Épilogue

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K R I S T E N


Contrairement aux recommandations de Meghan et Christian, nous avons laissé le temps à Isabelle et Tate pour se marier et le choix de la date du couronnement. Mon gendre a maintenant 28 ans et est en train de se préparer pour prendre ma relève. Quant à moi, je retiens comme je peux mes larmes alors que ma fille se fait coiffer. J'ai insisté pour que ce soit Ingrid qui s'en charge et j'ai eu raison.

Ma perle est sublime.

Ses cheveux bouclés sont disciplinés et tressés. Ma dame de compagnie finit par nous laisser seules et j'aide Isabelle à enfiler sa robe. Alors que je boutonne et lace son corset de sa robe bordeaux, mes larmes n'arrivent plus à rester derrière mes paupières quand je glisse ses gants sur ses bras. Isabelle attrape mes mains et les serre de toute sa force. La future gardienne à la tête baissée et je lui relève le menton et constate qu'elle est dans le même état que moi. Ses larmes sont salées quand j'embrasse le dessous de ses yeux.

— Ne ruine pas ton maquillage.

— Tu étais comment avant ton couronnement ?

— À l'article de la mort.

Nous rions d'une même voix. Si on regarde la scène de l'extérieur, on pourrait penser que nous sommes deux sœurs et pourtant je n'ai jamais autant ressenti le poids de mes 304 années. Isabelle reprend un air sérieux en me demandant si elle peut poser sa main sur ma joue. J'accepte et je sens la chaleur de la paume de ma fille au travers la dentelle de son gant.

— Je m'y entraîne depuis un moment. Tate a été mon cobaye, il a failli demander le divorce, s'esclaffe Isabelle.

Je ne comprends pas le sens de ses mots avant que l'air ne change et que je découvre le monde des yeux de ma fille. En un instant, je me vois le jour de sa naissance et je ressens les émotions de ce bébé que je tiens dans les bras.

De l'amour avec un fond de panique.

Peu de temps après, je m'aperçois aux côtés d'Achille, assise sur le sol les bras tendus tandis que je devine revivre les premiers pas de ma fille quand le point de vue tangue et se renverse. Mes oreilles sont bercées par les rires de mon époux et les pleurs de ma fille.

Ma perle me fait revivre tous les moments précieux de sa vie.

Mais pas que, je ressens toutes les émotions qui ont pu la traverser. L'amour pour ses frères à leur naissance et la joie qu'elle éprouvait en jouant avec eux. L'amour et l'admiration pour nous, ses parents, quand nous dansions. La colère qu'elle ressent quand je me dispute avec elle. Un mélange de nostalgie, d'amour et de fierté quand Richard a épousé la fille de Louise. L'appréhension la nuit où Tate est venu à elle mais aussi son amour quand elle lui a dit OUI.

Quand je pense que ce magnifique spectacle fini, je me vois maintenant, devant ma fille et les émotions qui me traversent me font encore plus pleurer qu'à mes deux accouchements réunis.

— Merci, maman. Pour tout et encore c'est pas assez.


***


Mes pleurs ne se calment pas quand Achille me berce en me rabâchant que je suis en train de ruiner mon maquillage. Je lui raconte le cadeau d'Isabelle et je sais qu'elle a dû faire la même chose avec lui.

— Je crois que je ne t'ai jamais remercié pour tout ce que tu as fait pour moi depuis toutes ces années. Quand nous sommes allés en Polynésie française tu m'as fait te promettre de te pardonner pour nos débuts chaotiques. Mais je crois que si j'avais la possibilité de changer les choses, je le ferais pas. Parce que ce sont grâce à toutes nos erreurs et à nos épreuves que j'ai pu devenir celle que je suis aujourd'hui. Alors merci Achille. Merci de m'avoir offert une vie fabuleuse. Merci de m'avoir offert un foyer. Merci d'avoir fait entrer dans ma vie Connor. Merci pour nos magnifiques enfants. Merci pour ton amour éternel. Je veux qu'on vive encore des centaines d'années. Qu'on décide de partir comme tes grands-parents après qu'on soit devenus des arrières grand-parents comblés. Je veux continuer de t'aimer encore et encore jusqu'à ce que j'ai besoin qu'on m'arrache le cœur parce qu'il est trop rempli et je...

Je ne peux pas finir ma phrase qu'Achille m'embrasse passionnément. Il n'a pas envie d'utiliser les mots et je le comprends, nous allons avoir l'air de quoi si nous continuons à pleurer pour le couronnement.

Ce ne serait pas très royal.

— Je t'aime aussi, ma gardienne.

GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant