P.D.V. de Matel
L'éclair est une lumière intense qui peut surgir aucours des orages sombres et froides.
Elle devient ainsi une source de clarté jaillissant au beau milieu de l'obscurité.
Mais malheureusement, elle est briève.
Cette soirée fut la plus belle de toute mon existence, Salif.
De toute ma vie, je ne me souviens pas m'être autant amusée.
Mais je m'étais également trop dépensée.
Et la nuit suivante, j'avais fais une crise pour me retrouver à l'hôpital, encore!
Et j'y suis restée un bon bout de temps.
Tu es passé me voir chaque jour durant, malgré que le bac approchait à très grand pas et que tu prenais beaucoup de temps à réviser.
Et j'avais commencé à m'y mettre moi aussi, quoique petit à petit.
Je suis sortie de l'hôpital une semaine après et je ne suis plus allée en cours.
De toutes façons, presque tous les profs avaient terminé leur programmes donc les révisions se faisaient à domicile.
Pour ma part, j'y allais à mon rythme puisque ma mère me surveillait pour ne pas que je me fatigue trop.
Mais je révisais tout de même.
Et parfois je recevais les visites des camarades.
Les filles passaient presque chaque semaine et toi, chaque jour parce qu'on révisait toujours ensemble.
A ce propos, je ne sais pas si je te l'ai dis mais avec Élisa, on s'était réconciliées également.
Elle est passée avec les autres un jour et quand je lui ai demandé ce pourquoi elle m'avait laissé gagné, elle m'a rapporté être touché par la scène de l'accolade avec ma mère et ma sœur qui, innocemment, rigolait tout en me fixant avec des yeux emplis d'admiration, ne cessant de me crier que j'étais la plus belle.
Ce jour là, j'avais découvert ce pourquoi vous étiez ensemble: vous aviez quelque chose en commun.
Et c'était le fait que vous n'étiez pas aussi superficiels que vous ne laissiez croire parce que moi j'aurai juré que c'était toi qui lui avais demandé de me laisser le diadème.
Mais bon, après ce passage, les visites, les révisions, vint enfin le bac.
Je me souviens qu'au premier jour, tu étais passé me prendre très tôt et c'est finalement ma mère qui nous avait déposé avec sa voiture vue que tu n'avais plus ta moto: je ne te voyais plus avec et n'ai eu l'occasion de te demander le pourquoi du comment.
J'étais soulagée de trouver que les épreuves étaient abordables et j'ai vu tout au long de cette journée un sourire de confiance se dessiner sur tes lèvres.
On avait commenté les exercices en route et bien que pour ta part, tu n'avais presque pas commis de faute, moi, j'étais soulagée de me dire que j'allais peut être avoir la moyenne.
Et le même scénario s'est déroulé avec toutes les épreuves.
Et te rappelles-tu de comment on se sentait vide juste après? Parce que nos journées n'étaient soudainement plus occupées par les révisions.
Donc on les passait ensemble à glander devant la télé ou à jouer à des jeux de sociétés surtout que la plupart de nos camarades passaient me rendre visite.
Et c'était très émouvant de tous vous voir, tenaillés par la peur des résultats qui allaient bientôt sortir mais aussi également engagé pour me tenir compagnie et m'accompagner dans ces moments de stress et de solitude puisque je n'avais plus le droit de sortir ou trop me dispenser, ma maladie gagnait trop du terrain.
Mais je l'oubliai presque.
A la veille des proclamations des résultats, tu etais rentré plutard que d'habitude. Tu m'avais confié que tu stressait trop et je me rappelle encore de tes mots:
- Si je le rate cette fois-ci, j'abandonne.
-Il n'y a même pas de chance que tu le rates Salif!
T'avais-je répondu car j'étais certaine que tu allais même avoir la mention.
Au jour J, je ne suis pas allée prendre les résultats.
J'avais exprès pris mes somnifères pour dormir et me passer de ce stress.
Je m'étais réveillée aux abords de dix huit heures et après ma douche et mes prières, je n'avais même plus la force de manger.
J'étais particulièrement faible mais ai tout de même pris le soin d'allumer mon portable, pour de suite sauter et crier des messages de félicitations de presque tout le monde; je l'avais finalement eu: mon bac.
J'avais réussi, Salif.
Et c'était en partie grâce à toi.
Tu m'avais aidé à atteindre mes objectifs et j'étais désormais sûre de pouvoir mourir en paix.
J'avais donc tenté de te joindre mais comme tu n'avais pas répondu, j'avais commencé à m'inquiéter.
Tu m'avais laissé deux messages vocaux et avant que je n'aie le temps de les consulter, ma mère qui était venue me féliciter dans ma chambre m'avait dit que tu étais passé mais que je dormais.
Elle m'avait également fait part de ton échec, chose que je ne croyais simplement pas.
Parce que dans tous les exercices du bac, tu avais assuré et je savais ce dont je parlais puisqu'on avait tout refais ensemble. Tu devais avoir une plus grande note que moi sur tout donc si je l'avais, ce bac, forcément, tu l'avais toi aussi.
J'avais expliqué cette situation à ma mère et j'étais tellement agitée, tellement attristé pour toi, qu'elle m'avait d'abord confisqué mon portable pour ensuite me rassurer qu'elle passerait le lendemain pour en discuter avec le président du jury.
J'avais insisté pour qu'elle m'amène te voir vu que tu ne répondais pas au téléphone et qu'il fallait que je te parle, que je te rassure que tout ceci n'était qu'une erreur et qu'elle allait tout faire pour arranger ça mais elle avait refusé.
Pire, face à mon agitation, elle a été contrainte de me faire reprendre des somnifères qui m'ont fait dormir jusqu'au lendemain.
Je me souviens m'être réveillée et tomber sur son sourire soulagée et soulageant.
Parce que tu l'a eu.
Ma mère m'a expliqué qu'elle avait pu s'entretenir avec le président du jury et qu'effectivement il y'a eu erreur sur ton compte.
En lisant au moment des proclamations, il avait inopinément sauté ton numéro mais en réalité, tu avais décroché ce bac avec la mention bien ce qui m'avait tellement enchantée que j'en avais pleuré de joie.
Décidée à t'annoncer moi-même la nouvelle, j'ai pu convaincre ma mère de me déposer à ton appartement.
Là bas, j'avais sonné plusieurs fois mais comme tu ne répondais pas, j'avais tenté de te joindre et je me souviens encore de mon soupir de soulagement quand enfin tu as fini par décrocher.
Mais malheureusement, je n'ai point eu l'occasion de te parler, ni même d'entendre le son de ta voix.
Le bac, le stress des résultats, le stress pour toi, et les doses de somnifères de trop ont eu raison de moi...