Encore?
- Ouais!
-Laquelle?
- Je réponds à ta question et toi tu réponds à la mienne, après on pourrait en faire un jeu: genre action ou vérité mais sans action. Ça te branche?
-Euh...si mais après notre devoir?
-J'ai déjà fais le devoir. Je te montre après tu verras pour la correction. Alors?
-D'accord. Je commence: enfin, j'ai déjà posé la question. Pourquoi tu vis ici?
- Je ne vis pas vraiment ici.
- Ah oui, et tu vis où?
-C'est à mon tour de poser une question.
-Pff, ok vas y!
- Pourquoi t'es comme t'es? Je veux dire pourquoi tu t'isoles tout le temps?
-Parce que j'aime la solitude.
T'avais-je répondu pour renchérir:
-A moi. Où est ce que tu vis?
-Chez mes parents khana. Ici ce n'est pas chez moi, c'est chez Babacar. Ses parents l'ont pris pour nous après qu'il ait eu son bac et comme entre la fac et le temps qu'il passe chez sa mère, il n'a plus le temps de venir ici, on a plus l'impression que j'y vis seul alors que ce n'est pas le cas. T'es contente?
-Voilà qui explique tout. Mais alors, tes parents, ils ne trouvent pas d'inconvénients à ce que tu passes autant de temps dehors?
- Non. Ils connaissent la mère de babacar et ils savent que c'est comme la mienne. Et mieux je dors presque toujours chez eux, qu'importe le temps que je passe ici.
- Ok à toi!
- Pourquoi tu aimes garder le mystère autour de toi?
-Moi je ne trouve pas qu'il y'a quelque chose de mystérieux chez moi, Salif!
-Sérieux? Personne ne sait jamais rien de toi tu es comme une fantôme dans la classe, Matel.
-Parce que personne ne me demande jamais rien sur moi, c'est simple comme bonjour.
- Ok alors je vais faire cliché et te demander...Euh...quel est ton rêve par exemple.
-Grandir.
Tu avais ris. Tu n'avais pas vraiment saisi le sens de ce mot pour moi.
Tu pensais que je rigolais et à partir de là, notre jeu qui était sensé être sérieux était devenu du n'importe quoi.
Tu veux entendre la vérité? Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ris.
On sortait des sottises les plus atypiques et on découvrait qu'on avait à peu près le même sens de l'humour pourri.
Après ça on s'était fait un film après nous être presque battu pour choisir entre mon Disney préféré et ton dernier Marvel avant de finalement nous entendre sur un film d'action qu'on a bien aimé et quand l'heure pour moi de rentrer s'était approché, tu m'avais montré le travail que tu avais fais et crois-moi j'ai été surpris par ton niveau de français.
Il n'y avait presque aucune correction à faire, après tout tu semblais maîtriser le sujet bien mieux que moi et je découvrais ce jour que derrière l'étiquette du play boy qu'on t'avait collé se cachait un garçon bien plus intelligent qu'il ne voulait laisser paraître.
