chapitre 15

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P.D.V. de Matel

"Ton entêtement avait fini par me convaincre.

Tu étais tellement têtu, je dirai même que tu étais un obstiné.

Mais au bout du compte, tu étais arrivé à me faire poser la question de savoir pourquoi pas.

Pourquoi ne pas tenter, pourquoi ne pas essayer.

Après tout je n'avais rien à perdre et ça avait l'air de te tenir à cœur, tout comme ça avait l'air d'exciter ma petite sœur.

Et ce dont je m'attendais le moins, c'était que toute la classe me l'ait demandé.

Je ne savais pas comment tu t'y étais pris mais tu étais arrivé à leur convaincre d'attendre la fin du cours de chimie pour que le responsable appelle à une réunion au cours de laquelle il leur a expliqué sa volonté de me voir sur le podium.

Volonté à laquelle tout le monde avait adhéré m'incitant à accepter en chantant en chœur mon prénom avec des applaudissements....comment pouvais-je refuser?

Parce que j'avais compris que pour eux, c'était un moyen de me soutenir dans ma maladie, de m'aider à au moins marquer mon empreinte sur cette vie avant de partir alors oui, j'avais accepté.

Et je ne l'ai jamais regretté, au contraire.

Tu sais, depuis la seconde, je n'avais jamais vu mes camarades aussi impliqué dans les journées culturelles que cette année là.

Ils ont tenu à cotiser pour m'aider à la préparer et à partir de ce jour, je n'avais pas d'autre choix que de me socialiser.

Les filles m'appelaient régulièrement en réunion pour discuter de ce que je devais porter, de comment je devais me coiffer, de quel discours je devais tenir...

Savais-tu que tu avais réussi à créer une certaine entente entre nous toutes?

Parce que d'habitude, même si on ne se prenait pas tout le temps la tête, on ne s'entendait pas aussi bien que ça tu sais.

Je veux dire nous entendre au point de prendre des week-end pour toutes faire des boutiques ensemble, partager un café ensemble, discuter, être en plein délire....

C'était la première fois que j'apprenais à les connaître et je savais que c'était vice versa.

Une ambiance de dingue régnait désormais dans la classe et c'était à cause de toi, Salif.

Je m'amusais tellement que je ne m'étais pas rendu compte du temps qui passait. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais commencé à régulièrement aller en cours et je ne m'étais pas rendu compte que mes crises s'étaient rarifiés...

Jusqu'à ce qu'on soit exactement à deux mois des événements soit en fin d'année.

Le bac était déjà là et entre tout ce tohu bohu plus les révisions du second semestre, une violente crise m'avait cloué au lit et même conduit à l'hôpital où j'ai été interné pendant trois jours juste après les secondes compositions.

Ma maladie me rappelait ainsi sa présence et je n'oublierai pas ma tristesse de ce jour où j'étais dans ma chambre d'hôpital.

J'essayais difficilement de cacher ma tristesse à ma petite sœur qui, allongée juste à mes côtés, me lisait son histoire préféré comme à chaque fois que j'étais clouée au lit.

J'étais triste parce que pour la première fois, je sentais l'incertitude me gagner.

Je me sentais faible, je sentais ma force me quitter petit à petit et au fond de moi, j'avais la nette impression que mon heure était proche.

J'étais certaine que je n'allais pas tenir jusqu'au jour de la compétition encore moins à la délibération du bac.

Je me sentais déjà mal de la déception que j'allais causer à la classe qui comptais sur moi et avec qui je m'étais tant rapproché, sans parler de toi, Salif.

Mais tu sais ce qu'il s'est passé ce jour là? Tu étais venu.

Tu avais timidement toqué à la porte pour te présenter devant moi et je n'avais pu m'empêcher de rigoler en te voyant avec un bouquet de fleur.

Je t'avais charié sur le fait que tu me rappelais les gars dans ces films à l'eau de rose juste pour ne pas que tu réalises à quel point j'étais mal au fond de moi mais tu l'as tout de même deviné.

Quand ma mère était venu chercher ma petite sœur pour l'amener chez sa copine qui la gardait le temps qu'on soit à l'hôpital, tu me l'as fait remarquer.

Alors je t'avais brièvement fais part de mon ressenti.

Tu étais arrivé à me convaincre que j'avais tout faux, que j'allais m'en remettre, que j'irai à la compétition, que je la gagnerai, tu es même allé jusqu'à me promettre que j'allais obtenir mon bac et qu'ensemble nous irions à l'université.

Tu étais tellement optimiste!

"- Tu es de loin la fille la plus forte que je connaisse, Matel. Je suis certain que tu arriveras à résister plus longtemps que tu ne peux l'imaginer, tu verras. Tu réaliseras tous tes rêves, j'en suis sûr!"

M'avais-tu dis.
J'avais rigolé par ce que je n'y croyais pas trop.

Toutefois, j'avais fais semblant, pour te faire plaisir.

Puis tu m'avais dis avoir une surprise pour moi.

Tu avais ensuite sorti ton portable et lancé un appel vidéo: l'appel le plus émouvant de ma vie puisque toute la classe était là. Ils étaient juste devant l'hôpital et comme on leur avait interdit l'accès au vu de leur nombre, ils ont tenu à me témoigner de tout leur soutien depuis les portes de l'établissement.

Je me souviens que j'étais tellement émue que j'avais pleuré comme une madeleine.

Comme L'éclairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant