Chapitre XI

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K R I S T E N

Les rayons de soleil éclairent la chambre et se reflètent contre les miroirs sans oublier de passer juste au niveau de ma tête. Je tire la couette pour me couvrir et limiter la propagation de mon mal de tête.

Qui utilise encore des briques pour assommer des personnes ?

Je râle en poussant sur mes bras pour me lever et grogne encore plus quand je vois le sang sur la taie d'oreiller.

Merde, faut que je change mon pansement.

Je me force à me lever et quand je passe devant le miroir, je constate que je porte toujours les vêtements de la veille. Je prends des affaires au hasard dans ma valise et pars vers la salle de bain. Assise sur le rebord de la baignoire, la peau toujours humide, je galère à enfiler le bas, sans toucher à mes bleus et autres égratignures. Je n'aurais jamais pensé qu'enfiler un jean pouvait faire aussi mal. C'est à ce moment-là qu'Achille entre. De nouveau lui-même. Propre, avec ses cheveux coiffés, sans traces de sang et surtout avec ses iris verts. Je le détaille de la tête aux pieds et je remarque qu'il en fait de même.

— Tourne-toi pervers.

— Comment vont tes blessures ?

— La plaie s'est rouverte faut que j'aille me désinfecter.

Achille s'approche et étudie le pansement. Il me surplombe de sa taille, si bien que je dois lever la tête pour le voir. De drôles de vagues rouges dansent dans ses yeux.

— Tu veux goûter ?

Oups, question interdite.

Achille quitte la pièce en aboyant que je dois me dépêcher car je rentre en Écosse avec lui. Une partie de moi est soulagée mais l'autre triste de ne pas découvrir la ville ou de retenter une fuite avec Nathan dans les parages. Je cherche mon téléphone et m'attend à un message de ce dernier. J'essaye de balayer cette déception de voir qu'il n'a jamais essayé de me joindre en envoyant un.

Je rentre en Écosse. J'espère que tu vas bien et que l'on ne t'a pas fait du mal durant l'émeute. Je t'aime...

Je trouve une trousse de secours avant de mettre en pratique mes cours de médecine. Je grimace quand je tire sur le pansement sale et je vois pour la première fois l'étendue des dégâts.

— Il n'y est pas allé de main morte. Je suis à la limite des points de suture.

Le désinfectant me brûle et je n'arrête pas de chouiner quand je pose la compresse sur ma tempe. Un florilège d'insultes passe la barrière de mes lèvres mais un petit rire me déconcentre.

— C'est pas un langage pour une princesse, se moque Connor.

— J'aimerais t'y voir, je peste tout en tamponnant la plaie. Ça fait un mal de chien.

— J'ai été poignardé mademoiselle.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je lâche toutes les affaires pour inspecter le corps de mon ami. Son torse vibre encore plus quand il me montre une minuscule cicatrice.

— C'est pas leurs petites armes de merde qui allaient me faire mal. J'ai connu pire.

Je me demande bien ce qu'il a pu vivre pour dire ça. Avant que je ne puisse lui poser la question, un majordome vient nous chercher pour nous prévenir que le prince n'attend que nous pour partir. Connor râle car il ne nous a laissé qu'une demie-heure. Les sacs dans les mains, je me rends compte que Meghan et Edgar ne sont plus là. Dommage, j'aurais aimé leur dire au revoir.

***

Cela fait cinq jours que je suis de retour en Écosse dans ce château qui me sert de prison. Ingrid m'a réservé un accueil des plus chaleureux en répondant à toutes mes demandes. Mes blessures sont devenues de vilaines croutes disgracieuses et mes ecchymoses sont à présent vertes et jaunes. Et même si Meghan m'envoie des cours et comptes rendus à faire, j'ai réussi à les boucler rapidement, ce qui fait que je m'ennuie à mourir.

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant