chapitre VII

196 18 1
                                    

K R I S T E N

Je pense avoir passé une bonne partie de la matinée sur ce banc. Mes pensées défilent de tout à rien en un millième de seconde et j'aurais aimé trouver un bouton off pour ne plus réfléchir. Ne plus songer à l'avenir qui allait devenir le mien. Un avenir que je ne veux pas.


Les larmes ont longtemps coulé et je me suis remerciée de ne pas m'être maquillée ce matin. Edgar est resté avec moi un moment, dans le silence. Qu'est-ce qu'il aurait pu dire de toute manière ? Qu'est-ce que l'on raconte à une personne à qui on piétine les chances de réussite ou encore les rêves ? Je ne l'avouerai pas à voix haute mais la présence du prince cadet m'a un peu réconfortée. Je n'avais pas envie de me retrouver seule face à mes démons. Je n'aime pas être seule.


Je n'ai jamais eu beaucoup d'ami. Malgré tout j'ai toujours pou compter sur mon entourage et cela malgré mon différend de longue haleine avec mon père. Et il y avait la famille de Nathan qui m'a accueillie comme si j'étais leur fille. Je me souviendrais toujours du boeuf bourguignon que j'ai élu le plat le plus réconfortant - ils l'ont même inscrit sur leur carte et c'est devenu le plat le plus commandé depuis. Mais c'est surtout leur fils, qui a été un pilier. Un ami cher dans un premier temps puis un amant précieux et merveilleux. Il sera à jamais mon premier grand amour et je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour qu'il réalise ses rêves, comme il m'a soutenu pour que je réalise les miens.


Lorsque je décide de me lever pour rejoindre ma chambre, je remarque Ingrid qui m'attend à côté de la porte vitrée. Je n'avais même pas senti sa présence. Ma dame de compagnie baisse la tête avant de me guider vers mes appartements. J'en profite pour repérer des tableaux ou encore des statues pour me créer un plan mental. Quand les portes se refermèrent derrière moi, mon téléphone se met à vibrer.


Nathan.


— Bon dieu, tu devais m'appeler et m'envoyer un message quand tu étais arrivé chez mamie ! je lui reproche.

— Je sais, je suis désolé... Mais avec les évènements, je savais pas si tu avais toujours ton téléphone sur toi. Et je me suis endormi. Mais comment tu vas et où es-tu ?

— Je suis en Écosse dans un de leur château. Et non rien ne va. J'ai essayé de m'enfuir mais j'ai l'impression que mes gestes sont épiés. Viens me sauver, je t'en supplie, je pleurniche.

— Je vais tout faire pour mais ça va être compliqué si tu ne sais même pas où tu es. Si jamais des sorties sont organisées, envoie-moi un message avec les lieux précis.

— D'accord. Jure-moi de m'aider à me sortir de là. Je ne vais pas tenir longtemps.


Je dois lui raccrocher au nez quand Ingrid rentre dans la chambre. Cette dernière a encore le verre d'eau dans les mains. Sa gentillesse et sa bienveillance ne sont donc pas surfaites. Je termine le verre pendant que la femme reste droite comme un piquet devant la porte comme si elle attendait que je lui donne la parole.


— Sa majesté vous demande. Il dit qu'il a des informations urgentes à vous communiquer.

— Je ne veux pas.

— Ça j'en ai conscience. Mais je ne pense pas que vous apprécierez si c'est le prince Achille qui vient vous chercher, s'amuse Ingrid.


GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant