Chapitre II

293 28 6
                                    

K R I S T E N

18h43. Plus que 17 minutes avant que Nathan commence son service. Même si je vis dans la même ville que lui et à quelques stations de métro de distance, j'ai souvent l'impression d'entretenir une relation longue distance. Entre mes études et son travail, nous trouvons rarement du temps pour nous retrouver et profiter. Mais je sais que nos sacrifices ne sont pas vains. Nathan économise chaque centime pour louer un appartement pour nous permettre de commencer notre vie ensemble. Les minutes défilent aussi vite que les secondes et le réveil de Nathan ne tarde pas à nous rappeler que nous devons nous dire au revoir.

— Tu es sûre que tu ne veux pas appeler Uber ? Presque toutes les rues sont remplies de vampires ou alors de filles assez stupides qui espèrent voir les princes.

— Oui, ça ira. Il fait à peine nuit et le métro est au bout de la rue.

— Envoie moi un message alors. Je ne suis pas rassuré avec toutes ces bêtes.

— Promis.

J'embrasse mon petit ami une dernière fois avant de descendre les escaliers. Mais c'était sans compter sur Nathan qui m'attire dans ses bras une dernière fois.

J'ai pas envie de partir.

— Je veux pas qu'il t'arrive encore quelque chose.

Bien que je connaisse ce quartier et ces rues comme ma poche, je ne suis pas rassurée. LEs mains enfoncées dans mes poches, mes doigts caressent le métal froid et ses bord anguleux du couteau en argent. Encore un cadeau de mon père trop protecteur. L'arme ne peut pas tuer un vampire mais il fait plutôt effet de placebo pour mon unique parent. La musique dans les oreilles, je ne fais plus attention à ce qui m'entoure et me laisse bercer par les notes. Je me mets même à fredonner quand je vois que la rue est vide et que seule la lune est ma spectatrice. Cependant, cela ne suffit pas pour effacer la sensation qui me suit depuis ce matin. Alors que le manque de population ne me dérangeait pas il y a une minute, il m'oppresse à présent. Mes jambes accélèrent et mon cœur saute de joie quand je remarque la lumière du métro. Mais j'aurai dû savoir que rien n'était aussi simple quand un vampire arrive sur ma gauche.

— C'est pas malin de rester seule, ma jolie. Tu veux que je te conduise dans un endroit sûr ?

— Non merci.

— Tu vas déjà quelque part ? insiste le trou du cul à côté de moi.

— Je crois qu'elle vient de te dire non, sale con.

Je reconnais la voix instantanément. Une voix familière qui m'a déchiré les tympans toute la journée malgré mon silence ou mes demandes très peu polies pour qu'il sorte de ma vie. Connor passe son bras autour de mes épaules, le regard menaçant sur le vampire qui vient de m'accoster. Un frisson me glace la colonne vertébrale quand je m'attarde sur les yeux de Connor. Le temps d'un instant, j'avais oublié qui il était mais ses iris écarlates me le rappellent. L'agresseur s'excuse en faisant demi-tour et marmonne en s'enfuyant. Je suis encore sous le choc que je me rends à peine compte que Connor est face à moi en train de m'inspecter. Ses deux mains s'approchent de mon cou et c'est à ce moment-là que je le bloque. Bien que ses yeux trahissent une légère inquiétude et que des milliers de pensées ou questions semblent faire débat dans sa tête, je refuse qu'il regarde mon cou.

— Ne me touche pas.

— Es-tu totalement inconsciente ou alors juste stupide ? s'exclame Connor.

— Je te demande pardon ?

— Qu'est-ce que tu fiches ici ?

—Et toi ?

Connor se pass la main dans les cheveux pour exprimer son agacement. Surement en train de pester contre mon entêtement - comme le font toutes les personnes qui me côtoient.

— Je vis dans le quartier. Tu ne devrais pas être là, ça grouille de vampires depuis quelques jours.

—Depuis que vos princes sont là, oui. À croire que vos majestés aient eu envie de faire de ce lieu leur nouveau buffet à volonté.

— Arrête de dire des conneries et suis moi, je te ramène chez ton père.

Je ne lui ai jamais parlé de ma vie. Comment peut-il bien être au courant de où et avec qui je vis ? Le vampire me prend par le poignet pour me tirer vers sa voiture alors que je proteste. Malgré mes protestations, je finis par négocier qu'il a juste à me conduire à la station de métro mais sa manière de me regarder, me rappelle le rapport de force actuel. Il ouvre la porte de son Audi - papa serait fou de voir cette voiture - et je m'installe sur le siège passager. Car il faut le dire, je n'avais pas envie de le contredire quand j'ai pu voir sa vraie nature ressortir. Il est plus menaçant que les vampires qui ont croisé mon chemin. L'étudiant inoffensif qui me parlait n'est qu'un terrible prédateur le soir. Mon regard rivé sur ma main gauche, je cache mon sceau qui me semble être le résultat d'un gribouillis d'enfant à côté du sien, si détaillé. Comme si au travers de cette cicatrice, les vampires veulent montrer la supériorité qu'ils exercent sur leurs proies.

L U I

Bien que ma lecture soit intéressante, je ne peux m'empêcher de penser à mon ami que j'ai envoyé dans les rues de la capitale, il y a bientôt quarante minutes. S'il n'est pas de retour dans les 10 prochaines minutes je vais devoir partir à sa recherche et c'est un risque que je veux pas prendre pour le moment. J'ai besoin de plus d'informations avant qu'elle me voit. Plongé dans mes pensées, le grincement de la porte de mon bureau m'en sors à peine quand Connor est enfin de retour, avec son éternel sourire malicieux sur les lèvres quand les choses la concernent. Mais ce sourire me rassure. Elle va bien et le vampire ne l'a pas touché.

— Je devais avoir ma soirée, tu m'en dois une.

— Ce n'était pas prévu.

Et c'est vrai, je n'avais pas prévu de sortir la surveiller une nouvelle fois mais il fait nuit et son odeur est venue chatouiller mes narines. Quand ce vampire mal intentionné avait attendu dans une ruelle pour la coincer, j'ai immédiatement appelé Connor pour qu'il intervienne.

— Il faudra penser à sortir de l'ombre un moment donné, me taquine Connor

— J'attends le bon moment.

— Toujours la même excuse.


---

Merci pour votre lecture 😊

☀️-R

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant